Lotfi Laâmari, rédacteur en chef du journal Réalités dans sa version arabe et chroniqueur dans l'émission culturelle «Bila Moujamala», produite et diffusée sur Hannibal TV, vient de publier un livre en langue arabe Cholestérol de 208 pages dans lequel il a réuni un ensemble d'articles parus déjà dans Réalités et traitant de sujets d'actualité depuis la révolution du 14 janvier 2011 jusqu'au 14 janvier 2012. Ce soir, il dédicace son nouveau-né à l'espace culturel la Marquise-Cité Jamil Ceci n'est pas un livre, nous dit d'emblée Lotfi Laâmari qui ne prétend pas être écrivain. Les articles ou les éditos qu'il a écrits pour son journal sont le miroir réflecteur de la scène politique après 23 ans d'un régime policier qui a muselé la presse et empêché toute tentative d'expression libre. Des articles fondés sur une lecture personnelle de la situation du pays depuis le déclenchement de la révolution jusqu'à l'institution de la Constituante. Des articles que leur auteur veut dénuer de matières transes et surtout loin de toute démagogie. Le mot acerbe, bien aiguisé et ciblé, Lotfi Laâmari tire au flanc sur tout ce qui bouge et ne craint pas de mettre la classe politique à dos. Beaucoup aiment son franc-parler tandis que d'autres trouvent qu'il affiche une prétention sans limite. Mais il est clair qu'il continue à se gargariser de cette boisson plus amère que pétillante qu'est la politique. On le pense sincère, mais c'est surtout son bon sens qui plaît. Et avoir du bon sens de nos jours est plutôt rare sans compter qu'il dispose d'une vaste culture. Il a l'œil et l'ouïe sur tout ce qui touche à l'actualité politique, économique, sociale, artistique ou sportive. Son avis compte autant que le bon sens qui le caractérise. L'homme au costume noir, ainsi il apparaît dans son style vestimentaire, interroge les événements, révèle des secrets sur le déclin du régime déchu, fait parler la gouvernante du palais de Carthage, se moque de ceux qui donnent des leçons particulières sur la révolution, revient sur le soir du 7 novembre 1987 en interviewant le directeur de la garde présidentielle, relate l'histoire des immigrés clandestins vers l'Italie, décrit le paysage politique après le totalitarisme du parti unique, apporte son témoignage sur les élections du 23 octobre, etc. Toujours avec la même dérision, il continue à fustiger les prétendants au pouvoir ou ceux qui cherchent à s'agripper à une chaise. Il arrive même à semer la panique par des déclarations houleuses. Les caresses dans le sens de poils, les gants de velours, ce n'est pas son fort. Lui, c'est plutôt le massacre à la tronçonneuse, le saucissonnage et les seringues qu'il affectionne pour éveiller la conscience des gens, leur ouvrir les yeux sur ceux qui peuvent les hypnotiser. Lotfi Laâmari ne se prend pas au sérieux même si ce qu'il écrit est important. Il prend soin de marquer une distance entre lui et les événements sans se défaire d'un certain humour qui caractérise le Keffois qu'il est. C'est ainsi que témoin de son époque, il s'exprime sur tout ce qui l'entoure et touche le commun des mortels. Bienvenue à Lotfi Laâmari au cercle des non-écrivains dont la prétention est plus journalistique que littéraire. Ceux qui ont raté ou veulent découvrir les éditos de notre collègue Laâmari peuvent se procurer le livre.