Le blé qui lève, les choix porteurs de l'ASM et la formation continue ont confirmé cette professionnalisation d'une pratique sportive qui se décline au pluriel, tant semblent disparates les approches de la majorité des associations sportives. Les puristes sont unanimes. Cette année, l'ASM est une machine à gagner. Les raisons de cette réussite sont connues de tous : continuité à la tête du club, recrutement soigneusement ciblé, humilité rarement prise en défaut et remise en question permanente. Il y a cependant une dernière explication qu'on néglige trop souvent. Antérieurement, et à l'heure de réaliser le saut qualitatif tant attendu (jouer les premiers rôles), les «Canaris» sont passés en mode compétiteur sans aucun complexe (mental fort), n'hésitant pas à revoir leurs ambitions offensives et à y croire tout simplement. Résultat des courses, les banlieusards pointent parmi le peloton de tête tout en alliant les résultats à la manière. Certes, le technicien Gérard Buscher a su tirer le meilleur d'un effectif perfectible. Mais force est de constater qu'il a su garder son groupe sur le qui-vive, réguler la motivation tantôt, et surtout, appréhender les challenges avec sérénité et confiance. Cela a créé une alchimie de groupe et une cohésion qui n'a pas manqué de hisser l'ASM au palier supérieur. L'appétit vient en mangeant Fringants, les gars du Saf-Saf n'en sont pas pour autant rassasiés. On peut certes apprécier la «férocité» des combats livrés face à de grosses écuries. Mais au final, c'est l'état d'esprit conjugué au talent de certains qui a fait la différence. La vivacité de l'ex-Cabiste, Fady Hmizi sur le couloir droit. La prestance de l'international Boulâabi dans l'axe de la défense. La vista et les réflexes étonnants d'un grand gardien en devenir, le tout jeune Zied Jebali (fils de Amor Jebali). Les «rushs» et autre coups de reins de Didier Liberé (parti monnayer son talent chez le champion d'Afrique en titre), l'efficacité d'un Nabil Missaoui qui retrouve une seconde jeunesse et la rigueur du stratège, Ben Messaoud (finalement recruté par l'Etoile du Sahel), le palier supérieur atteint par l'ASM en dit long sur la qualité de l'effectif à disposition. Ce faisant, si les recrutements jusque-là effectués ont fait l'unanimité des supporters et même des observateurs sportifs, la stratégie mise en place par le bureau directeur cadrait de toute évidence avec le potentiel d'un club ambitieux et réaliste. L'ASM, rappelons-le, est un club formateur, d'où la difficulté manifeste de conserver ses joyaux (Ben Messaoud et Didier). Certes, la commission de recrutement a réalisé (depuis plus d'un an) de jolis coups sur le marché des transferts. Mais si céder «les bijoux de famille» est forcément la panacée, les recruteurs marsois semblent en phase avec les exigences de l'équipe, vu que certains postes sont en passe d'être doublés, alors que certains jeunes seront incessamment lancés dans le grand bain après avoir été soumis au jugement de Buscher. Maher Ben Aissa : «On ne recrute pas pour le plaisir de recruter» Sondé sur l'étape à venir de l'équipe fanion, le dynamique président de l'ASM, Maher Ben Aissa, a été on ne peut plus clair : «Nous visons bien entendu le haut du pavé. Atteindre les places d'accessit, c'est bien. S'y maintenir, c'est mieux. A l'ASM, on ne recrute pas pour le plaisir de recruter. Vous savez, les bons joueurs ne courent pas les rues d'où le recours à la formation. Volet recrutements externes, quand un bon joueur n'est pas en fin de contrat, il est hors de prix. D'ou le recours à une large détection pour réaliser nos emplettes. Ceci dit, le coach Gérard Buscher a défini ses besoins depuis plus de deux mois. Certains postes doivent être carrément doublés pour anticiper tout impondérable. Par ailleurs, nous avons renouvelé les baux de certains joueurs, à l'instar de Yosri Touati alors que l'ex-Bejaois, Ali Hammami, formera le tandem défensif avec Boulâabi (un temps pressenti au CA). Aussi, sur le flanc gauche, le retour «aux affaires» de Slim Mahjbi donnera plus de mordant à un compartiment qui en a bien besoin. Dans le même ordre d'idées, Slim Ayari et Marouane Khalfi (un gaucher pur) apporteront cette touche de vitalité dont l'équipe aura besoin en ces temps de canicule. Plus haut, Tombadou sera maintenu, vu «le feu vert» donné par le coach alors que les jeunes Ghabarou et Ayadi seront vraisemblablement confirmés. Aussi, Mehdi Marzouki, l'ex-Etoilé constituera un précieux renfort et non des moindres en lieu et place de Bilel Ben Messaoud. Enfin, Mehdi Ouertani, ex-pivot du ST, est à pied d'oeuvre en attendant de taper dans l'oeil du coach». A l'heure actuelle, l'ASM n'a pas encore abattu toutes ses cartes sur le marché des transferts. Mais si l'important travail d'harmonisation réalisé a permis aux Marsois de se re-positionner sur l'échiquier, le blé qui lève et la formation continue ont confirmé cette professionnalisation d'une pratique sportive qui se décline au pluriel, tant semblent disparates les approches de la majorité des associations sportives.