En cette période post-révolution, la bonne gouvernance est sur toutes les lèvres, en toutes circonstances. Elle est politique, économique, régionale, sectorielle, organisationnelle, d'entreprise... Cette dernière est l'objet de réflexions et de manifestations pour analyser, selon les circonstances et les préoccupations de chaque partie, ses côtés relatifs à la Responsabilité sociétale de l'entreprise (RSE), à la communication environnementale... L'ITA (Institut tunisien des administrateurs), un nouvel acteur dans le monde de la bonne gouvernance d'entreprise et né sous l'impulsion d'une double volonté publique et privée, vient d'organiser récemment une conférence-débat sur le thème de «l'administrateur indépendant à l'aune de la circulaire 2011-06 de la BCT : perceptions et réalités». Une approche pratique et évolutive La manifestation de l'ITA semble se singulariser par ses côtés pratiques et évolutives dont la mise en œuvre devrait intervenir progressivement. Rappelons que «la gouvernance d'entreprise désigne l'ensemble des relations entre la direction d'une entreprise, son conseil d'administration, ses actionnaires et les diverses autres parties prenantes. La gouvernance d'entreprise fournit également le cadre au sein duquel sont fixés les objectifs de l'entreprise et définit les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre et pour surveiller les performances» (OCDE, 1999). La bonne gouvernance d'entreprise est donc un ensemble de mécanismes de contrôle, de discipline et de motivation qui permettent la convergence des intérêts des différents partenaires de l'entreprise. La circulaire de la BCT 2011-06 intervient pour inciter les établissements de crédit à séparer les pouvoirs de contrôle dévolu au Conseil d'administration et d'exécution confié à la Direction générale. Le Conseil d'administration, en tant qu'organe majeur de gouvernance interne, n'est plus une chambre d'enregistrement. Mieux, au-delà du rôle de contrôle et de surveillance qu'il doit assurer, il est appelé à jouer un rôle stratégique. Les administrateurs se trouvent, par conséquent, impliqués dans la conception et le suivi des stratégies de promotion adoptées par leurs établissements. A la faveur de cette circulaire, la composition de cet organe de gouvernance se trouve révisée. L'innovation majeure concerne la présence des deux administrateurs indépendants désormais exigée. Aussi, doivent-ils n'avoir avec l'établissement en question ni une relation de client, ni de fournisseur, ni de prestataire de service. L'administrateur indépendant doit être au-dessus de tout conflit d'intérêts vis-à-vis de l'établissement dans lequel il siège. Disposer d'outils pratiques La conférence-débat organisée par l'ITA a ainsi permis aux responsables de cet organisme de présenter aux participants des administrateurs indépendants, fraîchement choisis par certaines banques, des experts comptables, des promoteurs, des enseignants, des chercheurs... les outils dont ils auront besoin pour bien appréhender cette nouvelle mission qu'est l'administrateur indépendant. En plus de la plaquette portant sur « les 15 recommandations » de l'ITA à l'intention de l'administrateur indépendant, les participants ont eu droit à une conférence donnée par M. Daniel Lebègue, président de l'Institut français des administrateurs, IFA, et animée par M. Moëz Joudi, membre de l'ITA. La qualité des discutants, M. Habib Karaouli, p.-d.g. de la banque d'Affaires, Mme Nadia Gamha, DG de la supervision bancaire à la BCT, et M. Abdessattar Mabkhout, associé Pwc et président du Conseil scientifique de l'ITA, a donné plus de profondeur, de poids et de consistance aux débats. L'autre côté pratique réside dans la présentation par le Pr Slaheddine Hallera, trésorier de l'ITA, de l'esquisse du projet de formation de l'ITA. Objectif: la certification des administrateurs par l'ITA via cette formation et qui va s'inspirer de l'approche de l'IFA en la matière. D'où la présentation au cours de la conférence-débat du programme IFA de certification des administrateurs de sociétés par M. Alain Martel, formateur IFA. Le nombre relativement faible de participants à la conférence-débat sur l'administrateur indépendant révèle pour M. Slaheddine Ladjimi, président de l'ITA, que ce dernier a beaucoup de pain sur la planche en matière de communication pour se positionner en tant que véritable outil au service de la place financière de Tunis.