C'est un fait. Mais l'Etoile rattrape le temps perdu et il y a du talent à l'ASOE Chlef et au Sunshine Stars. Au contraire de la dernière édition que l'Espérance a aisément dominée faute d'adversaires de poids, celle de 2012 de la Ligue des champions promet de très belles émotions. D'ailleurs, on a dépassé le stade des promesses puisque Espérance, Etoile et Chlef ont d'ores et déjà fait voir de bien belles choses tant sur le plan individuel que collectif et lancé un signal fort entre eux : l'avantage du terrain ne voudra rien dire. L'Etoile qui va s'imposer à Chlef, l'Espérance au Nigeria face au Sunshine Stars, l'AS Chlef qui mène la vie dure à l'Espérance à Radès et enfin les Nigérians qui arrachent un point à l'Etoile à Sousse : ce sera sans nul doute le fil rouge de cette phase de poules de la Champions League. Avec deux autres constantes : l'Espérance a quelques kilomètres de plus sur le plan de l'expérience alors que les trois autres clubs, à l'instar de l'Espérance, sont bourrés de talents. Franchement, nous avions été épatés par les ressources techniques des Algériens du Chlef; celles d'une équipe étoilée fortement rajeunie par Mondher Kebaïer et même par quelques individualités nigérianes qui en feront souffrir d'autres. Ceci nous change un peu de la médiocrité de la précédente édition où l'Espérance a pratiquement fait cavalier seul. Examinons de plus près les quatre formations, tout en sachant bien sûr qu'elles ne partiront pas avec les mêmes chances. Avec ses six points et ses deux victoires, l'EST fait figure de grande favorite, mais l'Etoile n'est pas mal non plus, même si elle a perdu deux points à domicile face aux Nigérians. Espérance Sportive de Tunis L'Afrique a eu ses grands mais on assiste depuis quelques années déjà à un renouvellement du paysage footballistique continental. C'est qu'en Afrique noire, les joueurs partent de plus en plus jeunes en Europe et il est devenu pratiquement impossible pour une équipe d'Afrique noire de durer dans le temps. Les seuls clubs qui échappent un peu à ce phénomène de pillage en règle, ce sont ceux égyptiens et maghrébins et ce pour une raison matérielle : ils coûtent plus cher que leurs homologues d'Afrique noire et le rapport qualité-prix n'est pas intéressant pour les clubs européens. L'Espérance est donc parvenue à garder ses meilleurs éléments et s'est même ultérieurement renforcée. Et même, aujourd'hui, que Msakni et N'djeng ne peuvent plus résister aux sirènes des pétrodollars et du franc suisse, les «Sang et Or» ont parfaitement su négocier leur départ avec une pige qui permettra au club de disposer de ses deux perles jusqu'à la fin de la Champions League. Le grand mérite revient au président du club qui a toujours répondu présent sur le plan financier et dont la discrétion a évité bien des crises à l'Espérance. Surtout en période d'instabilité technique car n'oublions pas que l'Espérance est passée de Benzarti à Kanzari, à Maâloul, à Decastel puis à Maâloul sans que la valeur de l'équipe ne s'en ressente, sans soubresauts, sans drames. Sur le plan du jeu, l'Espérance a pris de l'assurance au niveau du jeu : quels que soient l'adversaire, le terrain et l'enjeu, l'Espérance cherche avant tout à imposer son jeu, devenu plus offensif et bénéficie de l'expérience et de la rage de vaincre de tous les joueurs. Une Espérance qui parvient même à cacher quelques imperfections défensives chroniques. En revanche, le club de Bab Souika a trouvé un gardien pour les dix prochaines années. On n'insistera jamais assez sur l'apport du jeune Ben Cherifia qui a tout d'un grand. Une Espérance qui s'est ultérieurement renforcée. Elle est bâtie pour remporter la Ligue des champions. Tout autre résultat serait assimilé à un échec. Etoile Sportive du Sahel On donnait l'Etoile pour disparue, on l'avait presqu'enterrée et voilà qu'elle ressuscite au moment où l'on s'y attend le moins. Que de temps perdu. Et dire qu'il suffisait de maintenir la confiance à Mondher Kebaïer et de le laisser travailler. En un temps record, ce garçon poli et travailleur a repris le fil d'une mission qu'il avait remplie d'une manière pragmatique, presque scientifique. Il a fait confiance à des jeunes et favorisé l'adaptation de recrues qui ont débarqué au pire moment que le club a connu, soit en pleine lutte de pouvoir. Quel égoïsme! Quel gâchis ! L'Etoile a aujourd'hui rattrapé une bonne partie de son retard mais pas tout. L'équipe est belle à voir mais elle manque un peu de tout et surtout de percussion et d'efficacité. Son jeu a intérêt à être plus dépouillé, plus essentiel, à l'image de Mossaâb Sassi, grand talent à la recherche d'efficacité. Mais le talent et l'envie sont bel et bien là. Et avec quelques renforts ciblés... Puis tout comme l'EST, l'Etoile peut compter sur Balbouli... En dépit de son zéro point au tableau, l'AS Chlef plaît beaucoup. Technique individuelle, jeu en mouvement, culot mais beaucoup d'inexpérience et une émotivité toute algérienne qui empêche ces petits diables d'aller parfois au bout de leurs intentions. Les Algériens n'iront peut-être pas au bout cette fois-ci mais si le groupe est maintenu et la stabilité technique assurée, l'ASO Chlef a tout d'un grand d'Afrique. Le Sunshine Stars est un cran au-dessus parce qu'il ne dispose pas d'une bonne défense mais ce n'est pas mal du tout au milieu et devant à l'image de ce petit diable de numéro 6, Emmanuel. Algériens et Nigérians joueront les trouble-fêtes.