TUNIS, 13 mai 2010 (Rédaction TAP) - Le Premier ministre socialiste espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero a annoncé, mercredi, une cure d'austérité radicale, destinée à accélérer la réduction des déficits publics, pour éviter à l'Espagne une crise semblable à celle de la Grèce. S'exprimant devant les parlementaires espagnols, Zapatero a annoncé une baisse de 5 pc en moyenne des salaires des fonctionnaires, à partir de juin 2010, et leur gel en 2011, alors que les hauts salaires de la fonction publique seront plus lourdement affectés. "Nous allons demander à tout le monde de faire un plus grand effort. Premièrement, à la société espagnole, mais également au gouvernement'', a déclaré Zapatero. Sous la pression de l'Union européenne et des marchés, le gouvernement espagnol, dans ce qui constitue un revirement par rapport à sa position des dernières semaines, a donc renoncé à ne pas toucher aux salaires. "L'objectif, a-t-il expliqué, est de contribuer, par notre stabilité financière, à stabiliser, au plan financier la zone euro". Parmi les autres mesures annoncées figurent également une suspension des hausses automatiques des pensions de retraite, une baisse de l'aide extérieure, une réduction des investissements du gouvernement et la suppression, dès l'année prochaine, d'une réduction d'impôts de 2.500 euros, instaurée en 2007 pour soutenir la natalité. "Ce n'est pas facile pour le gouvernement d'approuver" ces décisions, a reconnu Zapatero, en présentant devant les parlementaires les détails du plan annoncé dimanche. Ces nouvelles mesures ont "une incidence sociale évidente", a ajouté le chef du gouvernement socialiste, confronté à un paysage social déjà sinistré par un taux de chômage supérieur à 20 pc de la population active. L'Espagne était sous pression ces dernières semaines pour prendre des mesures drastiques de réduction de son important déficit, mais la semaine dernière encore, au coeur de la tempête boursière qui s'abattait sur elle, le gouvernement espagnol avait écarté toute mesure additionnelle à son plan d'austérité de 50 milliards d'euros pour ramener les déficits publics de 11,2 pc du PIB en 2009 à 3pc en 2013. Mais l'Espagne, 4e économie de la zone euro, a dû céder face à la pression des pays de la zone euro qui se sont accordés dimanche, lors d'une réunion à Bruxelles, sur un plan de stabilisation massif de la zone euro moyennant 750 milliards d'euros. La pression s'est accrue sur le gouvernement espagnol durant la semaine après le coup de téléphone de Barack Obama mardi soir exhortant Jose Luis Rodriguez Zapatero à une attitude "résolue" dans ses efforts pour mettre en oeuvre ses réformes économiques. L'économie espagnole est sortie de la zone rouge, au premier trimestre 2010, enregistrant une croissance très modeste de l'ordre de 0,1 pc. Mais, selon les prévisions du gouvernement, elle devrait encore se contracter cette année. Le gouvernement qui excluait, il y a encore une semaine, toute mesure d'austérité supplémentaire, pour ne pas gêner la timide reprise économique, a en effet reconnu que ces mesures affecteront de "quelques décimales" à la baisse, la croissance de l'économie espagnole en 2011. Face au problème de la dette, plusieurs pays de la zone euro ont annoncé des mesures d'austérité pour assainir leurs comptes publics. Outre l'Espagne, c'est notamment le cas de la Grèce, de la France et du Portugal.