BRUXELLES (Reuters) — La Commission européenne a assuré hier que l'arrivée au pouvoir de David Cameron en Grande-Bretagne ne lui inspirait aucune inquiétude, bien que de nombreux Tories soient hostiles à une intégration européenne plus poussée. La France est pour sa part restée prudente mais, a souligné l'Elysée, le Président Nicolas Sarkozy et le nouveau Premier ministre britannique "ont convenu de travailler étroitement ensemble dans la perspective des prochaines échéances européennes et internationales". A Bruxelles, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, s'est attelé à combattre l'idée d'une coopération plus difficile avec le gouvernement de coalition entre conservateurs et libéraux-démorates, tout en rappelant la nécessité de coordination sur divers sujets, dont l'économie. "J'ai rencontré David Cameron plusieurs fois, plus de fois même que je n'ai rencontré les précédents Premiers ministres avant qu'ils ne deviennent Premier ministre, et je suis sûr que nous allons avoir une bonne relation de travail. Donc je ne suis pas inquiet", a dit Barroso à la presse. Des interrogations sur l'engagement européen de Gordon Brown s'étaient fait jour avant l'arrivée du dirigeant travailliste au 10 Downing Street en 2007 et malgré cela, la collaboration avec lui s'est bien passée, a encore expliqué Jose Manuel Barroso. "Donc je suis sûr que la coopération sera bonne avec le nouveau gouvernement conservateur-libéral en Grande-Bretagne", a-t-il insisté. Pragmatique Les observateurs s'attendent à ce que David Cameron démontre aux membres les plus eurosceptiques du Parti conservateur son attachement aux intérêts nationaux du pays face à l'UE. Le nouveau Premier ministre britannique ne cache pas son intention de négocier une exemption à certaines dispositions du droit européen social et du travail, une exemption totale de la Charte des droits fondamentaux et de récupérer des prérogatives en matière de justice pénale. David Cameron a en outre dit qu'il souhaitait soumettre à référendum tout nouveau traité européen prenant le pas sur la souveraineté nationale. Londres devrait être particulièrement attentif aux projets du commissaire au Marché intérieur, Michel Barnier, pour mieux réguler le système financier. Mais des responsables européens voient en lui un pragmatique ayant plus à gagner à collaborer avec les Vingt-sept qu'à entrer en conflit avec eux. "Beaucoup de défis à venir — garantir le redressement économique, combattre la pauvreté dans le monde, combattre le changement climatique, assurer la sécurité énergétique — sont communs à l'Union européenne et requièrent une réponse commune", dit Jose Manuel Barroso dans un communiqué. Des experts disent ainsi ne pas attendre de changements majeurs par rapport à la politique menée par les travaillistes, qui ont maintenu la Grande-Bretagne hors de la zone euro tout en cherchant à consolider les liens économiques et dans la défense.