Notre football n'avait pas besoin d'une pareille affaire aux aspects moraux, sportifs et légaux La décision de faire rejouer le match ESBK-Espérance à Tunis a fait l'effet d'une véritable bombe dans les milieux footballistiques tunisiens. Et pas n'importe quelle bombe, mais de celles fragmentaires, dont les dégâts sont ravageurs, comme en témoignent la menace (réelle et non fictive) du CAB et Béni Khalled de se retirer de la compétition, et la polémique qui bat son plein, le tout sur fond d'ambiance malsaine qui vient se greffer au nouveau contentieux sportif EST-CA et à tant d'autres choses héritées de l'ancien régime et créées par la nouvelle donne au pays. Bien sûr, dans cette affaire, il y aura toujours ceux qui ont pris le parti d'être «intellectuellement malhonnêtes» et qui défendent l'indéfendable pour des raisons partisanes ou, pis encore, opportunistes. Mais ceux-là sont «fichés» et n'ont aucune chance de pourrir le débat. Car le débat qu'on a bien voulu placer sur le plan juridique est avant tout un débat moral et de principe. Un débat de légitimité même. Expliquons-nous. Sur le plan sportif d'abord ESBK-EST s'est disputé à la régulière et s'est achevé sur un nul. A l'aller, le terrain de Béni Khalled n'était pas disponible et l'Espérance a accepté de disputer la rencontre à El Menzah. Rencontre remportée 1-0 par l'Espérance. Pour information, aucun club tunisien n'est propriétaire de son stade qui appartient à l'Etat, à la municipalité. Qui en sont responsables. Cela pour dire que l'ESBK n'était pour rien dans l'indisponibilité du stade. Voici pour le côté légal. Concernant celui moral, il était naturel que le match retour soit disputé à Béni Khalled, car cela aurait été une véritable aberration que deux confrontations au cours du championnat se disputent sur le terrain d'une seule équipe. Puis, enfin, l'Espérance a accepté de jouer à Béni Khalled. De ce fait, que l'Espérance ait eu recours à la justice sportive, ce n'est pas vraiment très sportif de sa part. Mais elle en a le droit après tout. On ne devait pas en arriver là! L'affaire aurait dû être réglée par la Ligue et la FTF pour ne pas en arriver là. Mais nous savons depuis longtemps que la Ligue est une simple chambre d'enregistrement et que la fédération est soumise au diktat des grands clubs. Cette affaire aurait-elle pu être portée devant la justice sportive, avec le résultat que nous savons, si l'adversaire avait pour nom Club Africain ou Etoile?! Permettez-nous d'en douter. Venons-en à présent à cette fameuse justice sportive. Au-delà des attendus qu'on ne manquera pas de brandir pour justifier cette opération, il y a avant tout les deux principes de base : l'ESBK n'est pas propriétaire de son terrain et n'est donc pas responsable de la désignation de la rencontre aller à Tunis. Et si l'Espérance devait s'attaquer à cette décision, qu'elle le fasse contre la Ligue et la municipalité de Béni Khalled! Cnas illégitime Venons-en à présent à l'essentiel. Dans le cas d'espèce, la décision a été prise par le Cnas. Le président du CAS (Conseil d'arbitrage sportif), Hédi Bougarras, saisit le TAS (Tribunal d'arbitrage sportif), nomme son représentant, Habib Grami en l'occurrence, alors que la FTF a désigné Férid Atallah. Ce trio a donc pris la décision de faire rejouer la rencontre ESBK-EST à Tunis. Mais au-delà de cette procédure compliquée, c'est la légitimité même du Cnas que nous mettons en cause. «Faut-il rappeler que c'est le Cnot (Comité olympique tunisien) qui désigne les membres du Cnas et que celui-ci est un transfuge de l'ère Slim Chiboub qui était le président du Cnot. D'autant que ce même Cnot n'a pas procédé à de nouvelles élections depuis la fuite de Slim Chiboub». Cnot illégitime = Cnas illégitime = décision illégitime Conclusion? Une bien malheureuse affaire qui vient polluer un paysage footballistique déjà pas très net. Nous craignions le nouvel exercice et voilà que pareille décision nous fait craindre la reprise pour achever un championnat interminable. La Ligue 1 est dans de bien mauvais draps.