Avec plus de 17%, le bâtiment se positionne aujourd'hui au troisième rang des secteurs grands consommateurs d'énergie. Ce qui est encore plus grave, c'est qu'il risque d'en devenir, d'ici 2030, le premier. Face à ces projections alarmantes, l'Agence nationale pour la maîtrise de l'énergie a vite réagi pour contrer cette menace réelle. Ce souci s'est traduit au concret par la mise en place de tout un programme d'efficacité énergétique . M. Zied Gannar, responsable bâtiment à l'Agence nationale pour la maîtrise de l'énergie, note qu'«un tel programme ne se limite pas au seul objectif de réduire la consommation d'énergie mais de l'inscrire dans une tendance durable, et encore plus d'enraciner l'esprit de l'éco-construction». Cette question d'éco-construction est d'autant plus importante que notre pays en a fait un choix stratégique et un facteur de développement. Des enjeux prioritaires qui expliquent clairement tout l'intérêt que la Tunisie accorde, à travers son principal acteur, l'Anme, au respect de la démarche internationale de la Haute qualité environnementale (HQE). Il faut reconnaître toutefois, que pour promouvoir significativement l'éco-construction, il est nécessaire de bien définir les exigences. Il est vrai en effet et comme on l'a noté clairement lors d'un atelier international, organisé, il n'y a pas si longtemps à Tunis sur l'éco-construction, que «la réalisation de constructions écologiques nécessite, essentiellement, l'adoption d'une conception architecturale bioclimatique, le choix de matériaux et produits de construction de hautes performances thermiques et à faible énergie grise, le choix d'équipements énergétiques de hautes performances énergétiques et l'intégration des énergies renouvelables, principalement pour le chauffage de l'eau sanitaire et l'auto-production d'électricité». Amélioration du bilan énergétique Cette démarche «permettra, à l'échelle macro-économique, d'améliorer le bilan énergétique du pays, de couvrir ses besoins énergétiques au moindre coût et d'atténuer la pollution due à l'utilisation des énergies fossiles. A l'échelle micro-économique, elle permettra d'assurer des conditions naturelles de confort thermique, de réduire la facture énergétique du bâtiment et de contribuer à la protection de l'environnement». D'ailleurs, pour concrétiser cette volonté, le gouvernement tunisien, avec le concours de l'Union européenne, vient de mettre en place un accord d'association au plan d'action de voisinage, qui se veut un programme de jumelage portant appui à l'administration tunisienne pour le développement de l'éco-construction. Un programme visant à promouvoir la convergence économique, sociale et institutionnelle, et permettant d'accélérer l'adoption des principes politiques et pratiques, normes et outils de l'éco-construction en Tunisie adaptés à ceux de l'UE. Pour bien conduire ce programme, « l'Anme a procédé à l'institution d'un cadre réglementaire bien adapté, à la faveur de quelques textes d'application bien précis». Le premier, promulgué en juillet 2008, concerne les bâtiments à usage de bureaux, alors que le second, en date du 1er juin 2009, s'applique aux bâtiments à usage résidentiel. On parle actuellement de deux nouveaux textes en phase de promulgation. Ils concernent les bâtiments à usage de santé et les bâtiments touristiques. En plus des textes d'application, l'Agence nationale pour la maîtrise de l'énergie a procédé au lancement d'un programme d'audits énergétiques qui concerne surtout les bâtiments à haute consommation énergétique (une consommation de plus de 200 tep). Le responsable de l'Anme estime à ce propos que les procédures d'audit «exigent que les bâtiments atteignent une efficacité énergétique qui soit meilleure que celle exigée par la réglementation thermique. Cela est d'autant plus légitime que l'Etat contribue largement à ce processus à la faveur de subventions et autres appuis financiers significatifs». Il précise par ailleurs que «toutes les exigences mentionnées concernent jusque-là les résidentiels collectifs». On apprend d'un autre côté qu'au niveau des permis de construire, ils doivent absolument reposer sur des études énergétiques qui justifient que le bâtiment satisfait les exigences de la réglementation thermique, faute de quoi le permis ne sera pas accordé. Un label qualité Ce qui donne encore plus de profondeur aux actions de l'Agence nationale pour la maîtrise de l'énergie, c'est qu'elle cherche toujours à s'approcher de toutes les normes. C'est d'ailleurs cette même volonté qui explique l'engagement actuel de l'agence à mettre en place un label qui concerne tout ce qui est basse consommation et qui cherche surtout la promotion des bâtiments écologiques. Et c'est ce même souci écologique qui se retrouve désormais au cœur de tous les programmes de rationalisation de la consommation énergétique dans le secteur du bâtiment. D'un autre côté, l'on retient la mise en place d'un mécanisme promo-isole qui encourage les ménages à isoler les toitures des maisons au niveau des maisons déjà existantes ou encore des nouvelles. Le mérite d'un tel mécanisme, selon M. Gannar, «c'est qu'il serait en mesure de combler le vide de la réglementation thermique actuelle, puisque tous les textes d'application se limitent jusque-là au collectif ». M. Zied Gannar affirme dans ce même contexte que «ce mécanisme est déjà approuvé techniquement et financièrement, il reste seulement l'approbation du gouvernement pour entrer en application». Le responsable précise dans ce même contexte que «pour encourager encore plus l'usage de ce mécanisme et le réussir, l'Etat accorde des subventions de l'ordre de 30% du coût de l'isolation avec un plafond de 3 dinars par m2 de toiture isolée pour les logements neufs et de 4, 5 dinars pour les logements déjà existants». Egalement, l'agence cherche actuellement à assurer une meilleure implication des banques pour contribuer ainsi à la satisfaction des exigences financières de ce processus d'isolation.