Le 53e rapport annuel de la BCT ( relatif à l'exercice de l'année 2011) revient dans la partie consacrée à l'environnement économique et financier national sur les principaux faits qui ont impacté la croissance économique du pays en 2011 et révèle, à ce propos, que l'économie tunisienne est passée par une conjoncture très difficile générée par les événements exceptionnels qui ont marqué cette année par certains facteurs extérieurs, tels que la situation politique et sociale en Libye et la situation de crise qui prévaut dans les états de l'UE. Cette conjoncture défavorable aura entraîné une baisse des investissements privés tant nationaux qu'étrangers, ainsi qu'une aggravation du chômage. Le rapport de la BCT relève, en outre, que les principaux indicateurs de l'économie nationale ont marqué un recul au cours de l'année 2011. Aussi, et en raison du climat d'instabilité, la production et les exportations des secteurs clés de l'économie, notamment, les industrie extractives et le secteur chimique, l'activité touristique et le transport ont, fortement, régressé et la croissance économique s'est ainsi, située, pour l'ensemble de l'année 2011 à -1,8%. A noter, aussi, que l'évolution de la demande globale a été marquée en 2011 par une baisse de la demande intérieure en volume, une baisse qui a été, notamment, générée, par le recul des investissements privés tant nationaux qu'étrangers, le report de l'exécution de certains projets publics et une certaine décélération de la consommation des ménages. Au cours de l'année 2011, la demande intérieure a enregistré une baisse de 0,9% en volume et une progression de 3,9% en prix courants, une situation qui résulte, entre autres, du climat d'incertitude qui a affecté aussi bien les investissements privés que le rythme de la consommation des ménages. S'agissant de la demande extérieure , le rapport de la BCT précise que les exportations des biens et services ont progressé en 2011 de 0,5% seulement en prix courants, contre un accroissement moyen de 20% durant les dernières années. Cette détérioration serait due aux perturbations ayant affecté l'activité industrielle et les exportations. Par ailleurs la forte baisse de l'épargne nationale de 24,8% en 2011, sous l'effet de récession de l'économie, s'est traduite par un recul de sa contribution au financement des investissements. Le taux d'épargne a, lui, diminué de 5 %, se situant à 15,9% du RNDB contre une moyenne de 22% pour les trois années précédentes. L'épargne de l'administration centrale a été affectée par les pressions sur les finances publiques comme en témoigne la baisse de 20,5 du surplus des recettes propres de l'Etat et dons par rapport aux dépenses de fonctionnement et de paiement des intérêts de la dette. L'épargne des entreprises non financières et des ménages a, également, été affectée par la conjoncture économique difficile, fait qui s'est répercuté sur les ressources mobilisées par le secteur bancaire; les dépôts bancaires ont, ainsi, enregistré en 2011 un net ralentissement de leur progression ( 5,1% contre 12,3% en 2010). La liquidité des banques a, aussi, connu un resserrement qui a entraîné une accentuation des pressions qui sont venues s'ajouter aux difficultés structurelles relatives au niveau élevé des créances douteuses. Pour ce qui est des finances publiques et en vue d'atténuer l'impact des événements qui ont suivi la révolution, le gouvernement a mis en oeuvre un programme économique et social à court terme axé sur l'appui à l'économie et son financement et sur la promotion de l'emploi et du développement régional. L'exécution de ce programme a impacté l'équilibre du budget de l'Etat tant au niveau des dépenses qu'à celui des recettes fiscales. L'encours de la dette publique est ainsi passé de 40,5% à 44,5% du PIB entre 2010 et 2011. A noter, par ailleurs, que le remboursement du principal de la dette extérieure a concerné le règlement de prêts sur le marché financier international soit 450 millions d'euros au mois d'avril et 15 milliards de yens japonais en septembre; l'endettement total a connu en 2011 une progression presque similaire à celle enregistrée en 2010 , l'endettement total de l'Etat a, en effet, évolué à un rythme exceptionnel (12,4% contre 1,9% en 2010). Le rapport relève, d'un autre côté, que les paiements extérieurs se sont fortement détériorés en 2011, une situation reflétée, souligne-t-on, par le déficit de la balance générale des paiements qui s'est situé à 2,4 milliards de dinar. Les résultats enregistrés au cours du premier trimestre 2012 laissent apparaître un élargissement du déficit courant qui s'est situé à 1,6 milliard de dinars soit 3% du PIB contre 1,5% une année auparavant. La BCT précise, à ce propos, que l'évolution des paiements extérieurs restera soumise à des pressions découlant de la persistance du climat d'incertitude relatif à la situation politique régionale et à une conjoncture économique difficile dans les pays européens et qui serait à l'origine du ralentissement, voire de la baisse des exportations des industries manufacturières. Cependant « la reprise progressive des ventes du secteur des mines, phosphates et dérivés et la réalisation prévue de résultats plus probants dans le secteur touristique au cours de la saison estivale permettraient de réduire les pressions sur le déficit courant ».