Faux bond de Mégalo. Samedi dernier à Hammamet, le public n'était pas nombreux. Certains ont même rendu leurs billets quand ils ont su que Wassim Harissi, alias Mégalo, la nouvelle coqueluche des médias, n'allait pas être de la partie, une annulation de dernière minute qui a obligé Ridha Diki à faire appel à des amis sur lesquels il a pu compter : le groupe Zanzana que les amateurs de rock métal connaissent bien. Malgré ce contretemps, les nostalgiques étaient tout de même présents, ceux qui se souviennent encore de la chanson qui a bercé leur enfance, il y a plus de vingt ans. Diki diki anta sadiki était, dans le temps, un tube qui a relancé pendant un moment la chanson pour enfants et c'est ainsi que Ridha Ben Haj Khélifa est devenu Ridha Diki. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts et la carrière de l'artiste l'a mené vers d'autres rivages, jusqu'au jour où cette voix a refait surface à travers une pub d'une eau minérale : «Le rendez-vous avec le printemps»! Et plusieurs d'entre nous ont vécu certainement le même flash-back d'un disque vinyle et d'un tourne-disques et des quelques chansons de Ridha Diki de ces temps-là. Voilà ce que représente cet artiste dans l'esprit de toute une génération et le fait de le retrouver sur scène éveille tant d'émotions chez certains. Mais au-delà de l'aspect nostalgique que nous a proposé Ridha Diki ce samedi-là, qu'y avait-il? Accompagné de quelques membres du groupe Zanzana, qui ont assuré la première partie de la soirée, Ridha a offert un tour de chant excentrique et éclectique. Déjà, l'artiste est doté d'une voix rauque et chaude comme celle des bluesmen des années 1940. Une voix avec laquelle il joue comme d'un instrument. Du rock au blues, à la country music, à la salsa et au tango, les airs de Diki sont voyageurs, ils portent des textes naïfs, simples et frais, un genre qu'on a du mal à qualifier et qu'on attribuerait peut-être plus aux chansonniers, tels que Salah Khémissi, qu'à la chanson moderne et électrique de nos jours. Les chansons de Diki peuvent paraître anodines, légères et même insignifiantes, mais elles arrivent à éveiller en nous une certaine joie de vivre, à nous communiquer une belle énergie que nous devons, d'ailleurs, non seulement aux textes et à la musique mais aussi à la bonne humeur de l'artiste, heureux d'être sur scène, heureux de chanter et de parler aux gens qui sont venus le voir. La soirée avec Ridha Diki fut une sorte de bol d'air frais qui nous a ramenés au temps des poupées, des billes, à nos jeux d'enfants et à nos rêves d'un bon vieux temps. C'est là tout l'intérêt de la musique et des chansons de Ridha Diki, des chansons qui viennent à nous simplement, qui s'installent dans nos êtres en douceur et qu'on fredonne en quittant le concert. En fin de soirée, les gamins d'hier se sont bousculés, leurs enfants dans les bras, pour demander un autographe à l'artiste, un souvenir, peut-être pour les petits-enfants de demain.