Le festival de la Médina fait décidément la part belle aux artistes chanteurs tunisiens. C'est dans la tradition de cette grande joute ramadanesque, certes. Nombre de nos voix confirmées y ont fait leurs débuts, encouragées d'emblée, et avec une perspicacité de vue dont les résultats ne se sont presque jamais démentis. Ce n'était pas peu, jugeons-en d'après les noms : Asli, Bouchnaq, Noureddine El Béji, Nabiha Karaouli, Slah Mosbah, Ziad Gharsa, Dorsaf Hamdani, sans compter les solistes d'exception, Anouar Braham, Mohamed Zinelabidine, Mohamed El Mejri, et les jeunes troupes du classique, tel l'ensemble El Farabi. Une liste qui est, du reste, appelée à se prolonger et à se renouveler. Les nouveaux talents ne manquent pas, et d'autres, anciens, n'hésitent plus à proposer leur contribution. N'ayons crainte de le dire : ce que le festival de la Médina a fait pour la promotion de la chanson tunisienne est autrement plus important que l'action cumulée des festivals et des institutions de l'audiovisuel publics, voire, peut-être, de l'apport de l'establishment culturel lui-même. Et cette édition 2012 le prouve plus qu'en toute autre période. La comparaison avec «Carthage» et «Hammamet» est édifiante A peine 10% ici, et plus de 60% pour le «Médina». Il n'importe : le public tunisien a l'occasion de s'habituer davantage à ses propres artistes. Il n'est pas toujours venu en grand nombre, mais il s'est régalé visiblement lors des concerts de Bouchnaq, Ziad Gharsa et Hassen Dahmani. Cela l'incitera, on l'espère, à faire le déplacement ce soir et le samedi 11, puisque les affiches prévues sont de taille. Leïla Hjaïej, d'abord, dans une «trilogie d'Amour» qui intéressera, non seulement les mélomanes (ils sont légion à chaque passage de la chanteuse), mais encore, on le présume, le public dit (souvent à tort) «non initié». Le répertoire conconcté par Leïla Hjaïej comportera, en effet, outre des chants sacrés (c'est de circonstance), des monologues et des «Taqtouquât» classiques de pur tarab. Là, on le sait d'expérience, tout le monde est logé à la même enseigne, ces chansons coulent tellement de source, qu'elles dispensent un constant et égal plaisir à l'écoute avertie comme à l'écoute spontanée. Un excellent moment de chant en perspective. Leïla Hjaïej n'y a jamais failli, que l'on sache. Le récital du samedi 11 août captera tout aussi bien les attentions. En vedette : Najet Attia, dont on connaît le beau timbre, de même que la fidélité aux modèles mélodiques et de souche. On a connu aussi et apprécié ses incontestables prouesses de chant. Tout pour séduire en somme. Avec en prime, de nouvelles chansons personnelles. Les égyptiennes, relativement récentes, d'un bon goût à coup sûr, mais auxquelles on préférera certainement les bonnes «vieilles» mélodies racées, romancées «made in Tunisia», celles de Mohamed El Majeri par exemple, dont la somptueuse Akhaf Alik, un «charqi» qui aurait suscité l'envie encore des compositeurs historiques de l'Egypte du grand éveil. Déjà rien que pour ce «joyau», il faudra accourir. Mais le reste promet d'être à la hauteur. Du vrai bonus. Najet Attia y est sûrement préparée.