Deux clarinettistes de haute facture se sont donné rendez-vous, mercredi dernier, sur la prestigieuse scène du théâtre romain de Carthage devant un public venu nombreux à leur rencontre. Deux grandes histoires, deux cultures et deux pays que l'art les a rapprochés et unis à travers deux virtuoses qui ont joué pour prôner le dialogue de la paix et de l'amour. L'un, Hüsnü Senlendirici, venu de Turquie, l'autre, Vassilis Saleas, de Grèce, ils nous ont emmenés par leurs clarinettes, tantôt séparément, tantôt en duo, dans le cœur de leur musique métissée et aux rythmes effervescents s'étendant de l'écume méditerranéenne jusqu'au fascinant détroit du Bosphore. La force créatrice de chacun d'eux a contribué à la naissance d'univers évocateurs, de compositions originales, de douces mélodies d'amour, entre séquences méditatives et envolées festives pures. A travers la texture, l'harmonie, la complémentarité et surtout la virtuosité de ce duo enchantant et de l'orchestre qui le soutient, on a senti le fruit d'un vrai travail concerté et bien réfléchi. La musicalité de Hüsnü, comme celle de Vassilis Saleas, est immense, leur osmose, leur souffle et leur extrême sensibilité nous ont livré un son riche, d'impressionnants phrasés et des suggestions d'émotions fortes. Les mélodies se succédaient, parfois languissantes et sensuelles, parfois enflammées et fortes, mais toujours séduisantes et réfléchies, surtout quand elles s'apparentaient aux romances, mères du nostalgique. Le public était conquis. De la belle ouvrage, cousue main avec les fils du talent et les joyaux de la sensibilité! Le public ne pouvait qu'être conquis.