Le Musée national du Bardo accueille, depuis le 4 août, une exposition temporaire de sculptures et de peintures kairouanaises sur bois, la première en son genre dans le monde arabe. La collection des bois kairouanais, exposée dans le nouveau compartiment du Musée du Bardo, comporte divers mobiliers et pièces architecturales et de décoration qui étaient dans la Grande mosquée de Kairouan. Ces éléments datent de différentes époques, certains remontent au IXe siècle, à l'instar d'une planche à épigraphie sculptée datée de 836. L'inscription, qui y figure, serait le plus ancien texte arabe sculpté sur bois en Tunisie. Il comprend un fragment d'un verset du Coran (« ... C'est Lui le Connaisseur de ce qui est voilé et de ce qui est manifeste. Et c'est Lui le Sage et le Parfaitement Connaisseur » ). L'exposition offre donc l'occasion aux visiteurs de voir de plus près une partie du patrimoine, d'adopter une nouvelle lecture qui ne s'arrête plus à la fonction des objets, mais qui inclut en même temps leurs côtés esthétique et historique. Bois kairounais: champ d'étude inexploré A ce jour, plus de 5.000 pièces de bois de la Grande mosquée de Kairouan sont réparties entre les musées du Bardo, de Raqqada et de Monastir, la médina de Kairouan et l'Institut national du patrimoine (INP) de Kairouan. Elles attendent d'être étudiées de plus près, ce qui ferait évoluer les connaissances relatives à l'histoire de la Grande mosquée de Kairouan et à l'art islamique en général. Les dernières études sur le bois archéologique kairouanais sont signées Georges Marçais: «Coupoles et plafonds de la Grande mosquée de Kairouan» et «Plafonds peints du IX ème siècle de la Grande mosquée de Kairouan», qui datent respectivement de 1925 et de 1935. Pour Lotfi Abdeljaouad, chargé des recherches à l'INP, l'exposition est une manière d'inciter les chercheurs à s'intéresser à un domaine resté aux oubliettes depuis le début du siècle dernier. Bien que cette exposition ne regroupe que 40 pièces en bois, elle rassemble à elle seule plus de 200 inscriptions, ouvrant le champ à de nombreuses études sur l'évolution de la calligraphie islamique de l'Ifrîqiya. Après le Bardo, l'exposition « Sculptures et peintures kairouanaises sur bois » s'exportera à l'intérieur et à l'extérieur du pays, en Europe et dans le monde arabe.