Par notre envoyé spécial à Paris, Anis SOUAD Un hommage à la créarice tunisienne Leïla Menchari L'on a souvent rappelé que le produit artisanal tunisien dispose d'un potentiel énorme, il suffit tout simplement de savoir bien l'exploiter pour assurer sa valorisation et donc une meilleure rentabilité. Une valorisation et une rentabilité qui, pour qu'elles soient acquises, nécessitent un meilleur niveau de créativité et d'innovation. D'ailleurs, à chaque fois que ces deux facteurs sont réunis, le résultat est automatiquement remarquable. D'ailleurs, l'exposition de produits d'artisanat tunisiens, qui s'est tenue tout récemment à l'institut du monde arabe à Paris et tout l'intérêt qu'elle a suscité , en témoigne clairement. Il convient de préciser que cette belle exposition, placée sous le signe «Orient Hermès», s'est voulue un hommage à la créatrice tunisienne Leila Menchari, auteur depuis 32 ans des vitrines Hermès à la maison du Faubourg Saint Honoré à Paris. En effet, depuis le 18 mars et jusqu'au 6 juin 2010, l'espace «Médina» de l'Institut du monde arabe, accueille huit des plus spectaculaires vitrines réalisées par l'artiste tunisienne pour la prestigieuse maison. Et comme le soutiennent les responsables de l'office national de l'artisanat, «toutes ses créations sont inspirées à partir des souvenirs d'enfance de Leila Menchari en Tunisie, de ses voyages et de ses rencontres. C'est ainsi que l'artiste met en pratique de véritables petits théâtres où s'entremêlent les savoir-faire d'artisans et d'artistes de la Méditerranée». Il s'agit bien, comme le signifie assez clairement un responsable de la maison Hermès, de tout «un univers de marques et tous les secrets d'une créativité à la croisée des cultures». Mais ce qui est encore plus important, c'est que la Tunisie a eu l'honneur d'être le premier pays à présenter son savoir-faire artisanal, du 18 mars au 9 mai. En effet, tout au long de cette période, quelques artisans tunisiens se sont mis à l'œuvre pour faire valoir leur professionnalisme, pour forcer l'admiration de toute l'assistance, chacun dans sa spécialité: un maître-nattier, un verrier, un potier, un mosaïste, et un maître-dinandier. La qualité d'abord Karim Arous, maître-nattier, est sur place depuis le 23 avril. Pour lui, «participer à cette manifestation est une chance, et une expérience exceptionnelle qui m'aiderait à gagner en maturité artistique, en raison de mon contact direct et ma collaboration étroite avec les professionnels de Hermès, qui sont très exigeants au niveau de la qualité». Abdelaziz Belgacem, maître-mosaïste rejoint totalement cette logique. Pour lui, «pour travailler avec Hermès, il faut être vraiment de métier». Il précise d'ailleurs que «la clientèle de cette marque est d'une certaine classe. Pour la séduire, il faut lui présenter une offre qui soit irréprochable». Mais ce qui est encore plus significatif pour notre maître-mosaïste, c'est que le fait d'exposer à l'institut du monde arabe à Paris, et surtout dans le même lieu que les vitrines Hermès, constitue un plus incommensurable. Mieux encore, une telle opération a le mérite d'ouvrir de nouveaux horizons pour les artisans tunisiens, compte tenu de la qualité de la clientèle et de l'assistance. Aujourd'hui, le jeune artisan entend approfondir cette expérience et maintenir la collaboration avec Leila Menchari, ce qui lui permettrait d'attirer une nouvelle clientèle, surtout d'une catégorie bien particulière. On apprend d'ailleurs que d'autres expositions avec le groupe sont au programme. La collaboration et les actions communes avec les marques internationales de renom se placent pour nos artisans comme une approche incontournable qui a l'avantage de leur permettre de gagner en promotion. Mohamed Lidarsi, un maître-dinandier, en est bien conscient: «En 2008, j'ai déjà travaillé avec le groupe et j'ai participé à plusieurs décors, ce qui m'a aidé à améliorer mes qualifications professionnelles. Aujourd'hui, grâce à cette collaboration, j'ai pu m'assurer plusieurs commandes très importantes». Pour l'étape à venir, le maître-dinandier espère impliquer d'autres professionnels tunisiens et généraliser de telles expériences, car c'est tout le secteur de l'artisanat qui sera largement gagnant. Il se félicite à cet effet du soutien de Leila Menchari mais également de l'assistance et de l'encadrement permanent de l'Office national tunisien. En somme, l'on peut dire que cette exposition est une belle opportunité pour s'ouvrir sur de nouveaux horizons, certainement prometteurs. Car, comme le confie Leila Menchari elle-même aux responsables de l'ONA, «la diversité des produits exposés, le soin extrême apporté à la qualité de leur exécution, traduisant la passion de l'artisan et l'amour de son métier, ajoutés à une présentation élégante des oeuvres, sont le garant de la réussite».