Aujourd'hui, «la logistique est un secteur essentiel de l'activité économique et constitue une nouvelle forme de l'activité industrielle et de services». Elle s'est imposée comme un élément de différenciation par le service (respect des délais, conformité des commandes, capacité à gérer les retours clients et le service après-vente…) et offre une gamme d'activités de plus en plus large. Elle est indissociable des systèmes de production et de consommation. Elle et également très imbriquée avec toutes les fonctions de l'entreprise (fonctions commerciales, achats, recherche et développement, marketing…). Gros plan sur la logistique en Tunisie. Certes, en matière de transport maritime et de logistique, la Tunisie se positionne comme le pays le plus avancé de la rive sud de la Méditerranée devançant le Maroc, l'Egypte et l'Algérie. Les résultats d'une enquête, réalisée il y a quelques mois par la Banque Mondiale sur la facilitation des affaires dans le monde et relatif à l'Indice de Performance Logistique, place la Tunisie à la 61e place dans un classement englobant 150 pays, soit la première en Afrique du Nord et au Maghreb. Dans la même continuité, une récente étude du Réseau Anima* sur les ports et la logistique dans le bassin méditerranéen à partir d'un échantillon de 13 pays est venue corroborer les résultats de cette enquête. De ce fait, d'après cette étude, la Tunisie se positionne à la 60e place sur 150, loin devant le Maroc (94e) et l'Egypte (97e), alors que l'Algérie occupe la 140e place. Néanmoins, selon d'autres études, le coût des services logistiques en Tunisie reste très élevé. En effet, ces derniers représentent 20% du PIB tunisien contre 15% en Turquie et entre 7 et10 % dans les pays de l'Union européenne. Il est donc normal que notre pays ambitionne de réduire le coût des services logistiques de 15% du PIB contre 20% actuellement. Pour y parvenir, plusieurs mesures ont été décidées, notamment l'harmonisation du cadre juridique du pays avec les législations européennes, la révision du code de la douane et la modernisation de l'infrastructure de base. Les avantages des zones logistiques : «un secteur porteur d'emplois» En effet, le ministère du Transport en collaboration avec la Banque mondiale a réalisé une étude stratégique de développement des infrastructures et services logistiques. Cette étude a préconisé un Plan Logistique pour la Tunisie s'articulant autour de 5 axes : la création d'une structure de coordination de la logistique, l'adaptation des infrastructures aux besoins de demain, l'organisation des métiers de la logistique, le développement des compétences logistiques et la création d'une attractivité logistique en Tunisie. En revanche, les prévisions de l'étude effectuée révèlent que l'amélioration des services logistiques permettra la création de 35 mille postes d'emploi à court et moyen termes dont 20 mille postes de travail directs spécialisés dans l'amélioration des capacités de stockage (évaluée à 5 millions mètres carrés). De plus, cette amélioration aura d'autres effets positifs sur d'autres activités : primo, la réduction des coûts des frais de transport pour les longs trajets entre 10 et 20% de tonnes par km. Secundo, l'évolution du pourcentage de remplissage entre 15 et 20% via la collecte des marchandises. Tertio, une bonne gestion des espaces ( l'emmagasinement vertical jusqu'à 6 étages et une bonne utilisation des nouvelles technologies). Enfin, la réduction des coûts d' emmagasinement de la marchandise. Le réseau des zones logistiques en Tunisie Le plan logistique tunisien comporte un réseau de plusieurs zones d'activités logistiques qui seront créées en Tunisie à court terme dans les régions de Radès, Jebel Oust (délégation située à 20 km de la capitale) et Zarzis, ainsiqu' à moyen et court termes dans les régions du Grand-Tunis, Sfax, Sousse, Gafsa, Tozeur et Jendouba. Dans le cadre de la concrétisation de ce plan, le ministère envisage de mettre en chantier le plan de développement du projet « plates–formes logistiques » par la création d'une plate-forme logistique attenante au port de Radès sur une superficie de 47 ha (dont 38 prêts à être exploités). A noter que le pourcentage de rentabilité économique du projet est estimé dans une fourchette de 16 à 18%, avec un coût global des investissements évalué à 200 millions de dinars. Il est à rappeler que le Président de la République, lors de sa réunion, mardi dernier , avec le ministre de Transport, a ordonné la mise en œuvre de ce plan, en entamant la réalisation de cette zone logistique. Concernant la zone économique et logistique de Jebel Oust, cette dernière entrera en exploitation durant cette année dans le cadre du projet de transport de containers vers le port de La Goulette par voie ferroviaire. La zone de Jebel Oust devra abriter les services administratifs et logistiques chargés de faciliter la circulation des marchandises à partir et vers la Tunisie : il s'agit d'un système intégré visant à faciliter l'échange de marchandises avec l'extérieur par le biais du transport multimodal (maritime, ferroviaire et routier). Ce projet contribuera, également, à décongestionner la capitale, à économiser l'énergie, à promouvoir l'emploi et attirer l'investissement vers la région de Zaghouan. En revanche, il est envisagé la création d'un port de sec de 50 ha afin de diminuer la pression sur le port de Radès et permettre la liaison avec la zone industrielle d'El Mghira. La réalisation de ce dernier projet reste tributaire de la manifestation d'investisseurs intéressés par le potentiel de cette région. En parallèle, tout près de cette zone, le ministère de Transport prévoit de créer une plate-forme logistique attenante au port en eaux profondes dans la région d'Enfidha sur une superficie de 500 ha parmi une réserve foncière de 2.000 ha réservés pour ce projet. Pour ce qui est de la plate-forme de Zarzis, une banque d'affaires a été chargée de réaliser une étude dont la finalité est de sélectionner le partenaire stratégique pour le développement du pôle économique de Zarzis, intégrant le port commercial et l'aire des activités économiques et la création d'un espace logistique qui englobera aussi la région de Ben Guerdane. Vers un cadre juridique approprié Le Plan intégral ordonné par le Président de la République préconise aussi la réalisation, pour le développement des services logistiques, à travers la création d'un réseau de zones logistiques, particulièrement à proximité des ports, des chemins de fer et des aéroports, de manière à renforcer le secteur des services. Pour superviser le tout, un observatoire logistique sera créé au sein du ministère du Transport dont les missions consistent à proposer une vision en vue d'organiser et de développer les services et les zones logistiques, à collecter et à analyser les informations, à produire les indices autour de la logistique, à mener des sondages et des études, à éditer des publications et rapports périodiques, à assurer la veille en matière de logistique, à adapter le dispositif de formation aux besoins du marché de l'emploi en matière logistique et à faire connaître la logistique tunisienne intra et extra-muros. A noter que le Chef de l'Etat a ordonné lors de la même réunion de mardi avec le ministre de Transport la création de cet Observatoire national afin d'assurer la coordination et le suivi dans ce domaine important. Par ailleurs, une étude a été lancée en vue de mettre en place un cadre juridique approprié à la création et l'exploitation des zones logistiques. Décidément, ce plan intégral va sans aucun doute booster le secteur du transport qui reste un des piliers de l'économie tunisienne tant ce secteur, dans son ensemble, constitue 15% du total des investissements, 6% du PIB et fournit pas moins de 135 mille postes d'emploi. ------------------------------------------------------------------------ *Anima : ANIMA Investment Network est une plate-forme multi-pays de développement économique de la Méditerranée. Le réseau réunit plus de 70 agences gouvernementales et réseaux internationaux du pourtour méditerranéen. L'objectif d'ANIMA est de contribuer à une amélioration continue du climat des affaires et à la croissance de l'investissement dans la région Méditerranée.