Le grand vainqueur de la 27e édition du Fifak (26 août-1er septembre) est le film tunisien Le fils de pauvreté de Nidhal Ben Hassine (Ftca Hammam Ghzaz) qui a pratiquement fait l'unanimité de tous les jurys : international, national, Atpcc etc. et également du public qui l'a plébiscité pour l'imagination poétique du réalisateur ainsi que pour son talent. En effet, ce dernier a su créer, à partir d'un espace, du rêve et de la poésie en combinant plusieurs techniques comme l'animation, la peinture, l'image sous-marine avec une maîtrise certaine. Ainsi, le film a bénéficié du Prix spécial du jury international présidé par la comédienne Jalila Baccar, le premier prix de la compétition nationale, le prix de l'Association tunisienne pour la promotion cinématographique, le prix des anciens de la Ftca pour la création artistique, ainsi que deux mentions : l'une pour l'image et l'autre pour le montage. Mais ce n'est pour autant pas lui qui a remporté le Faucon d'Or de Kélibia. C'est le film algérien J'ai habité l'absence deux fois de Drifa Mezenner, documentaire à deux voix, personnelle et collective, qui a raflé la statuette, et ce, pour sa grande sensibilité et sa sobriété, pour l'importance avec laquelle il a su traiter la douleur intime d'une famille qui souffre de l'absence de son fils, avec pour toile de fond un pays, l'Algérie, qui attend lui aussi de reconquérir sa liberté et d'avancer vers avenir meilleur. Le jury a été attentif à cette œuvre et il n'a pas eu tort car c'est l'une des rares à avoir su dégager de l'émotion et raconter une histoire douloureuse dans l'histoire en adoptant une démarche simple créant une polyphonie harmonieuse. Le deuxième prix a été décerné ex-eaquo à Brutal romance d'Arsh Hambaradzun d'Arménie, une animation en pâte à modeler qui interroge avec humour les relations entre les personnes, ainsi qu'à Sprachlos de l'Allemand Adrian Copitzky qui montre la solitude, la mort et l'incommunicabilité dans un monde de communication. La Palestine n'a pas été oubliée, ni la souffrance de son peuple opprimé. Seul que tu es de Ibrahim Lanwajé et Tarek Hamid et Inévitable trahison de Nadim Hamed ont remporté des mentions spéciales. Il est à souligner de grandes inégalités dans la qualité des films, ce qui a amené le jury à appeler à davantage d'homogénéité au niveau de la sélection. Une décision inopportune Ce qui est regrettable au niveau de la compétition des films d'école, c'est que le jury a totalement ignoré le film Traces qui méritait bien le grand prix. Il a choisi de supprimer carrément la récompense. C'est dommage, car le film de Olfa Ben Chaâbène (Esac) a plusieurs atouts à son avantage lui permettant de remporter un prix : maîtrise des techniques cinématographiques, de la narration et du rythme pour un sujet psychologique assez difficile, la solitude en l'occurrence. Le jury est donc passé à côté de cet exercice qui est pourtant sélectionné dans la compétition internationale. En tout cas et au-delà des prix, le Fifak est un espace de convergence des cinémas amateurs, un espace d'ouverture sur les cinémas du monde dans leur diversité et leur différence.