Que retenir de la 27ème édition du FIFAK (26 août-1er septembre) qui s'est terminée hier au théâtre de plein air de Kélibia ? La présence du public. Toutes les soirées ont enregistré un record d'affluence ce qui constitue un excellent soutien pour le festival. Au niveau de l'organisation, tout s'est déroulé dans les meilleures conditions possibles. Il reste les films qui n'ont pas toujours été à la hauteur. Mais nous n'allons pas trop nous attarder sur cet aspect à lettre sur le compte de l'amateurisme. Mais ce qui est regrettable, c'est que le FIFAK considéré comme étant une pépinière de futurs cinéastes professionnels n'a pas révélé depuis quelques années des cinéastes de talent. Nous n'allons pas nous pencher sur cet aspect non plus mais tout juste sur les tendances actuelles abordées dans les films sélectionnés.
Au niveau de la fiction, le regard est posé sur des questions personnelles et existentielles ayant trait à la solitude et l'isolement d'individu vivant en solitaire. C'est le cas de « Traces » film d'école d'Olfa Ben Chaâbane (Tunisie), « No » de Guillermo P Bosch (Espagne), « L'attente » de Kutay Denizler et Burak çevik (Turquie) ou encore « Sprachlos » d'Adrien Copitzky. Ces trois films abordent des questions liées au mal-être et à l'angoisse en utilisant des huis clos pour mieux illustrer l'enfermement et l'indifférence. Il s'agit là d'exercices difficiles parce qu'ils s'appuient sur la performance du comédien. Le réalisateur doit être plus ou moins averti pour ne pas tomber dans le piège théâtral. Les exemples évoqués sont réussis du point de vue de la narration et de la mise en scène qui s'appuie sur un certain nombre de détails.
Les documentaires font la part belle à des sujets relatifs à la vie pénible et misérables des gens à l'exemple de « Colporteurs » d'Abdallah El Fateh Aoun (FTCA Hamma), « Douamiss » de Bouhlel Yabraoui (ESTEG) sur les travailleurs de la compagnie de phosphate de Gafsa, « Visages » de Said Najmi (Jourdanie), documentaire anthropologique sur la vie de villageois isolés, « Il était une fois » de May El Hossamy (Egypte) sur les bidonvilles du Caire près du pont de Tunisie ou « La mer emportée par le fleuve » de Gacem Ghassen (Indépendant), cri de désarroi sur la pollution de la plage de Monastir envahie par les déchets des usines. Dénonciation et accusation formulées de manière didactique sans aucun effort de création. Du déjà vu à la télévision qui en fournit des tas de documentaire de ces genres dont l'intérêt principal consiste à mettre le doigt là où ça fait mal.
Mais aux côtés de ces deux formes fiction et documentaire, d'autres formes hybrides semblent prendre place comme par exemple animation et images d'archives dans le remarquable « Evolution » de Youssef Bouafif (FTCA Kélibia), « Murs de banlieue » de Farès Khélifa (FTCA Hammam-Lif), « Headshot » de Nadhir Bousselma ou encore , « Le fils de pauvreté » de Nidhal Ben Hassine, qui comprend de l'animation, art plastique et de la fiction pour donner une certaine originalité au traitement.
Les films les plus touchants sont les plus simples comme le film algérien « J'ai habité l'absence deux fois » de Drifa Mezenner, retour sur le passé et le présent d'une histoire familiale qui fait écho à l'histoire contemporaine de l'Algérie et le « L'attente » de Kutay Denizler et Burak çevik sur l'agonie, l'absence et l'immobilisme. Une œuvre aux dimensions humaines qui fait sens.