Durant plus d'un demi- siècle d'indépendance, toutes les politiques nationales adoptées en matière de promotion sociale ont été vouées à l'échec. Même les mécanismes exécutifs y afférents et les programmes du développement régional mis en œuvre pour le bien-être de l'individu et la croissance de l'économie n'arrivent pas, à ce jour, à tenir leurs moindres promesses et réaliser les objectifs tant attendus. Et pourtant de toutes ces défaillances, on n'en a jamais entendu parler. Il aura fallu attendre une révolution pour que les masques tombent et que l'on découvre un faux projet sociétal monté de toutes pièces. Aujourd'hui, il n'est plus question de falsifier les vérités et induire tout un peuple en erreur. Plutôt, il est temps de tout revoir et repenser pour rectifier le tir et reprendre de plus belle. Dans ce sens, les deux présidences de la République et du Gouvernement ont conjointement organisé, hier au siège du ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle au Bardo, un symposium international ayant pour thème: «Politiques publiques pour l'inclusion sociale ». En s'inspirant de l'expérience brésilienne pour mieux réformer la nôtre, toutes les communications présentées ont opté pour une lecture critique basée sur un raisonnement analogique visant à peser le pour et le contre. Sans pour autant tomber dans la reproduction du modèle brésilien. A l'ouverture de cette manifestation, dont les travaux prendront fin aujourd'hui, le ministre des Affaires sociales, M. Khalil Zaouia, a donné à l'assistance un aperçu de l'état des lieux, brossant un triste tableau d'acquis en deçà des attentes et de chiffres qui reflètent, en grande partie, la défaillance d'un système politique tapageur. Un système où les politiques sociales successives ont été jugées figées, n'aboutissant à rien en termes de réalité tangible. C'est que le taux de pauvreté se situe aux alentours de 11, 5%, soit près d'un million deux cents mille habitants dont la majorité se concentre dans les régions du centre-ouest et du sud-ouest du pays. Selon la logique de la Banque mondiale, cela signifie qu'il y a une large population tunisienne qualifiée de catégorie vulnérable vivant à moins de deux dollars par jour. Incroyable, mais vrai ! Car, dans un contexte, où s'abstiennent tous les indices de la transparence et la société civile se refuse de réagir, les mensonges et les allégations infondées se transforment en faits avérés. Même les multiples programmes d'insertion sociale spécifiques destinés aux plus démunis afin de les assister à trouver place dans la société et dans le monde du travail sont considérés, aujourd'hui, comme étant des moyens de manœuvre et d'instrumentalisation politique. Aux dires de M. Mongi Ayeb, directeur général des ressources humaines au ministère du Développement régional et de la Planification, l'expérience de lutte contre la pauvreté en Tunisie nécessite d'être revalorisée dans le cadre d'une nouvelle approche de développement participative qui devrait rompre avec la mentalité d'assisté au profit de l'esprit du compter-sur-soi. Autres défis majeurs auxquels le gouvernement tunisien est appelé, désormais, à faire face, à savoir l'élargissement de la couverture sociale, la réforme des régimes de la sécurité sociale et la préservation de leurs équilibres financiers, l'efficacité des programmes d'aides sociales et l'amélioration du pouvoir d'achat des ménages. Autant de piliers d'une économie solidaire et d'une société cohérente et plus soudée, où il n'y aurait plus d'exclusion et de disparités régionales. Cela, comme a déclaré M. Zaouia, serait possible, dans la perspective d'instaurer un dialogue national approfondi portant sur les différentes causes sociales telles que le chômage, la pauvreté et le déséquilibre régional.. Et de préciser que toutes ces questions qui préoccupent la société depuis de longues années feront l'objet d'un pacte social dont la signature aura lieu le 14 janvier prochain. Au cours de ce symposium, le modèle brésilien a été pris pour exemple réussi d'une intégration socioéconomique globale. Le gouvernement brésilien, partie prenante dans l'organisation de ce séminaire, a fait état d'une politique d'aide et d'assistance remarquable visant à promouvoir la famille brésilienne et d'en améliorer les conditions de vie. «Bolsa familia» et «Agricultura familiar» et bientôt le lancement d'un nouveau programme «Brésil sans misère», tels sont les programmes phares dont Tunisie voudrait tirer profit. Notons qu'une convention de coopération bilatérale a été signée, hier, en marge des travaux. Aujourd'hui, le symposium prendra fin lors d'une clôture sera assurée par le président de la République, Moncef Marzouki. Une journée de couronnement au cours de laquelle les deux parties tunisienne et brésilienne vont définir les projets de coopération à soumettre à la commission mixte tuniso-brésilienne prévue pour novembre prochain.