Plusieurs zones d'ombre subsistent dans l'enquête menée sur les événements douloureux ayant émaillé l'attaque perpétrée contre l'ambassade US Des cadres policiers pourraient être démis de leurs fonction pour «mauvaise gestion» des incidents Cinq jours après l'attaque perpétrée contre l'ambassade US à Tunis, l'heure est encore au flou dans l'enquête ordonnée d'urgence par le ministre de l'Intérieur, sur «instructions fermes» du chef du gouvernement. Il est vrai que, jusqu'à présent, les premiers éléments des investigations, en dépit d'une bonne percée, n'ont pas pu élucider la totalité de l'énigme. Une certitude quand même: toute la lumière, selon certaines sources concordantes et proches de l'enquête, sera faite dans les tout prochains jours. Zones d'ombre En attendant, des zones d'ombre subsistent encore, à savoir: 1 —Pourquoi n'a-t-on pas pris les mesures préventives appropriées, 48 heures avant le déclenchement des incidents ? Question d'autant plus importante que tout portait à croire que le drame de Benghazi ayant coûté, deux jours plus tôt, la vie à l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye pourrait faire tache d'huile dans les pays arabes et musulmans. 2 — Techniquement, la foule imposante des manifestants ayant pris la direction de l'ambassade US depuis la mosquée El Fath de Tunis a été mal encadrée par la police. 3 — Les dispositifs de sécurité et de prévention placés devant l'ambassade présentaient des failles. Une preuve au moins: les chars de l'Armée et de la Garde nationale n'ont pu être déployés qu'une fois... le mal est fait ! 4 — L'école américaine à proximité de l'ambassade a curieusement manqué de toute protection policière. D'où les dégâts considérables qu'on lui a causés. 5 — Pourquoi a-t-on fait usage de balles réelles de façon tardive, en dépit de la colère aveugle et sauvage des manifestants ? 6 — Comment des malfrats et autres repris de justice (c'est également confirmé) ont pu sans être empêchés venir renforcer les rangs des manifestants salafistes, alors qu'ils brandissaient pierres, bâtons, barres de fer et... cocktails Molotov ? 7 — Pourquoi n'a-t-on pas placé des barrages et cordons policiers en nombre suffisant autour de l'ambassade et sur le chemin y conduisant ? 8 — Comment peut-on concevoir que des manifestants puissent escalader, impunément, l'enceinte de l'ambassade, y arracher un drapeau avant d'y mettre le feu et de le remplacer par un autre ? Interrogatoires cruciaux Autant d'interrogations intrigantes qui donnent matière à réflexion. Pour un expert en matière d'investigations policières, «ces failles sécuritaires sont à la fois monumentales et impardonnables. Et je suis persuadé que des cadres des forces de sécurité intérieure en assument la responsabilité, tout simplement parce que ce sont eux qui donnent les ordres et qui sont appelés à appliquer scrupuleusement ceux d'en haut». Cela veut-il dire que de hauts cadres de la sécurité vont en payer les frais ? Des têtes tomberont-elles ? N'anticipons pas, et laissons le temps à l'enquête de poursuivre son bonhomme de chemin. Une enquête menée en ce moment avec autant de rigueur que de fermeté, non seulement auprès de certains chefs de brigades et de commissariats, mais aussi auprès des 66 agents blessés.