Les démons du Waterloo de Lubumbashi 2010 ont ressurgi d'un seul trait depuis l'annonce de l'affiche des demi-finales de la Ligue des champions Il y a deux ans, l'Espérance de Faouzi Benzarti se faisait étriller (5-0) en finale aller de la LCA dans la confusion et la frustration générées par l'arbitrage du Togolais Djaoupé Kokou. Jamais referee n'avait été pointé du doigt, critiqué et même détesté comme l'avait été cet homme en noir qualifié de 12e joueur du Tout-Puissant de Mazembe et que certains joueurs comme Korbi, Chammam et Msakni soupçonnèrent d'être «à moitié ivre puisqu'il dégageait une forte odeur d'alcool». Jusqu'à ce jour, beaucoup de gens continuent de soutenir que le premier but congolais était doublement irrégulier puisqu'il y avait coup franc au départ de l'action en faveur de l'EST; de plus, le ballon n'aurait pas franchi la ligne de but. Ils critiquent également la décision d'expulser l'arrière central Mohamed Ali Ben Mansour qu'ils trouvent très sévère. Sur le coup, toute une légende a vu le jour autour d'une supposée invitation de cet arbitre par le président du TPM, le richissime Moïse Katumbi Chapute. Il aurait résidé toute une semaine dans une villa mise gracieusement à sa disposition par le patron très contesté de Mazembe autour duquel toutes sortes d'histoires, quelquefois scabreuses, sont d'ailleurs racontées. Le 31 octobre 2010, peu de gens de filiation «sang et or» sont près de l'oublier. Car après avoir nourri toutes ces ambitions et caressé le rêve fou de dompter —finalement! — la maudite Ligue des champions, tout s'écroulait subitement, sur un seul match, sans devoir même attendre la manche retour. Deux ans plus tard, l'heure de la revanche — toute sportive, s'entend — a sonné. Et cette fois, le club de Bab Souika ne va pas devoir attendre la finale pour régler son compte au Tout-Puissant, et apurer un aussi lourd contentieux. Certes, entre-temps, il a bel et bien fini par réparer cette injustice de l'histoire qui l'a vu échouer tant et tant de fois aux portes du sacre continental le plus recherché, la fameuse Champions League, pour aussitôt ressembler à un Sisyphe du foot africain. En effet, un an tout juste après la déroute de Lubumbashi, il remportait haut la main le titre africain qui s'était jusque-là refusé à sa cour assidue. L'EST cherchera sa revanche cette fois en demi-finales. Un tour présentant un même ordre de rencontres que lors de la finale maudite : aller à Lubumbashi le 5, 6 ou 7 octobre, retour le 19, 20 ou 21 octobre à Radès. Mais que les copains de Khalil Chammam espèrent cette fois remporter. «Il nous faudra beaucoup de concentration et de discipline pour écarter un ensemble redoutable pouvant compter sur quatre joueurs d'attaque, tous capables de faire la différence, observe l'entraîneur Nabil Maâloul. Cela ne nous empêchera pas d'aller au Congo pour gagner, et nous en avons les moyens. C'est Mazembe qui doit nous craindre, et non l'inverse», assure-t-il. Pourtant, au jeu des probabilités, l'entraîneur espérantiste aurait aimé rencontrer Al Ahly à ce stade de la compétition : «Non pas que la formation égyptienne soit techniquement inférieure au champion du Congo, mais tout simplement parce qu'elle risque de devenir plus redoutable encore en finale après avoir gagné en rythme et en compétition», explique-t-il. Pourtant, sans que Maâloul l'admette réellement, rencontrer le septuple champion d'Afrique présente un avantage indiscutable, celui du huis clos instauré en Egypte et applicable également aux rencontre africaines, à l'instar du derby de dimanche dernier disputé devant des gradins vides au stade Borj El Arab, à Alexandrie, et conclu par un nul (1-1) face à un Ezzamalek déjà éliminé. Turnover et concentration Dans l'immédiat, c'est la course au titre du championnat qui requiert toute l'attention du clan «sang et or», comme le démontre la concentration imposée aux joueurs dans un stage non-stop qui se poursuivra jusqu'au 30 septembre, date de la 30e et dernière journée de Ligue 1, contre le Stade Tunisien. La gestion de ce sprint final qui débouchera, une semaine après le baisser de rideau du championnat, sur la première manche de Lubumbashi requiert un maximum de précautions. Cela a été d'ailleurs le cas vendredi dernier dans la simple formalité à accomplir, au stade Boumerzag devant les Algériens de l'ASO Chlef. Une formalité certes sanctionnée par la première défaite en Ligue des champions 2012, mais qui aura néanmoins permis de faire reposer huit titulaires et de procéder à un intéressant turnover assurant une protection contre les risques de blessure et de suspension. D'aucuns prétendent qu'Al Ahly a la chance de rencontrer l'invité-surprise aux demi-finales, les Nigérians de Sunshine Stars d'un certain Azuka Ibobo, recruté par l'EST. Mais à ce stade de la compétition, rien n'est sûr, tous les scénarios étant possibles. Si les «Sang et Or» veulent conserver leur couronne continentale, ils doivent être prêts à écarter n'importe quel adversiare. Le Tout-Puissant en premier lieu afin de chasser les démons de Lubumbashi.