Le chaos règne au Parlement somalien MOGADISCIO (Reuters) — La capitale somalienne a subi hier d'intenses pilonnages d'artillerie qui ont fait au moins 24 morts et des dizaines de blessés, tandis que le président du Parlement annonçait qu'une motion de censure contre le gouvernement avait été adoptée. Aden Madobe, président de l'assemblée, a dit avoir demandé au Président du pays de former un nouveau gouvernement. Un membre du secrétariat de la chambre a confirmé l'issue du vote mais en demandant à garder l'anonymat. "Il y a eu 280 voix contre le gouvernement, 30 pour et huit abstentions. Par conséquent, nous allons demander au Président Cheikh Charif de former un gouvernement de toute urgence", a déclaré Madobe par téléphone à Reuters. La situation est cependant confuse, certains parlementaires ayant contredit le président de l'assemblée en affirmant qu'aucun vote n'avait eu lieu et qu'ils allaient en fait se prononcer par vote sur Madobe lui-même. "Nous ne lui avons pas donné l'occasion d'organiser la motion de censure. Tous les députés l'invectivaient en lui disant 'vous n'êtes pas le président'", a déclaré à Reuters un député, Ahmed Youssouf. Familles en fuite L'activité parlementaire a été paralysée cette année, de nombreux élus vivant au Kenya, en Europe ou en Amérique à cause de l'insécurité qui prévaut en Somalie. Les députés sont en outre divisés sur le mandat confié au président de la chambre et sur sa compétence. Certains experts jugent possible qu'une motion de censure constitue un stratagème de Madobe et de ses partisans pour le maintenir à son poste. Le président du Parlement est l'un des personnages politiques les plus influents d'un pays en proie à la violence depuis près de deux décennies. "Je crois que ces chiffres sont inventés", a dit Rachid Abdi, analyste somalien du groupe de réflexion International Crisis Group. "On peut s'attendre à une déclaration de Charif annonçant qu'il ne reconnaît pas la validité du vote et que le gouvernement reste en place." Pour sa première séance plénière de l'année, le Parlement a été hier la cible de tirs de mortier de la part de rebelles islamistes auxquels ont riposté des tirs d'obus des troupes de l'Union africaine affectées au maintien de la paix. Un mouvement de défense des droits de l'Homme a fait état de 24 morts au moins. Les combats ont continué après la fin de la séance parlementaire. "Le bilan des morts s'élève maintenant à 24 et risque de s'alourdir parce que des bombardements terribles se poursuivent. Les hôpitaux de Mogadiscio sont remplis de blessés et, jusqu'ici, nous en avons dénombré au moins 58", a déclaré Ali Yahin Gedi, vice-président du groupe Elman. Il a ajouté que des centaines de familles s'enfuyaient de cinq quartiers de la ville avec les biens qu'elles pouvaient emporter. Depuis 1991, la Somalie n'a plus de gouvernement central en mesure d'administrer son territoire. Le cabinet de transition ne contrôle qu'une partie de Mogadiscio. Les milices Al Chabab,Hizbul Islam et la milice pro-gouvernementale Ahlu Sunna Waljmaca se partagent le reste du pays.