Croissance du niveau de consommation de 2,9% de 2000 à 2010. Diminution du taux de pauvreté de 32,4% en 2000 à 15,5% en 2010. L'Institut national de la statistique (INS) a tenu une conférence de presse hier à Tunis, pour présenter les premiers résultats de l'enquête nationale sur le budget, la consommation et le niveau de vie des ménages en 2010. Ces résultats viennent après qu'une revue complète et une mise à jour de la méthodologie de mesure de la pauvreté ait été effectuée en collaboration avec la Banque africaine de développement (BAD), et la Banque mondiale (BM). Tous les anciens chiffres ont été recalculés avec cette nouvelle méthode pour pouvoir faire les comparaisons. La collecte des données a duré une année, entre 2010 et 2011. 12.000 ménages sont concernés, à raison de 1.000 ménages consultés par mois. Le premier résultat présenté est le niveau de dépenses par personne et par an, qui a évolué de 1.410DT en 2000 à 2.601DT en 2010. L'agrégat de consommation, qui ne prend pas en compte les investissements, les achats de biens durables, et les dépenses irrégulières, a, lui, évolué de 1.252DT en 2000 à 2.360DT par an et par tête en 2010. Deuxième résultat présenté, celui de la pauvreté. Un ménage est défini comme pauvre si sa consommation est en dessous du seuil de pauvreté fixé à 1.277DT par an et par individu dans les grandes villes, contre 820DT dans les zones rurales. Le pourcentage de la population pauvre est passé de 32,4% en 2000, à 15,5 % en 2010 an niveau national. Les régions du centre-ouest et du nord-ouest du pays restent les plus pauvres, suivies de celles situées au sud. Si la pauvreté est en baisse à l'échelle du pays, la disparité régionale, elle, est en hausse. A titre d'exemple, le Centre-Ouest enregistre un taux de pauvreté extrême six fois plus élevé que celui du Grand-Tunis en 2000, et il est devenu treize fois plus élevé en 2010. Explications méthodologiques Le pourcentage de pauvreté est calculé à partir de l'agrégat de consommation et des seuils de pauvreté. Il y a deux seuils de pauvreté, et selon que l'on utilise l'un ou l'autre, le pourcentage est plus ou moins élevé. Ces deux seuils sont le seuil haut, également appelé seuil de vulnérabilité, et le seuil bas ou pauvreté extrême. La différence est que le premier prend en compte uniquement les besoins alimentaires des individus, alors que le second intègre d'autres besoins essentiels (logement, dépenses de santé et transport). Le seuil de pauvreté extrême est toujours inférieur au seuil de vulnérabilité. Pour cette raison, quand il y a une quelconque pression politique, on ne publie que les chiffres de pauvreté utilisant ce dernier seuil, de manière à ne pas choquer l'opinion publique. Lors de la conférence de presse, le directeur général de l'INS, Jalel Eddine Ben Rejeb, a assuré qu'il n'y a aucune pression politique subie par l'institut, en réponse à un journaliste qui s'étonnait de la diminution importante, selon lui, du taux de pauvreté dans le pays. Quant aux chiffres avancés par le ministère des Affaires sociales, le DG a rappelé qu'ils ne sont pas basés sur des enquêtes sur terrain, mais plutôt sur des données administratives. Ils ne donnent pas une estimation de la pauvreté mais sur le taux des familles bénéficiant d'aides sociales. L'INS prévoit de réaliser d'autres études à partir des résultats de cette enquête. Le prochain rendez-vous sera donc pour la fin de l'année, pour connaître les résultats de l'impact des subventions sur la population pauvre.