Le gouvernement provisoire a annoncé à la fin du mois dernier un taux de pauvreté estimé à 24,7% en Tunisie. Un taux qui vient contredire toutes les statistiques publiées et tant vantées auparavant par les autorités publiques. L'image tronquée de la Tunisie sort à découvert pour montrer au grand jour la réalité escamotée d'une pauvreté indécente et d'une économie vulnérable. Qui nous a leurrés durant tout ce temps là ? : C'est la question qui se pose aujourd'hui. Est-ce la faute à l'Institut National de la Statistique (INS), au gouvernement déchu…? Pour appuyer sa position et étayer la fiabilité, l'intégrité et le professionnalisme de ses agences, l'INS a apporté récemment des précisions quant aux méthodes et méthodologies suivies par les « staticiens » pour mesurer le taux de pauvreté. L'INS se défend contre les accusations l'accablant notamment en ce qui concerne le maquillage des anciennes politiques poursuivies à l'époque de Ben Ali. Rappelons que Mohamed Ennaceur, ministre des Affaires Sociales a annoncé récemment un taux de pauvreté de 24,7% fixé selon les standards internationaux qui déterminent le taux de pauvreté à 2 dollars par jour et par tête d'habitant (soit près de 3 dinars tunisiens). L'INS a quant à lui estimé le taux de pauvreté à 3,8% et ce conformément à l'enquête réalisée en 2005. L'INS explique dans un communiqué rendu public la semaine dernière, que la méthodologie poursuivie par l'Institut National de la Statistique (INS) pour déterminer le taux de pauvreté et les disparités sociaux repose sur l'enquête nationale réalisée d'une façon périodique et tous les cinq ans sur les dépenses et la consommation des ménages Tunisiens. Le taux de pauvreté a été ainsi déterminé selon la méthodologie proposée par la Banque Mondiale, une méthodologie adaptée depuis 1980. La méthode poursuivie évalue deux niveaux différents de la ligne de pauvreté : la ligne de pauvreté extrême et la ligne de pauvreté supérieure. L'enquête réalisée en 2005 révèle que 3,8% de la population (400.000) vivent au-dessous du seuil de la pauvreté extrême. Quant à la ligne de pauvreté supérieure, elle tient compte du niveau de dépenses en produits non alimentaires et ce en dehors du coût des besoins alimentaires. Cette étude a démontré entre autres que 11% de la population tunisienne vivent au-dessous de la ligne de pauvreté supérieure, utilisée officiellement dans plusieurs pays voisons dont le Maroc (13%) et l'Egypte (18%). L'INS a présenté par ailleurs dans le même communiqué la troisième ligne de pauvreté adoptée dans le monde et plus particulièrement par la Banque Mondiale pour déterminer le taux de pauvreté dans les pays les plus démunis. Toujours et selon le sondage de 2005, l'INS a déterminé comme suit le pourcentage de la population vivant avec moins de 1 et 2 dollars par jour : 20% de la population dépensent moins de 1 dollar par jour et 2,8% de la population dépensent moins de 2 dollars par jour. Quant au taux de 24,7% annoncé par le gouvernement provisoire, l'INS précise que ce taux a été déterminé en recensant le nombre de personnes bénéficiaires des instruments d'assistance mobilisés par le ministère des Affaires Sociales dont les carnets de soins, les primes et indemnités versées aux familles nécessiteuses et autres programmes sociaux. Pour l'INS, il est inadmissible de considérer cette catégorie sociale de la population comme étant des pauvres et ce conformément à la définition scientifique du terme pauvreté, telle qu'elle est universellement définie par les organisations internationales. Toutefois, la question qui se pose encore est la suivante: qui dit vrai ? Et qui croire ? Et croire à qui ?