Béji Caïd Essebsi passe en tête ! Le grand gagnant des personnes sondées est «je ne sais pas» Du 19 au 23 septembre dernier, une enquête téléphonique a été réalisée à l'initiative du sondeur Emrhod, qui donne un aperçu de l'état de l'opinion à l'heure actuelle ainsi que de l'évolution de ses tendances durant les derniers mois. Effectuée sur un échantillon de 940 personnes, réparties en fonction des critères différents qui prennent en compte la répartition géographique, l'âge, le niveau de scolarité ainsi que l'appartenance au monde rural (35 %) ou urbain (65%), cette enquête nous renseigne sur les deux points suivants : la cote des trois présidents et les intentions de vote. S'agissant de ce dernier point, des données sont présentées qui concernent pour les unes les partis, pour les autres les personnalités politiques. S'agissant du premier point, l'enquête d'Emrhod fait ressortir une érosion de la cote des trois représentants de l'Etat. Le président de la République, Moncef Marzouki, recueille désormais 4,1 % de «tout à fait satisfaits» et 40,4% de «plutôt satisfaits» contre 27,3 % de «plutôt insatisfaits» et 24,3 % de «Tout à fait insatisfaits». Ce qui est significatif, c'est la baisse de 3 points sur chacune des deux réponses favorables depuis le dernier sondage, effectué en juin dernier. Les «plutôt insatisfaits» grimpent de leur côté de 20,6 à 27,3 % ! En revanche, les réponses les plus défavorables n'augmentent pas : elles connaissent au contraire un tassement, de 26,2 à 24,3 %. Le scénario est globalement analogue pour le président de l'ANC, Mustapha Ben Jaâfar, avec des nuances toutefois : une chute plus sévère du nombre des «très satisfaits», qui passent de 9,1 à 3,1 %, et un recul plus léger des «plutôt insatisfaits», de 39 à 38 %. Les «plutôt insatisfaits» recueillent l'effet de cette érosion, avec une progression de 20 à 27,7%, puisque les «franchement mécontents» demeurent à un niveau presque inchangé (de 24 à 24,2 %). En ce qui concerne Hamadi Jebali, la question adressée aux personnes interrogées, indique le document, porte sur «le travail du gouvernement». Et, là encore, le camp des satisfaits connaît une nette diminution : les «très satisfaits» passent de 10,9 à 4,5 % et les «plutôt satisfaits» de 39,3 à 36,9 %. Dans le camp des insatisfaits, ce sont les moins mécontents qui progressent : de 20,4 à 28,7 % pour les «plutôt insatisfaits». Quant aux «très insatisfaits», non seulement ils n'augmentent pas mais ils diminuent modérément : ils représentaient 25,7 % en juin dernier et ne sont plus que 24,9 %. A la question : «Pour quel parti politique voteriez-vous si les élections avaient lieu demain ?», le panel a donné les résultats suivants : Ennahdha recueille 22 % mais est en recul de 3,5 points par rapport au dernier sondage de juin dernier. En deuxième position vient Nida Tounès, qui atteint les 13,4 %, réalisant une progression très nette puisque les derniers chiffres étaient de 5,2 %. Le CPR dégringole quant à lui de 7,9 à 4,6 %, talonné désormais de très près par Al Joumhouri qui, lui, grignote les points en passant de 4,2 à 4,5 %. Ettakatol fait également une chute brutale avec un chiffre qui va de 4 à 1,9 %. Mais le grand enseignement de l'enquête, sur ce point précis, c'est le nombre des indécis, entre ceux qui choisissent «aucun» et ceux qui «ne savent pas» : les premiers arrivent en tête avec 25,1 % et marquent une progression, plutôt inquiétante, de quelque 6,7 %, et ceux qui «ne savent pas» atteignent les 19 %. Totalisant à eux deux plus de 44 % des personnes interrogées, ces deux catégories marquent toute la marge qui reste à exploiter par les formations politiques afin de conquérir leur électorat. Enfin, et pour ce qui est des personnalités politiques, on assiste à un revirement au sommet : c'est désormais Béji Caïd Essebsi qui caracole en tête, après une progression régulière sur les six derniers mois qui l'a fait passer de 2,8 à 11 % entre mars et juin, puis de 11 à 14,7 % entre juin et septembre. A l'inverse, Moncef Marzouki connaît une régression sévère : crédité de 21,8 % en juin, il n'en recueille plus que 9 ! Les résultats relatifs aux autres personnalités politiques ne révèlent pas de changements très significatifs, si ce n'est peut-être le recul de Mustapha Ben Jaâfar (de 6 à 3 %). Ainsi, le sondeur présente les données suivantes : Hamadi Jebali : 6,2 %; Rached Ghannouchi : 3,2 %; Hamma Hammami : 2,1 %; Néjib Chebbi : 2 % ; Samir Dilou : 2 % et Yacine Brahim : 1,8 %. Mais, ici aussi, on notera que le grand gagnant des personnes sondées est «Je ne sais pas», à hauteur de 28,2 %, et «Aucun», à hauteur de 20,7 %... Soit un total, à méditer, de 48,9 %... Autant dire la moitié !