La préservation des postes d'emploi et des avantages sociaux doit être prise en considération par les entreprises à céder aux privés La Tunisie a toujours opté, dans le cadre de l'économie de marché et de l'ouverture sur les marchés extérieurs dans le domaine de l'investissement, de se dégager des secteurs concurrentiels dont il serait plus judicieux de confier la gestion à des investisseurs privés. En effet, cette orientation est consacrée par plusieurs pays du monde qui ont défini le rôle de l'Etat dans la gestion des affaires du pays. Celui-ci est appelé à réaliser l'infrastructure de base — comme les routes, les échangeurs, les ponts — pour faciiliter le déplacement des personnes et des marchandises, de promulguer les textes juridiques et de fournir certaines prestations administratives au profit des particuliers et des privés. Quant aux secteurs productifs dans le domaine de l'industrie et des services, c'est au secteur privé de les prendre en charge en prévoyant les investissements nécessaires à cet effet. A part certaines entreprises qui fournissent des services vitaux — comme celles qui gèrent l'eau, l'électricité et l'énergie qui demeurent sous la responsabilité de l'Etat — toutes les autres entreprises peuvent revenir au secteur privé. Pourtant, certains travailleurs sont parfois contre la vente de leur entreprise publique ou semi-publique aux privés car ils considèrent que, sous la responsabilité de l'Etat, l'entreprise fournit plus de garanties et assure la pérennité de l'emploi et des avantages sociaux. Des chiffres d'affaires positifs C'est que certains investisseurs privés n'hésitent pas pour assurer l'équilibre financier de commencer par imposer un plan social qui prévoit le licenciement de plusieurs travailleurs dont certains ont une longue expérience au sein de l'entreprise. Vu la conjoncture internationale défavorable et la récession de la demande internationale dans certains secteurs, nombre d'entreprises ont vu leur situation financière se dégrader compte tenu d'un déséquilibre entre les recettes — qui ont régressé de façon spectaculaire — et les dépenses qui ont augmenté suite à l'accroissement des prix des matières premières et des charges sociales et salariales. Depuis quelques années, l'Etat tunisien établit régulièrement des listes d'entreprises privatisables dans le cadre d'une stratégie mise en place à cet effet. Des appels d'offres internationaux ont été, certes, lancés en vue de vendre ces acquis aux plus offrants, mais certains observateurs doutent de la transparence des opérations de vente qui favorisent certains investisseurs aux dépens d'autres. De plus, les commissions des ventes de ces entreprises profitent à des personnes favorisées qui ont vu leur fortune augmenter en une très courte période. Certes, l'Etat ne peut pas gérer des entreprises productives comme c'était le cas au lendemain de l'Indépendance quand l'économie était centralisée et le marché renfermé sur lui-même. C'était l'époque du lancement de l'économie et le début de développement de tous les secteurs comme le tourisme, les services, l'agriculture, l'industrie... L'Occident et notamment le marché européen soutenaient cette économie par l'ouverture de leurs frontières aux produits tunisiens. L'Etat était presque le seul à gérer toutes les affaires économiques de l'Etat en allouant chaque année des fonds importants pour assurer l'évolution des secteurs d'activité. Progressivement, ces secteurs ont été confiés à des promoteurs privés dont certains ont été, auparavant, de hauts cadres de l'Etat travaillant dans ces entreprises publiques. Les entreprises privatisées ont pu réaliser, une fois prises en charge par des investisseurs privés, des chiffres d'affaires positifs dans la mesure où la conjoncture économique était favorable malgré le climat de protectionnisme qui règne dans les pays émergents. Depuis, la situation économique mondiale et nationale a connu tant de changements et il faut s'y adapter lors des opérations de vente des entreprises privés ou à participation publique. D'où la nécessité de prendre les précautions nécessaires en proposant la vente des entreprises dans le cadre d'appels d'offres en se basant sur la transparence et le respect de la réglementation en vigueur. Parmi les conditions de vente, figure la nécessité de préserver un nombre de postes d'emploi. Ainsi, l'investisseur ne sera pas libre de mettre à la porte un grand nombre de travailleurs et d'augmenter le rang des chômeurs tout en multipliant les cas sociaux. La pérennité de l'emploi et la préservation des acquis sociaux — dont la promotion professionnelle — doivent être placées en tête de liste des entreprises privatisables. D'autres conditions peuvent être définies comme celles qui concernent le transfert technologique; la commercialisation d'une part des produits ou des services sur le marché local, le recrutement de nouveaux employés en recourant au marché du travail tunisien... Les travailleurs tunisiens sont appelés, de leur côté, à soutenir le nouvel investisseur et les éventuelles réformes qu'il peut effectuer — considérées comme nécessaires pour la promotion de l'entreprise — afin de mériter leur place et pouvoir, par conséquent, bénéficier des fruits de la croissance générée. Les arrêts de travail et les doléances répétées devraient être évités autant que faire se peut afin de ne pas contraindre l'entreprise à suspendre ses activités ou à réduire ses capacités concurrentielles.