La Direction générale de la privatisation vient de lancer un appel d'offres international pour une mission d'assistance aux processus d'augmentation et d'ouverture du capital de la société nationale de distribution de pétrole (SNDP). L'opération a été lancée dans le cadre de la politique de désengagement de l'Etat Tunisien des secteurs concurrentiels. Cette privatisation devrait prendre la forme d'une ouverture du capital, à hauteur de 35%, à un investisseur stratégique du secteur. Elle ne devrait donc pas se faire dans le cadre de la bourse de Tunis par une ouverture du capital au public. La bourse ne devrait servir que pour l'enregistrement de l'opération. Entre-temps, le Premier Ministère se prépare à faire appel à une Banque d'affaires pour l'assister à la détermination du capital optimal de la SNDP, l'évaluation de la valeur de référence de l'action SNDP, l'élaboration d'une stratégie de marketing, sa mise en uvre et l'assistance à la finalisation de l'opération d'ouverture du capital de la société. Cette première étape devrait se terminer le 31 janvier 2004, date à laquelle les offres devraient parvenir à la DG de la privatisation. Who's who ? Société publique depuis le 11 mai 1977, après le rachat en deux temps (1963 et 1975) d'AGIP Tunisie de chez les Italiens ENI et AGIP, la SNDP est une entreprise travaillant dans le domaine des hydrocarbures aux multiples activités. D'abord la distribution des hydrocarbures avec 180 stations essaimés à travers tout le territoire de la république, de Bizerte à Tataouine. C'est aussi l'un des principaux fournisseurs des différents ports et aéroports Tunisiens avec une capacité de stockage dépassant les 135 mille mètres cubes de La Goulette à Gabès, en passant par le port de Bizerte et l'aéroport de Tabarka.
La SNDP, c'est aussi l'un des principaux fournisseurs en GPL (Gas de Pétrole Liquéfié) où elle accapare 54% du marché grâce à ses 3 centres de mise en bouteille (Bizerte, Gabès et Sabbalet Ben Ammar près de la capitale Tunis) d'une capacité totale de 10 millions de bouteilles de 3, 13 et 25 kilos. En collaboration avec l'Italien Agip Petroli, la SNDP a aussi pu développer un savoir faire dans la fabrication des huiles, automobiles et de transformateurs (en coopération avec l'Autrichien Technol) notamment, qu'elle distribue dans ses 180 points de ventes et stations services. Comme pour la majorité des entreprises publiques, on sait peu de choses à propos de cette entreprise. Sur « Ecofinance » du mois de décembre dernier, on apprend pourtant que la SNDP a réalisé un chiffre d'affaires, pour l'année 2002, de plus de 402 MDT. Son résultat reste positif puisqu'elle annonce un bénéfice d'un peu plus de 6,1 MDT. On ne sait par contre rien sur le niveau de ses investissements et de ses engagements bancaires, ni si elle est endettée ou non. Ce qui est sûr, c'est que jusqu'à présent toutes les opérations de privatisation ont été précédées par un assainissement financier. « Privatisation quand tu nous tiens » La SNDP, fait partie d'une liste de 34 entreprises privatisables, tel que l'indique le site Internet dédié à ce sujet. A ce jour, et à l'exception de la société de distribution de pétrole, seuls les cas des AMS, de Tunisie Lait, de la Sotacib, de la Stil, de la Banque du Sud et de la Socomena, semblent être a un stade assez avancé, tout au moins jusqu'a l'étape de lancement de l'appel d'offres. Il faut dire que depuis son démarrage en 1987 et jusqu'à fin décembre 2002, le programme de privatisation a porté sur 163 entreprises pour un produit total de cession d'environ 2 320 millions de Dinars. Le programme a connu une accélération remarquable au niveau du 9ème plan, tant au niveau du nombre d'opérations qu'au niveau des recettes. Plus de 52% des opérations et 51 % des recettes des privatisations ont été réalisées au cours du 9ème plan. Elles ont touché des entreprises opérant dans le secteur industriel et celui des services, avec respectivement 40,6% et 56,8% des recettes de privatisation. Il faut aussi remarquer que 78 entreprises ont été privatisées sous forme de cessions d'actions. 83 entreprises ont été cédées sous forme de cession d'éléments d'actifs, rapportant 335 MDT. Deux autres opérations de concession ont généré une recette de 756 MOT soit 33 % du total des produits. Sur l'ensemble du programme réalisé au 31 août 2002, 75 % des recettes de privatisation proviennent d'investissements extérieurs. Comment se fait la privatisation ? Le programme de privatisation, en Tunisie, a connu trois phases : Les premières opérations (1987-1994) ont concerné des entreprises à structure financière déséquilibrée. Elles ont été, notamment, réalisées sous forme de vente d'actifs où, généralement, avec un démembrement de la société en unités d'exploitations autonomes afin de faciliter leur cession et, surtout, toucher une large gamme d'investisseurs. Ces opérations ont surtout touché les secteurs des services (tourisme et commerce), la pêche et l'agro-alimentaire. La seconde phase (1994-1997) et à la faveur des avancées en matière de réforme économique et de la mise en place d'un cadre juridique et institutionnel approprié, a concerné les entreprises à structure financière saine. A cet effet, les opérations de privatisation se sont réalisées sous forme de vente de blocs d'actions de contrôle sur la base d'un cahier des charges et/ou d'offres publiques de vente. En effet, avec la promulgation de la loi d'août 1994 les opérations de privatisation par vente de blocs d'actions de contrôle sur la base d'un cahier des charges se sont développées. Celles-ci ont été souvent accompagnées par des O.P.V; et c'est à partir de 1996 que le programme de privatisation a commencé à connaître un rythme soutenu grâce à la cession d'entreprises bénéficiaires. La troisième phase, entamée depuis 1998, a permis d'inclure les grandes sociétés telles que les cimenteries avec, en appui, le recours aux banques conseils et à des techniques plus élaborées incluant les concessions (Centrale de Radès Il, où la formule B.O.O (Build, Own & Operate) a été adoptée. L'octroi à un opérateur privé l'exploitation d'un deuxième réseau GSM sous forme de concession. Le choix des acquéreurs obéit à des critères purement objectifs et s'effectue selon le principe de l'égalité de traitement des soumissionnaires. En effet, la décision de cession se base sur l'offre financière (montant et modalités de paiement), le plan d'investissement de développement à mettre en uvre, le nombre d'emplois à maintenir et à créer, ainsi que le transfert de technologie et les marchés à l'exportation à assurer. L'intérêt est, ainsi, porté davantage sur la pérennité de l'entreprise et le développement de son activité qu'à la maximisation du produit des ventes. (Source : www.tunisieinfo.com/privatisation )