FRANCFORT (Reuters) — La Banque centrale européenne (BCE) a acheté 16,5 milliards d'euros d'obligations d'Etats de la zone euro entre lundi et vendredi derniers dans le cadre de son programme de rachats de dette publique et elle compensera ces opérations en collectant des dépôts à une semaine en provenance des banques, a-t-elle annoncé hier. L'institution de Francfort a révélé à cette occasion les premières données détaillées sur ces rachats de dette publique, annoncés en début de semaine dernière conjointement au plan de stabilisation de 750 milliards d'euros de l'Union européenne et du FMI. La BCE n'a en revanche pas précisé la durée de ce programme ni le montant maximal qu'il pourrait atteindre. Aujourd'hui, l'autorité monétaire de la zone euro lancera donc un appel d'offres auprès des banques pour leur permettre de déposer des fonds rémunérés à un taux d'intérêt maximal de 1,0%. "La BCE va mener des opérations spécifiques afin de réabsorber les liquidités injectées à travers le Programme pour les marchés de titres", a indiqué la BCE, qui va également permettre aux banques d'utiliser leurs dépôts à terme comme collatéraux. "Les dépôts à termes fixes détenus dans le cadre de l'Eurosystème peuvent être assimilés à des nantissements pour les opérations de crédit de l'Eurosystème", a précisé la BCE. La deuxième opération de ce type se déroulera la semaine prochaine, a précisé l'institution présidée par Jean-Claude Trichet. Des opérations permanentes Les analystes s'attendent à ce que ces opérations deviennent permanentes avec des montants plus élevés à mesure que s'accumuleront les titres de dette publique. "Cela va certainement devenir une sorte de procédure de roulement dans laquelle les volumes augmenteront chaque semaine", estime ainsi Kornelius Purps d'UniCredit. "Ils rachètent des obligations avec une maturité pouvant atteindre trois à cinq ans et les financent par des opérations à une semaine." Le taux d'intérêt que les banques vont obtenir devrait être plus élevé que celui des facilités de dépôts de gré à gré de la BCE, qui n'est que de 0,25%. "C'est un taux d'intérêt relativement élevé. Il est destiné à calmer les critiques, c'est une mesure très forte", estime Julian Callow, économiste chez Barclays Capital. "La BCE essaie de montrer que les rachats ne seront pas inflationnistes", ajoute-t-il. James Nixon, de la Société générale, note quant à lui que le montant de 16,5 milliards d'euros de rachat annoncé pour la première semaine n'est pas spectaculaire. "S'il n'avait été que, disons, de l'ordre de cinq milliards d'euros, on se serait interrogé sur le sérieux de la BCE, et s'il avait atteint 50 milliards, on aurait cru à la fin du monde", a-t-il dit. Les banques centrales de la zone euro ont commencé à acheter des titres de dette souveraine lundi dernier pour le compte de la BCE dans le cadre du plan sans précédent censé mettre fin aux risques de contagion de la crise budgétaire grecque.