De violentes altercations opposent des étudiants de camps opposés Fermeture de la faculté pendant trois jours Les cours seront suspendus pendant trois jours, à partir d'aujourd'hui, à la faculté des Sciences humaines et sociales de Tunis. Cet arrêt des cours, décidé au niveau du Conseil scientifique de la faculté, vise à assainir la situation et apaiser les tensions opposant les sympathisants de l'Union générale des étudiants tunisiens (Uget) à ceux de l'Union générale tunisienne des étudiants (Ugte). Contacté hier en début de soirée, M. Noureddine Kridiss, doyen de la faculté, nous a donné sa version des faits, relatant les événements suivants : «Depuis le début de la journée, rien ne laissait présager une quelconque tension. Cependant, à partir de 13 heures, des étudiants de l'Uget se sont opposés à un groupe d'étudiants nahdhaouis. Ces altercations ont vite dégénéré. Une trentaine d'éléments étrangers à l'institution se sont introduits en renfort au deuxième groupe d'étudiants. Ces éléments étaient armés de gourdins, de couteaux et d'épées, scandaient des slogans religieux et proféraient des propos orduriers. Ils se sont ensuite adonnés à des actes de vandalisme, cassant tout sur leur passage. Dès le déclenchement des événements, nous avons appelé les forces de sécurité et de l'armée, mais celles-ci sont arrivées sur les lieux avec quelque retard, estimant sans doute que la situation n'était pas aussi urgente». M. Kridiss, qui s'exprimait au terme d'une réunion extraordinaire du Conseil scientifique, a révélé à La Presse les décisions prises à cette occasion. Outre la fermeture de la faculté pendant 72 heures, il s'agit, nous a-t-il expliqué, de «prendre le temps nécessaire afin d'établir un inventaire complet et précis des dégâts occasionnés par ces actes de violence. Une réunion avec le personnel enseignant aura lieu pour les informer du déroulement des événements et prendre les mesures nécessaires afin de prévenir des actes similaires». «Le dialogue et la recherche d'un consensus s'imposent à tous en vue de préserver l'enceinte universitaire contre toutes sortes de menace», a encore ajouté le doyen. Interrogé par La Presse sur le cas d'un étudiant proche d'Ennahdha et qui aurait, selon certains témoins, bénéficié d'une inscription au mastère alors qu'il ne remplissait pas les critères requis, M. Kridiss n'a qu'une seule réponse à la bouche: «L'étudiant en question a été déclaré admissible par un jury scientifique qualifié. L'université est ouverte à tous les étudiants, de quelque bord qu'ils soient», constatant, toutefois, que les critères d'admission au mastère sont devenus plus souples. Une enquête sera diligentée pour cerner les responsabilités des diverses parties. Contrastant avec la prudence mesurée du doyen, un étudiant membre de l'Uget, rencontré dans les couloirs de la faculté, nous a livré un témoignage plutôt cauchemardesque: «Dans la foulée, un étudiant a renversé une fille et, joignant le geste à la parole, l'a menacée de mort». De même, a-t-il encore relaté, le même groupe a saccagé un laboratoire destiné aux doctorants. «Les dégâts s'élèveraient, selon lui, à plusieurs milliers de dinars». Une affaire à suivre; nous y reviendrons.