20% des personnes âgées de plus de 80 ans souffrent d'Alzheimer. La maladie de Parkinson, elle, touche entre 7 et 10% de cette population. L'Institut national de neurologie Mongi Ben Hamida a abrité du 3 au 5 octobre les travaux du 1er workshop organisé par l'annexe de l'organisation internationale de recherche sur le cerveau ( Ibro) chargée des recherches en neurologie dans la région Nord d'Afrique et Moyen-Orient (Ibro-Mena). Cette première vient inaugurer le travail d'Ibro-Mena après à peine deux mois de sa promulgation par l'organisation-mère. Cette annexe compte, déjà, 35 médecins et chercheurs arabes, issus de différents pays arabes comme la Tunisie, les Emirats Arabes Unis, l'Arabie Saoudite, le Yémen, ou encore la Jordanie. L'objectif étant de regrouper le maximum de chercheurs et de médecins spécialisés dans les sciences de la neurologie, de renforcer les compétences naissantes dans ce domaine en les informant des dernières technologies opérationnelles tant à l'échelle arabe que celle occidentale et de sensibiliser le public sur la nécessité d'accorder aux pathologies neurologiques l'intérêt qu'elles méritent, notamment dans un contexte épidémiologique et démographique de plus en plus favorable aux maladies neurologiques et de vieillesse. Le choix de la Tunisie en tant que pays abritant ce 1er workshop n'est pas insignifiant. Selon l'avis du Pr Omar el Agnaf, chercheur et biochimiste à la faculté de médecine aux Emirats Arabes Unis et membre d'Ibro-Mena, l'Institut national de neurologie Mongi Ben Hamida figure parmi les plus anciens et les plus performants établissements de santé spécialisés dans la région. L'atelier de travail a été focalisé sur un thème bien précis, celui de la neurogénétique. Il s'est articulé autour de trois axes principaux, permettant aux étudiants de mieux cerner ce domaine. Il a été procédé, d'abord, à une éducation neurogénétique, notamment un rappel de la littérature en matière de neurogénétique. Puis, un travail plus approfondi, portant sur les recherches et techniques avancées dans le traitement des maladies neurogénétiques, a été régi par les professeurs-membres d'Ibro-Mena. Le workshop a permis, également, aux étudiants comme aux professeurs de débattre du thème. Maladies neurogénétiques: pour un diagnostic précoce Il faut dire que l'intérêt pour les maladies neurologiques et celles neurogénétiques s'impose plus que jamais, surtout avec l'émergence de nombreux facteurs favorables à leur prolifération. Le Pr El Agnaf évoque l'augmentation du taux de l'espérance de vie qui dénote, certes, de l'amélioration des conditions de vie et de l'accès aux soins, mais qui engendre, toutefois, la hausse des taux relatifs à certaines maladies neurologiques et autres, dites maladies de la vieillesse. «L'environnement de l'homme moderne n'est, d'un autre côté, pas sans effets néfastes sur sa santé. L'usage anarchique des pesticides et l'utilisation de certains produits de consommation quotidienne favorisent l'apparition de plus en plus notable de ces maladies», fait remarquer notre interlocuteur. Ainsi, 5% de la population arabe âgée de plus de 65 ans souffre d'Alzheimer. Ce taux s'avère plus important pour les personnes âgées de plus de 80 ans: il atteint en effet les 20%. «La maladie de Parkinson touche, par ailleurs, entre 7% et 10% des personnes âgées de plus de 80 ans, ce qui est alarmant», ajoute le Pr El Agnaf. Malgré leur notable et croissante prolifération dans nos sociétés arabes, les maladies neurologiques passent souvent sous silence. Notre interlocuteur montre du doigt le déficit communicationnel et de sensibilisation ainsi que la nonchalance des membres de la famille quant à la douleur et à la souffrance du malade. «Les proches trouvent souvent ces maladies normales pour une personne avancée dans l'âge, ce qui est intolérable», note notre interlocuteur. Aussi, la mission fondamentale d'Ibro-Mena consiste-t-elle à diffuser l'information sur les maladies neurologiques et celles neurogénétiques, et sensibiliser le public quant à l'impératif de recourir au diagnostic précoce. De même, il est important, pour les futurs neurologues, de prendre de plus amples connaissances sur les nouvelles techniques en matière de traitement des maladies neurogénétiques. Le professeur avoue que le monde arabe est nettement en retard en matière de techniques neurologiques. Cela n'empêche pas qu'il y a une nette évolution par rapport aux années passées. «C'est pourquoi , souligne notre interlocuteur, nous devons favoriser l'échange des expériences arabes en la matière. Le Liban, par exemple, est nettement plus en avance en technique neurologique que les autres pays arabes. D'ailleurs, la prochaine session du workshop d'Ibro-Mena se tiendra, en octobre 2013, au Liban et sera axée sur le thème de la douleur».