Les œuvres fixées actuellement dans le hall du Centre culturel de Sousse et relevant d'artistes adhérents à la Fédération tunisienne des arts plastiques oscillent du classique à l'art contemporain. Il s'agit de deux genres de peinture opposés. Leurs références les séparent. L'une s'appuie sur le modèle idéal que la mythologie reflète et qu'il s'agit de représenter. C'est le cas du peintre Mohamed Belajouza. Par contre, la peinture moderne, qui se fait découvrir dans d'autres œuvres, s'appuie sur l'idée d'un monde inachevé en train de se construire et dont l'œuvre est un témoin passager. L'éternité idéale de l'un contraste avec l'incessant devenir de l'autre. Pourtant les deux genres de peinture visent une réalité qui n'est pas donnée. Tous deux sont les gestes d'un désir, d'une pensée. Mais la peinture classique vise un monde de représentation de modèles qui hantent le réel dont il faut les extraire, et par rapport auxquels le réel n'est qu'une copie approximative ou affaiblie. Pour la peinture moderne, il s'agit de saisir une causalité, une action, un travail... C'est le cas de l'impressionnisme qui est fondateur d'un monde différent qui rompt avec les références classiques et qui se voit nettement dans quelques œuvres exposées. C'est aussi le cas de la peinture abstraite qui met en exergue une attitude qui s'accommode logiquement des fonds abstraits et des gros plans et qui substitue un espace polyvalent et incommensurable à la vision classique qui était optique et éloignée. C'est ainsi que les œuvres abstraites de Ammar Allalouch et Lotfi Sakji ne donnent plus au mécène la vue d'une partie de la terre à dominer mais leurs œuvres sont en fait un univers rempli de secrets redoutables et qui échappent aux anciennes mesures de dimensions et de valeurs. De même, l'artiste Lotfi Ben Salah nous offre — à travers ses toiles abstraites et semi-abstraites — une vision moderne de l'art, une vision tendue vers la découverte d'un secret dans les détails. Dans sa toile mentionnant des silhouettes de personnages longilignes, il ne s'agit pas de localiser les silhouettes les unes par rapport aux autres, mais d'établir un lien de réflexion directe entre un détail et une sensation rayonnante.