ANTANANARIVO (Reuters) — Le Président malgache Andry Rajoelina a de nouveau rejeté l'idée d'un partage du pouvoir avec l'opposition, estimant que les élections législatives qu'il prévoit le 20 mars sont le meilleur moyen de sortir de la crise politique. Le président de la Commission de l'Union africaine, le Gabonais Jean Ping, arrivé jeudi dans la Grande Ile, a demandé la formation rapide d'un gouvernement d'union, dans la ligne de l'accord de partage du pouvoir conclu l'an dernier. "Toute cohabitation est devenue impossible car c'est déjà la source d'une nouvelle crise et l'origine des graves troubles qui ont récemment touché notre pays", a répondu Rajoelina tard jeudi soir dans un communiqué. L'échec des différentes tentatives pour former un gouvernement d'union, a-t-il ajouté, prouve bien qu'une administration pluraliste n'est pas la bonne solution. "Le régime de transition réaffirme son engagement à organiser des élections consensuelles, libres et ouvertes dans leur préparation et leur organisation", souligne Rajoelina. Jean Ping a repris hier ses discussions et a rencontré des chefs militaires avant une nouvelle réunion avec les partisans de Rajoelina. La nouvelle proposition de compromis élaborée par l'UA et rejetée par le Président malgache presse les parties de former un gouvernement de consensus et dit que les institutions prévues par les accords de 2009 "doivent être mises en place et être opérationnelles sans délai". Conséquences sur l'économie Le Premier ministre de consensus, Eugène Mangalaza, démis de ses fonctions le mois dernier par Rajoelina, doit retrouver le pouvoir et des élections présidentielle et législatives doivent avoir lieu en octobre, ajoute l'UA. Andry Rajoelina, un ancien disc-jockey, a désigné fin décembre comme Premier ministre le colonel Camille Vital et a déclaré nuls et non avenus les accords internationaux sur le partage du pouvoir à Antananarivo. Il a l'intention d'organiser des élections législatives le 20 mars mais l'opposition et les pays donateurs craignent qu'un scrutin organisé à la hâte par le gouvernement ne réponde pas aux impératifs de transparence et d'honnêteté. Les différentes parties devront répondre dans les deux semaines à la proposition transmise par Jean Ping. Madagascar est dans une impasse politique depuis la prise du pouvoir en mars dernier de l'ancien maire d'Antananarivo. La crise politique et ses conséquences sur l'économie inquiètent les grands groupes internationaux qui ont investi dans l'île de l'océan Indien, comme Sherritt International, Rio Tinto et Exxon Mobil. Les anciens présidents Albert Zafy, Marc Ravalomanana et Didier Ratsiraka s'étaient entendus début décembre à Maputo, au Mozambique, sur un partage des responsabilités au sein du gouvernement et sur un calendrier pour la mise en place d'institutions de transition. Andry Rajoelina, qui boycottait ces discussions, a jugé que cet arrangement portait atteinte à la souveraineté de l'île. Début janvier, le gouvernement malgache a menacé l'opposition de sanctions "draconiennes" si elle poursuivait sa campagne de protestation contre la tenue d'élections en mars.