Par notre envoyé spécial à Pékin, Mouldi M'BAREK Vers les années 50, la Chine était un pays extrêmement pauvre et sous-développé et 90% des Chinois étaient analphabètes et vivaient en moyenne 35 ans. Aujourd'hui, la Chine est la troisième économie du monde, la seconde nation mondiale industrielle et le troisième pays exportateur à l'échelle mondiale. Actuellement, les Chinois vivent en moyenne environ 75 ans, près de 90% des femmes et près de 97% des hommes de plus de 15 ans savent lire et écrire. En 1950, le revenu par tête d'habitant était 4 fois inférieur à celui de l'Inde. De nos jours, il est trois fois plus élevé. Bien entendu, la question que tout le monde se pose est comment ce pays, qui faisait partie des plus pauvres nations du monde a pu réaliser tous ces records en si peu de temps ? Les secrets du modèle de développement chinois résident dans plusieurs facteurs : d'abord, les Chinois ont créé leur propre modèle de développement. Peuple fortement attaché à son identité, fier de son histoire et jaloux de sa souveraineté, les Chinois, contrairement à d'autres jeunes Etats indépendants, ont refusé les solutions clés en main. Les modèles de développement se créent et s'inventent par les peuples eux-mêmes. Ils ne s'exportent pas et ne s'importent pas non plus. L'histoire nous livre, en effet, de manière quasi quotidienne, de tragiques exemples de modèles étrangers imposés à des peuples sans tenir compte de leur histoire, de leur culture, de leurs mœurs et de leurs aspirations. Contre vents et marées, les Chinois ont façonné eux-mêmes leur modèle de développement. On a beau critiqué le modèle chinois, mais en Chine, nous n'avons vu personne dormir dans la rue et il n'y a pas de mendiants. Le deuxième facteur qui pourrait expliquer la réussite du modèle chinois est sans doute la culture chinoise. Peuple discipliné, méthodique et très actif, les Chinois savent faire des sacrifices. Ils dorment peu, travaillent beaucoup et donnent peu d'importance aux loisirs. Pour se développer, les peuples ont besoin de sacrifices, de patience et de sagesse. Autant de vertus qui distinguent nos amis asiatiques. Le proverbe chinois dit‑: «Ne me donne pas le poisson, mais apprends-moi à le pêcher». La mentalité d'assisté ne fait pas partie de la culture chinoise. Il s'agit-là d'un important facteur à ne pas sous-estimer pour comprendre les secrets du miracle chinois. D'autres éléments expliquent les impressionnants progrès chinois. En 1949, l'école était un luxe en Chine. Actuellement, elle dispose des plus grands réseaux d'écoles du monde et chaque année, plus de 6 millions d'étudiants terminent leurs études universitaires. Les ressources humaines constituent en effet la plus grande richesse des nations. En outre, la santé est assurée pour tous les Chinois. Elle est fondamentale dans le développement des nations. L'autre secret du miracle chinois est la place de l'Etat dans l'économie. On a beau critiquer l'interventionisme de l'Etat, mais depuis 1980, l'économie chinoise enregistre une croissance à deux chiffres. A Tianjin, la croissance était de plus de 18% l'année dernière, alors que le monde entier est affecté par la crise économique et financière. «L'économie socialiste de marché» semble être l'une des raisons du miracle chinois. Le secteur bancaire, la sidérurgie, les télécommunications, les transports, le secteur de l'énergie sont autant de secteurs que le privé n'a pas toujours su bien gérer. Bien sûr, tout modèle a ses avantages et ses inconvénients, mais l'important c'est le résultat. Quoi qu'il en soit, chaque pays et chaque peuple ont tous leurs traditions, leurs cultures et leurs mentalités. Leurs modèles sont leurs voies, leurs expressions, leurs projections, leurs aspirations et leurs ambitions. Si certains modèles réussissent, d'autres, en revanche, échouent lamentablement. Et si la Chine a réussi à nourrir toute sa population : 22% de l'humanité alors qu'elle ne possède que 9% des terres mondiales cultivables et si ses réserves céréalières sont deux fois plus importantes que la moyenne mondiale, c'est parce qu'elle a souverainement forgé son destin .