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La Chine, 2ème puissance économique mondiale: Quand la Chine s'éveille…
Publié dans L'expert le 16 - 09 - 2010

• Une enquête réalisée en avril auprès de 2.392 personnes par Asahi Shimbun, un des plus grands journaux japonais, relève que 50% des personnes interrogées ont déclaré considérer que la Chine avait dépassé leur pays.
Ce n'est plus un secret pour personne, la Chine est devenue officiellement cet été la deuxième puissance économique mondiale après les Etats-Unis. Elle devance ainsi de peu le Japon, son ennemi juré, qui occupait cette place depuis 1968. Alors que la croissance nippone ralentit nettement, la Chine poursuit son développement et dans l'archipel on se résigne devant ces résultats. La Chine devance le Japon, l'Allemagne, l'Inde, le Royaume-Uni et la France, selon le calcul du produit intérieur brut (PIB) en parité de pouvoir d'achat (PPA). Selon le critère monétaire traditionnel, elle figure toujours à la quatrième place, derrière l'Allemagne. A ce rythme, la Chine ravira la première place aux Etats-Unis en 2030, même si le produit intérieur brut est un indicateur insuffisant pour juger de la richesse d'un Etat.
Pays fringant, gigantesque qui abrite près du quart de la population mondiale, l'Empire du Milieu n'en finit pas d rattraper son retard sur les grandes puissances occidentales. Il a su prouver sa capacité à se hisser et à conserver sa place au sommet du monde. Même si cette performance était attendue, «c'est la preuve la plus flagrante que l'ascendance de la Chine est réelle et que le reste du monde va devoir tenir compte d'une nouvelle superpuissance économique», affirme le NewYork Times.
La reconnaissance de cette avancée économique est venue après que le Japon a estimé son PIB du deuxième trimestre 2010 à près de 1.288,3 milliards de dollars, légèrement en dessous de la Chine dont le PIB est estimé à 1.336,9 milliards de dollars pour la même période.
Selon le Wall Street Journal, le Japon a semblé se résigner ces dernières années à l'inévitable perte de sa suprématie économique en Asie. Une enquête réalisée en avril auprès de 2.392 personnes par Asahi Shimbun, un des plus grands journaux japonais, relève que 50% des personnes interrogées ont déclaré considérer que la Chine avait dépassé leur pays et que cette chute au n°3 des économies mondiales était un problème majeur. Mais 46% des Japonais interrogés ne le pensaient pas.
Le journal américain relève également que cette croissance économique fulgurante occasionne des critiques envers la Chine. Beaucoup de représentants occidentaux trouvent que la politique d'exportation de la Chine est la cause principale du déséquilibre du commerce mondial.
Les Américains ont ainsi fait pression sur la Chine pour qu'elle réévalue sa monnaie par rapport au dollar, ce qui permettrait de corriger le déficit commercial des Etats-Unis par rapport à la Chine. Mais cette dernière n'a procédé qu'à de petits réajustements de son taux de change.
Un revenu par habitant encore très faible
Par habitant, évidemment, il en va autrement, puisque la Chine, avec ses 1,3 milliard d'habitants, se retrouve avec le PIB par habitant du niveau des pays pauvres de la planète, avec de profondes disparités de richesse : les trois décennies de réformes économiques ont en effet creusé le fossé social, faisant de la Chine l'un des pays les plus inégalitaires au monde.
Le revenu par habitant chinois, à 3.600 dollars (2.800 euros), représente moins de 10% de celui des Américains avec 46.000 dollars (36.000 euros).
Le Quotidien du Peuple, organe du parti communiste chinois, faisait observer l'an dernier que moins de 1% des familles chinoises disposaient d'un revenu équivalent ou supérieur au revenu moyen des familles américaines, tandis que des dizaines de millions d'autres sont encore sous le seuil de pauvreté, qu'on le mesure «à la chinoise» ou selon les normes de la Banque mondiale.
Ce bémol n'enlève rien au fait que la Chine a réussi en trois décennies à briser la fatalité d'un mal-développement aggravé par les errances du maoïsme, et à se hisser au premier rang des économies mondiales.
Un modèle chinois?
Coïncidant avec ces nouvelles statistiques, l'hebdomadaire britannique «The Economist» a organisé sur son site un débat d'experts autour de cette question: le «modèle chinois» est-il supérieur à celui de l'Occident?
Et, paradoxalement pour ce titre héraut du libéralisme économique, le panel a conclu en faveur du «modèle chinois». A noter que les internautes en ont jugé différemment, puisque 58% des participants à un vote en ligne ont exprimé un désaccord avec le verdict des experts.
Mais y a-t-il un «modèle chinois»? Il y a certes un type de capitalisme autoritaire, fondé sur un contrôle social fort, un rôle central de l'Etat doublé d'un laisser-faire sauvage, qui s'est révélé suffisamment attractif pour les investisseurs étrangers, et a permis de faire décoller l'économie.
Mais, contrairement au modèle capitaliste occidental, il n'est pas nécessairement exportable en dehors du contexte politique bien particulier du post-maoïsme chinois.
Mais le débat de «The Economist» est révélateur de la fascination que la croissance économique chinoise opère auprès des experts occidentaux -les mêmes qui s'opposent paradoxalement à tout retour du rôle de l'Etat- alors que c'est un facteur-clé dans la réussite chinoise. «The Economist» en tête, qui titrait la semaine dernière sur la tentation du «Leviathan», ce monstre biblique par lequel il dénonce l'interventionnisme étatique dans l'économie.
Pour l'heure, il faudra s'habituer à cette nouvelle place de la Chine, avec ses conséquences sur le fonctionnement de la planète.
La Chine, première puissance industrielle en termes de quantité de production
Ce n'est pas vraiment une nouvelle étonnante la crise a accéléré la prise de poids du géant chinois, la récession qu'à connue le Japon en 2009 a permis à la Chine de lui ravir la place de numéro deux mondiale en terme de PIB. Certains journaux exultent et s'extasient devant le miracle, d'autres cherchent au contraire à manipuler les chiffres pour minimiser le poids de la Chine. Ainsi voit-on des économistes relativiser le PIB de la Chine en disant qu'en terme de PIB par habitant elle reste un poids plume et un pays sous-développé, ce qui est totalement vrai. Sauf que c'est justement cette situation qui permet à la Chine d'absorber une partie de plus en plus importante du tissu industriel mondial. Car l'autre chiffre qui a été moins mis à l'avant est le fait que la Chine est devenue le premier exportateur mondial devant l'Allemagne.
Autre facteur qu'il faut prendre en compte c'est la sous-évaluation massive de la monnaie chinoise, en réalité ce pays pèse bien plus lourd qu'il n'y parait au premier abord. La Chine est le premier marché de portables au monde, le premier producteur de télés, de voitures. Elle produit 38% de l'acier mondial et la moitié du ciment de la planète, mais officiellement elle n'a que le deuxième PIB mondial... Dans un monde où le système monétaire est à change flottant, comparer les nations avec un PIB exprimé en dollars ou même en PPA (parité de pouvoir d'achat) ne signifie en réalité pas grand chose. Une seule chose est sûre, la Chine est de loin la première puissance industrielle en terme de quantité de production, et il fut un temps pas si lointain où cette seule réalité faisait de vous la première puissance mondiale. Mais les Occidentaux, toujours prompts à ne pas regarder la réalité, s'inventent des histoires rassurantes. La question du PIB par habitant est par exemple absurde pour mesurer le poids d'un pays. Il est certain qu'il vaut mieux vivre en Norvège qu'en Chine, mais cela ne fait pas de la Norvège une grande puissance. Une nation a imité sous certains aspects certainement, mais pas une grande puissance. Que la population chinoise soit encore en grande partie pauvre assurément, mais l'on ne peut plus ignorer la masse économique chinoise en se disant que, de toute manière, on est quand même plus riche par tête. Les gens qui pratiquent ce genre de raisonnement ont juste peur d'admettre que le centre du monde c'est maintenant l'Asie et rien d'autre. Evidemment, cela veut dire remettre en question les dogmes économique qui ont réussi l'exploit en à peine deux générations de transférer la totalité de la richesse productive de la planète de l'Occident vers l'Asie, on comprend que certains, devant la catastrophe, cherchent à ignorer cette réalité pour ne pas avoir à se remettre en cause. Une dictature est donc maintenant la première puissance économique réelle du monde on applaudit les artistes du néolibéralisme intégral.
La Chine, forte grâce à l'Occident et le néolibéralisme
Le bond spectaculaire de l'économie chinoise en l'espace de quelques générations aurait été impossible sans la mondialisation d'essence néolibérale. Le Japon qui a, lui aussi, su se développer à grande vitesse à la fin du 19ème et début 20ème, n'a pas eu la chance de la Chine. A cette époque reculée où l'Occident était encore peuplé de nations conscientes d'elles-mêmes, le Japon n'a pu compter que sur son propre marché intérieur et sur ses étudiants qui partaient à l'étranger pour rapatrier des techniques et des savoir-faire. C'est ce qui explique que la croissance japonaise fut extrêmement inflationniste et très brutale pour le Japon, il n'y avait pas d'entreprises occidentales délocalisant ses activités et donnant des usines clefs en main. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, le Japon était encore très en retard et ne rattrapa l'Occident qu'après guerre, le libre-échange avec les USA n'étant pas étranger à ce rattrapage.
Sans la mondialisation économique il aurait certainement fallu plus d'un siècle à la Chine pour faire ce rattrapage. C'est d'ailleurs l'argument préféré des libre-échangistes, qui présentent cela comme quelque chose de miraculeux. Ils oublient bien sûr que le prix à payer fut la destruction des économies productives d'Occident. Sans compter le fait que cette croissance fulgurante a assis la légitimité désormais très forte du parti communiste chinois. Si la Chine avait du se développer toute seule, il y aurait eu certainement de grands bouleversements sociaux et politiques et peut-être une démocratisation. A l'inverse, maintenant que l'Occident décline et que la Chine monte, vous pouvez être assuré que la démocratie va sortir grandement affaiblie de ce changement de rapports de force à l'échelle internationale. De quoi légitimer n'importe qu'elle dictature sur la planète.
On a assisté ces trente derniers années à un jeu de vase communicant sans enrichissement réel mais à un transvasement de richesses du bas vers le haut de la pyramide des revenus, que ce soit en Occident ou en Chine. D'un côté, la production en Chine permettait de dévaluer le travail salarié en Occident permettant aux classes sociales aisées de se passer des ouvriers d'Occident et donc de ne plus participer à la répartition des richesses à travers la hausse des salaires, c'est la fameuse classe mondiale actuelle très cosmopolite et haineuse face au méchant nationalisme. De l'autre, la Chine a eu un moyen de s'industrialiser gratuitement, c'est-à-dire sans avoir à faire les investissements nécessaires dans l'humain et la machine pour faire ce rattrapage. Elle pouvait augmenter sa production sans augmenter les salaires grâce aux exportations donc pas d'inflation. Grâce à son ingénieux système de protectionnisme à long terme, elle a su sortir gagnante d'un duel avec les élites occidentales prêtes à vendre nation, peuple, père et mère pour quelques profits supplémentaire. En fait, la victoire de la Chine c'est la victoire du patriotisme sur le l'individualisme occidental, si cela pouvait au moins servir de leçon à certains, tout ne serait pas perdu.
Les Chinois ne sont pas des Occidentaux et ne raisonnent pas comme tels
Les élites occidentales n'ont pas encore complètement perçu la gravité de leur situation et les conséquences de leurs actes. Ces élites continuent de rêver à un marché chinois qui achèterait une myriade d'objets high tech provenant de l'Occident. Cette vision est le résultat d'une incompréhension totale de l'industrialisation et du procès de création qu'il soit technique, scientifique, artisanal ou agricole. L'Ouest est dirigé par des gens qui ont une culture purement commerciale et une vision purement marchande des relations entre nations et individus. Pour faire des techniques avancées, il faut avoir les mains dans le cambouis, on ne peut pas réellement avancer de façon concrète sans un mélange entre la pratique et la théorie, Alcatel en sait quelque chose. Et de toute façon la quantité d'ingénieurs et de scientifiques que produit la Chine chaque année est largement supérieure à ce que produisent les USA et l'UE réunies, les centres de recherche eux même vont donc s'installer en Chine. Et une fois la Chine en tête dans la fabrication technique, elle ne partagera pas ses savoirs, toute l'histoire de la Chine montre une xénophobie relativement forte et un faible penchant pour la générosité envers l'étranger. Par exemple, la Chine a gardé le secret de la soie pendant des siècles pour maintenir son monopole. Faire sortir un ver à soie était ainsi puni de mort. Il en sera de même demain quand nos pays se retrouveront en retard et ne pourront pas bénéficier des techniques nouvelles chinoises. Les Chinois ne sont pas des Occidentaux et ne raisonnent pas comme tels à court terme, c'est ce qui explique la durée de vie de cette civilisation qui est la seule à avoir connu l'âge du bronze et a être encore en vie sur terre. Plutôt que de continuer l'échange asymétrique avec l'Occident, la Chine se fermera progressivement une fois qu'elle aura acquis sa domination technique. Elle ne sera ouverte qu'avec les puissances capables de lui fournir des matières premières, elle ira d'ailleurs peut-être se servir toute seule. Elle ne commercera qu'avec ce qu'elle pense être son pré-carré, l'Asie de l'est le Japon, peut-être l'Australie. L'Europe et les USA croupiront, elles, dans ce qui sera le nouveau tiers-monde.

Dossier réalisé par Raoul FONE


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