Les changements climatiques et la prolifération des ordures à l'origine de la propagation du virus. Le virus transmis à l'origine par les oiseaux migrateurs ne cause pas de complications graves, à l'exception de quelques cas. Les symptômes, qui ressemblent à ceux de la grippe: fièvre, céphalée, douleurs musculaires et qui disparaissent au bout de quelques jours sans laisser de séquelles, peuvent s'aggraver. Le West Nile (virus du Nil occidental) a encore fait des siennes. Trois personnes viennent de décéder de ce virus transmis par une race de moustiques prénommée «culex». L'épidémie s'est déclarée à la fin du printemps et a touché plus de trente personnes depuis le mois de juillet dernier. Ce n'est pas la première fois que ce virus contamine des personnes en Tunisie. C'est en 1997, qu'il fait son apparition, véhiculé par des oiseaux migrateurs qui viennent séjourner en Tunisie avant de migrer vers l'Europe. Les moustiques qui se nourrissent de leur sang ont été contaminés par le virus et l'ont ensuite transmis aux personnes en absorbant du sang humain. A l'époque, la propagation du virus a été favorisée par les fortes pluies qui se sont abattues sur le pays et qui ont favorisé la stagnation des eaux et, par conséquent, la multiplication des moustiques. C'est dans les régions côtières que les personnes ont été le plus touchées. Cette année,173 cas ont été déclarés dans les gouvernorats de Mahdia et de Sfax et trois personnes sont décédées suite à l'infection virale provoquée par le virus. «Les changements climatiques sont à l'origine de la propagation des maladies virales, a expliqué le Docteur Souha Bougatfa, chef de service de la veille épidémiologique des maladies communautaires à l'Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes. En 2010, 2011 et 2012, le nombre de cas atteints par le virus du West Nile a augmenté dans le pourtour méditerranéen. Cette année, une grande épidémie a sévi aux USA. 4.724 personnes ont été contaminées par le virus et 219 personnes sont décédées. Généralement, ce sont soit une forte chaleur ou une forte pluviométrie qui sont responsables de la propagation du virus. En 1997, le plus grand nombre de cas a été enregistré entre octobre et novembre». En 2003, l'épidémie a de nouveau sévi en Tunisie et 50 cas ont été déclarés. Cette année, sur les 33 cas, six ont été déclarés à Monastir, onze à Gabès, onze à Kebili, deux à Jendouba, un à Bizerte et un à Mahdia. Un homme âgé de 69 ans et une femme âgée de 78 ans sont décédés d'une méningo-encéphalite. Ces décès restent, toutefois, exceptionnels et surviennent dans de rares cas, et cela suite aux complications provoquées par la présence du virus dans l'organisme. Sinon dans 80% des cas, les symptômes qui apparaissent ne sont pas graves et sont similaires à ceux de la grippe : fièvre, courbatures, céphalées, finissant par disparaître au bout de quelques jours. «Les complications surviennent surtout chez les personnes âgées, ainsi que chez celles qui ont un système immunitaire affaibli, observe le Docteur Bougatfa. Cette année, plusieurs facteurs ont été à l'origine de la propagation du virus. Un été très chaud a favorisé le pullulement des moustiques. Les ordures sont également à l'origine de la multiplication des insectes. En effet, malgré les nombreuses campagnes de propreté qui ont été menées, certaines zones n'ont pas été suffisamment nettoyées». Pour prévenir la propagation du virus, des mesures doivent être prises selon le chef de service de la veille épidémiologique. Les lacs, les cours d'eau, les puits et les citernes doivent faire l'objet d'un curage afin d'éradiquer les foyers de moustiques, alors que les gîtes de moustiques doivent être prospectés par les directions régionales de l'hygiène avant l'été. Ensuite, après le recensement de ces gîtes, les municipalités doivent procéder à la démoustication de ces derniers. «Certaines opérations n'ont pas été faites convenablement, comme l'enlèvement des ordures. Cela a favorisé la propagation des moustiques. Quant au ministère de la Santé, il a mis en place depuis 2010 un système de surveillance du virus du West Nile en Tunisie. Tous les cas de méningite et de méningo-encéphalite, qui ont été hospitalisés, ont été surveillés activement. Le ministère a diagnostiqué les cas qui ont été contaminé par le virus du West Nile. Des équipes se sont rendues dans les zones où habitent et travaillent ces personnes afin de traiter les gîtes de moustiques qui s'y trouvent. C'est l'une des mesures qui permet de contrôler l'épidémie», a conclu le médecin.