L'Association Nationale des Médecins Vétérinaires de Tunisie a organisé sous l'égide de l'Union Maghrébine des Associations Vétérinaires le 27ème congrès Vétérinaire Maghrébin, le 10 et 11 avril, autour du thème des « Services Vétérinaires et Qualités ». Les travaux incluent également le thème des « Maladies Transfrontalières au Maghreb ». Plusieurs ateliers ont été organisés portant sur la qualité, les maladies virales aviaires, les grippes animales, les maladies néonatales des ruminants et l'encadrement sanitaire des carnivores. Ce congrès vise en outre la préservation de la santé humaine en passant par la prise en charge de l'animal et la satisfaction du consommateur. Dans ce but, Il est essentiel d'élargir le domaine des compétences des vétérinaires afin qu'il touche également la santé publique et le contrôle des risques durant toutes les étapes alimentaires avant que les produits animaliers n'arrivent chez le consommateur. Cela incite évidemment à considérer les services vétérinaires comme une priorité d'investissement public afin de les mettre en conformité avec les normes internationales. Les maladies transfrontalières « L'Afrique du Nord est confrontée à de sérieux défis en matière de sécurité alimentaire » La consommation des aliments animaliers a connu une forte augmentation durant les trois dernières décennies. Le bétail représente 43% de la production globale agricole et constitue une source importante de nourriture et de revenus. Et malgré les sérieuses initiatives lancées dans son développement, l'Afrique du Nord est confrontée à de sérieux défis en matière de sécurité alimentaire. L'un des défis est celui d'assurer la croissance de la richesse animale et de la protéger en période d'épidémie. Ces épidémies exterminent les animaux ou réduisent leur production. Cela a également un lien direct avec l'économie nationale, les revenus, le niveau de vie pour les petits éleveurs. L'actualité en grippes animales, entre médecine et paranoïa médiatique « Depuis 2003 jusqu'au 8 février 2010, il y a eu 473 cas humains de grippe aviaire recensés dont 282 furent mortels » Il arrive souvent que les nominations, à tort, qu'on donne aux épidémies, nuisent énormément au rythme de la consommation. Ainsi, la grippe aviaire a été à tort dénommée par rapport à sa forme épizootique. La panique qui s'en est suivie a été dramatique pour la consommation et les éleveurs de volailles. Il n'y a eu aucune mutation chez l'homme permettant une contagion interhumaine. D'ailleurs, et depuis 2003 jusqu'au 8 février 2010, il y a eu 473 cas humains de grippe aviaire recensés dont 282 furent mortels. La même vague médiatique et l'erreur de nomination ont été déclenchées à l'apparition du virus « H1N1 », encore une fois appelé à tort grippe porcine, alors qu'aucun élevage porcin n'avait été touché. La controverse autour des épidémies touche également les mesures à prendre. Le virus s'est révélé dix fois moins mortel que la grippe saisonnière, mais le fait que ce fut une cause de mortalité chez les jeunes a induit des mesures sanitaires protégeant les femmes enceintes et les sujets vulnérables. Néanmoins, ce virus a muté et est devenu contagieux d'un homme à un autre. Cela a suscité plus d'attention afin de prévenir une éventuelle autre mutation en cas de retour de l'épidémie. Hajer AJROUDI ------------------------------ Dr Khaled Zarrouk, président d'honneur de l'ANMVT : « Le vétérinaire représente le garant de la santé humaine par l'intermédiaire de l'animal » Le Temps - Quels sont les objectifs de l'association ? Dr. Khaled Zarrouk : L'ANMVT concentre ses activités sur l'évolution de la science, les projets et la recherche. Elle absorbe et fait des études pour transmettre l'information et dans ce but, l'Association organise des congrès maghrébins et des journées nationales. Elle assure également un enseignement post-universitaire deux fois par an afin de maintenir la mise à jour et de débattre des sujets d'actualité ou éventuelle problématique de santé animale. Ce dernier a d'ailleurs porté sur le Syndrome d'Effondrement des Colonies d'Abeilles » qui se produit actuellement en Amérique et en Europe et qui constitue un danger se rapprochant de nos frontières. L'ANMVT cherche alors à prévenir. Que représente la qualité dans les services vétérinaires ? La qualité dans sa définition générale est « ce que demande le consommateur ». Ce dernier englobe pour nous l'éleveur et le consommateur dans le sens du terme et il faut que nos services lui assurent la qualité qu'il exige mais dont son corps a également besoin. Cela inclut la période de l'élevage dans le suivi médicamenteux, la vaccination, la nutrition… Les abattoirs sont aussi concernés et doivent être soumis à l'inspection sanitaire. D'ailleurs nous avons demandé, il y a plus de 20 ans à ce qu'ils soient accrédités. Une loi a été établie au mois de mars stipulant l'accréditation et l'aménagement des abattoirs, voire l'élimination d'autres. Des laboratoires de recherches doivent être promus. Notre travail concerne aussi les sociétés de viande, et tous les acteurs jusqu'à l'arrivée de la viande entre les mains du consommateur. Suivre tous les maillons de la chaîne, permettrait d'éviter des incidents, des intoxications… Ainsi le vétérinaire, en assurant la qualité, représente le garant de la santé humaine par l'intermédiaire de l'animal. Dans le cadre de la consommation également, rappelons que la Tunisie entre dans le contexte d'une économie mondialisée. On exporte, notamment la volaille et les produits de mer, et le consommateur étranger exige que les services soient de accrédités, et donc reconnus sur le plan international. Cela exige des laboratoires d'analyse alimentaire, viande, lait et dérivés. L'importateur nous rend également visite pour constater l'état des choses et la qualité offerte. Seulement, qui dit accréditation et mise à niveau dit investissement. Ces services offerts permettent également une traçabilité et en cas de problème, nous pouvons remonter à sa source qu'il soit éleveur ou abattoir ou société de viande… Pourquoi le choix est porté sur ces maladies lors de vos débats ? L'ANMVT fait partie du comité magrébin permanent de la santé animale et cela permet une meilleure vigilance en cas d'épidémie ou de maladie transfrontalière. Cette dernière comporte également les maladies émergentes, comme le virus West Nile transporté par les oiseaux sauvages et celle de la langue bleue chez les moutons, ainsi que la maladie de la clavelée. Il est essentiel de ne pas attendre l'arrivée de l'épidémie une fois déclenchée quelque part mais de la prévenir afin qu'elle ne frappe point chez nous. En cas où cela arrive, nous devons être préparés à y faire face d'une façon organisée pour limiter sa propagation. Nous avons également constaté assez de perte chez les animaux de rente (brebis, chèvre, vache) après la naissance et avant le sevrage. C'est ce que nous appelons les maladies néonatales. Notre rôle est alors d'inciter les vétérinaires à freiner cette perte. Nous évoquons aussi les maladies virales en aviculture, comme la grippe aviaire dans un volet rétrospectif dans une étude établissant ce qui s'est passé dans le but de prévenir dans le futur. Quel est le but de l'encadrement des animaux de compagnie et familiers ? Dans leur contact avec les humains, les animaux de compagnie peuvent transmettre certaines maladies. Cela impose la sensibilisation des familles adoptives d'animaux domestiques pour leur entretien. Outre le gardiennage et la chasse, il est démontré que ces animaux peuvent faire mieux évoluer nos enfants sur le plan psycho affectif. De la maternelle à l'adolescence, les enfants ont besoin d'eux pour évoluer. Ils ont un rôle éducatif, qui devrait être assuré en leur offrant les soins, des vaccins et un entretien sanitaire nécessaire afin qu'ils ne deviennent point transporteurs de maladie. Propos recueillis par H.A ------------------------------ La stratégie de la FAO pour lutter contre les maladies frontalières : « Un seul monde, une seule santé » pour gérer les risques sur l'écosystème humain et animalier La FAO a développé des stratégies pour prévenir ou contrôler la propagation des maladies transfrontalières. Elles contiennent plusieurs axes : * Analyser sur le plan national, les systèmes de santé animale dans le but d'établir une conception précise de la santé animalière et pour mettre en œuvre des soins vétérinaires publics adéquats (zoonotique, maladies transmises par la nourriture au niveau de la production). Ces analyses permettent aussi d'établir une politique et de bien orienter les investissements. * Soutenir et optimiser la capacité nationale et régionale en termes de techniques, institutions, politique et niveaux réglementaires pour détecter le danger d'avance et mettre en œuvre les mesures d'urgence. * Offrir les informations opportunes, surveiller, cerner les maladies, détecter l'éventuel déclenchement de maladie animalière et zoonotique via le Système de Prédiction Globale. * Elaboration et mise à jour de stratégies, de méthodes et d'outils pour opter les meilleures solutions dans la prévention, le contrôle et l'élimination des maladies transfrontalières et zoonoses. * Assister au développement des stratégies de communication et de l'information concernant les risques des maladies sur le niveau régional, tout comme national. * Faire face aux crises de santé animale dans la structure de gestion de crise de chaîne alimentaire et avec la direction du centre d'urgence des maladies transfrontalières. * Renforcer la collaboration entre pays et secteurs dans le but d'élaborer des plans d'urgence, de la prévention et du contrôle des maladies transfrontalières. * Encourager le partenariat entre les secteurs public et privé pour mettre en œuvre des stratégies d'investissement afin de consolider le système de la santé animale, incluant les libres praticiens et assurant aussi la formation des éleveurs. * Promouvoir le concept du « un seul monde, une seule santé » pour gérer les risques sur l'écosystème humain et animalier.