Avancer un pronostic pour une finale continentale relève de l'équilibrisme. Aucun doute en revanche concernant la passion et l'indécision En se qualifiant le 20 octobre dernier pour sa troisième finale consécutive de Ligue des champions, l'Espérance Sportive de Tunis s'est approchée du record détenu conjointement par le Tout-Puissant Englebert (ancien nom du TPMazembe) et Al-Ahly qui, tous les deux, en ont disputé quatre d'affilée. Le TPEnglebert (TPMazembe) en 1967, 1968, 1969, 1970, Al Ahly en 2005, 2006, 2007 et 2008. Aucune de ces deux équipes n'en a cependant remporté consécutivement, ce qui sera le cas également de l'Espérance qui avait perdu celle de 2010 contre les Congolais du TPMazembe. Pas encore le temps de digérer leur qualification en finale de la Ligue des champions que voilà les deux plus grands clubs arabe et africain, Al Ahly et l'Espérance, remettent le trophée en jeu dans une finale (aller et retour) très indécise et très équilibrée. Nous n'en sommes pas encore là mais nous ne perdons rien à attendre, d'autant qu'on trépigne déjà à l'idée de prendre la route d'Alexandrie où se joue un «classico» qui n'a pas pris une seule ride et qui suscite toujours autant de passion entre deux géants du football arabe et continental. Et comme le football va vite, très vite, un nouveau décor sera planté dimanche 4 novembre dans le magnifique stade Borj Al Arab. Désormais, Al Ahly ne sera pas le grand favori et l'Espérance — le tenant — ne partira pas pour faire de la résistance ou encore pour limiter les dégâts. Nous disons tout simplement que ce sera un peu la bouteille à l'eau dimanche prochain et que les deux adversaires partiront cette fois-ci à chances égales. La confiance d'Al Ahly Sans crier au miracle, force est de constater que l'arrivée d'Al Badry a fait beaucoup de bien au prestigieux club égyptien. Outre la confiance, c'est surtout le jeu de l'équipe qui est revenu avec les automatismes, le placement, le quadrillage du terrain et la spontanéité du côté des joueurs... Etre compétitif pendant une saison — sans jouer aucun match officiel en championnat — n'est pas à la portée de n'importe quelle équipe. Al Ahly l'a fait, prouvant au passage que l'effectif à la disposition du staff technique n'est pas aussi mauvais que cela, pour peu qu'on recadre les choses et qu'on redéfinisse certaines tâches après la suspension de Aboutrika. Aujourd'hui, avec un effectif au complet et gonflé à bloc, après la décision de permettre à ses supporters d'être au stade, beaucoup de choix s'offrent à l'entraîneur égyptien tant au niveau de la défense (en dépit du forfait d'Al Mouaweidh) que du milieu et de l'attaque. Il s'agira pour lui de trouver le juste équilibre entre le risque et la sécurité. Pour une équipe habituée à remporter des titres nationaux et africains, la résurrection et le retour sur terre (après sa 3e qualification consécutive en finale de la Ligue des champions) placent l'Espérance face à une nouvelle donne. Elle est aussi conquérante qu'avant. Le tenant demeure une grosse réalité de notre football et du football africain, avec un jeu toujours solide, un effectif à faire pâlir de jalousie et des joueurs qui en veulent encore plus. L'Espérance se présente dimanche prochain avec ses habituels atouts. Nous pensons à Moez Ben Chrifia, Chammam, Afful, Hichri, Mouelhi, Traoui, Youssef Msakni, Blaïli et Yannick N'djeng. Pour toutes les raisons invoquées et d'autres encore, cette finale aller ne sera pas triste (avec la présence du public) et sera à coup sûr placée sous le signe de la découverte. Découverte d'un Ahly qui renoue avec l'ambition et d'une Espérance qui ne l'a jamais abandonnée. Pour le reste, nous faisons confiance à deux galeries qui disputeront leur finale sur les gradins et seront sans l'ombre d'un doute à la hauteur de l'évènement. Reste à espérer que les joueurs le seront également. Et si cela se vérifie, ce classique du football continental entrera de plain-pied dans l'histoire!