Un séminaire a récemment fait le point à Kairouan. Détails. La Tunisie compte aujourd'hui environ 200.000 chômeurs diplômés du supérieur, auxquels s'ajoutent, chaque année, 80.000 diplômés supplémentaires à la recherche d'emploi. Pleinement conscient du rôle décisif que peut jouer l'entrepreneuriat dans la réduction de ce chômage, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique tunisien s'est mobilisé depuis 2 ans pour un programme initié par l'Organisation de coopération et de développement économique (Ocde). Intitulé “Skills for entrepreneurship", ce programme a pour vocation de promouvoir les compétences nécessaires au développement de l'entrepreneuriat. Le ministère, dans le cadre de sa participation à ce programme innovant, a pu bénéficier du concours local de la coopération allemande au développement (GIZ-Gesellschaft für internationale Zusammenarbeit) grâce à son Programme d'appui à l'entrepreneuriat et à l'innovation (Paei). Le ministère a ainsi enrôlé au sein dudit programme, à titre pilote, cinq institutions du supérieur : trois universités (celles de Jendouba, de Sousse et de Sfax), l'université virtuelle de Tunis et l'(Iset) Institut supérieur des études technologiques de Radès. Pour obtenir un véritable essor de l'entrepreneuriat, un certain nombre de compétences sont requises. Il s'agit, ici, de ces fameuses compétences nécessaires au promoteur à la réussite de la création de son entreprise. Le programme s'attache à identifier l'éventail de ces compétences et à examiner la manière dont leur enseignement est dispensé au sein de l'enseignement supérieur tunisien. Le but étant de pouvoir les enrichir, en s'inspirant des meilleures pratiques reconnues en Tunisie et au niveau international. Par ailleurs, le programme cherche à renforcer la coopération entre les universités et les structures d'appui à la création d'entreprises. Il est, en effet, primordial d'accompagner le jeune diplômé désireux de créer son entreprise par-delà la fin de son cursus universitaire. La mise en place de ce programme a nécessité nombre de visites d'étude d'équipes d'experts internationaux menées par l'Ocde, d'enquêtes de terrain, de tables rondes... Et près de 2 ans après le début de cette formidable expérience pilote, un séminaire, dit de restitution, s'est tenu les 19 et 20 septembre dernier à Kairouan. L'ensemble des parties prenantes ont eu la possibilité d'y dresser le bilan de leurs actions dans le cadre d'ateliers de travail. C'était également là l'occasion pour eux de partager leurs visions et les axes d'amélioration qu'ils souhaitent voir au sein de leurs institutions. L'université tunisienne, un moteur du développement... Dans son préambule, le rapport final met en exergue les efforts conduits ces dernières années pour stimuler l'entrepreneuriat, que ce soit par l'amélioration de l'accès au financement (nouveaux fonds de capital d'amorçage et garanties de prêts) ou par le soutien des start-up (nouvelles pépinières d'entreprises, formation et coaching). Ce même rapport relève que les universités tunisiennes ont développé, au cours de la dernière décennie, leurs propres activités pour l'éducation entrepreneuriale et le soutien aux start-up. Il considère comme très encourageant le constat que toutes les universités tunisiennes offrent des modules d'enseignement sur la culture entrepreneuriale ; et il note, au passage, que peu de pays membres de l'Ocde peuvent en dire autant. Mais ce satisfecit, ainsi que les résultats acquis ces 10 dernières années ne doivent pas pour autant cacher les contraintes auxquelles est confronté l'entrepreneuriat des diplômés universitaires avec, notamment, un nombre encore peu suffisant d'enseignants et de formateurs expérimentés, un contenu très hétérogène et une pédagogie parfois non adaptée. Un autre défi à relever est celui du système de soutien aux start-up, trop concentré sur les premières étapes de la création d'entreprise, et qui néglige le soutien qui permet aux entreprises de dépasser les seuils critiques à même d'assurer leur survie à long terme. De cet imposant rapport de plus de 100 pages, il ressort que la clé de la réussite passe, d'une part, par la proposition d'un enseignement de base extensif en entrepreneuriat (ciblé sur une meilleure compréhension de l'entrepreneuriat et les intentions entrepreneuriales dans la population estudiantine) et, d'autre part, par un soutien plus approfondi à la création d'entreprises et à la croissance pour ceux qui sont prêts à aller plus loin. En conclusion, l'université tunisienne doit, dans le cadre d'une stratégie nationale claire et cohérente, pleinement assumer de nouvelles responsabilités en devenant un moteur important du développement économique. Elle doit être de plus en plus impliquée dans l'enseignement des qualifications stratégiques et fonctionnelles nécessaires à l'entrepreneuriat et dans la mise à disposition des services complémentaires, tels que le coaching, le monitoring, les pépinières et le financement. Au niveau international, ce domaine connaît un développement et un changement rapides. Les structures et les pédagogies évoluent également à grande vitesse. En conséquence, une veille informationnelle et stratégique est nécessaire pour pouvoir suivre, s'adapter et être toujours à jour.