Charfeddine Yaâcoubi trésorier de l'Atcp, s'est attardé sur le rôle qui incombe à la société civile dans la diffusion de la culture de la bonne gouvernance et dans l'application de l'accord des Nations unies de lutte contre la corruption. Il rappelle, à ce propos, que cette convention a été mise en place en octobre 2003 et qu'elle a été signée par la Tunisie en 2004, précisant que le décret 763 du 24 mars 2008 se rapporte à l'approbation de la convention et que cette dernière a été , effectivement, publiée dans le Journal officiel tunisien le 19 mai 2008. Il souligne que plusieurs facteurs ont motivé la mise en place de cette convention et qu'il s'agit, notamment, des dangers de la corruption en tant que menace qui pèse sur la stabilité des sociétés, la démocratie et les valeurs de justice ainsi que sur le développement durable. Le lien qui existe entre la corruption, et le crime économique, notamment le blanchiment d'argent, est un autre motif de l'élaboration de la convention des NU. Cette dernière a pour objectifs de diffuser et d'appuyer les mesures aptes à lutter contre la corruption de façon plus efficace, de faciliter et de renforcer la coopération internationale et l'échange du savoir-faire technique dans ce domaine et de consacrer la transparence et la gestion saine des affaires et des biens publics. De son côté, la société civile, précise M.Yaâcoubi, est appelée à jouer le rôle de médiateur entre l'Etat et le citoyen. Elle doit aussi renforcer l'information du citoyen quant aux effets néfastes de la corruption et veiller à ce que les hauts fonctionnaires rendent compte sur leurs biens. La société civile devrait, également, appuyer la décentralisation, veiller à asseoir des structures de contrôle indépendantes, efficaces et fortes et élaborer des études et des recherches scientifiques précises sur la corruption. Le rôle de la société civile consiste, aussi, à défendre l'indépendance de l'information et de la justice et à consacrer une concurrence politique honnête, tout en veillant à garantir des élections démocratiques et transparentes, garantir l'application des lois, la diffusion des rapports sur la corruption tout en protégeant les personnes qui dénoncent ce genre de crimes ainsi que l'observation et l'évaluation du rendement du gouvernement qui sont d'autres actions incombant aux associations spécialisées. De son côté, l'Association tunisienne des contrôleurs publics veille à travers un ensemble d'actions à assurer une application optimale de la convention de l'ONU. L'Atcp a, en effet, comme principaux objectifs de cerner et d'élaborer les actions susceptibles d'améliorer la mission de contrôle public, de développer la profession et de préserver l'indépendance des institutions de contrôle. L'association veille, par ailleurs, à travers ses activités à réaliser les objectifs de la convention. C'est ainsi qu'elle a proposé, en collaboration avec le haut comité de contrôle administratif et financier, un projet de loi qui vise à instaurer un conseil national pour le contrôle administratif et financier qui réunira toutes le institutions de contrôle public. L'Atcp veille, par ailleurs, à améliorer la formation des contrôleurs publics et à moderniser les outils de contrôle, d'audit et d'évaluation des politiques et des programmes publics. Cependant, la société civile rencontre plusieurs difficultés qui entravent l'application optimale de la convention anticorruption de l'ONU. Il s'agit,entre autres, de ressources financières réduites, de la non-disponibilité des représentants de la société civile, ce qui limite ses interventions, et d'un manque de coordination entre les différents intervenants. Une expertise juridique limitée ajoutée à une absence d'information scientifique exacte sur le volume de la corruption et à l'opacité qui entoure encore les dossiers de corruptions sont autant d'entraves qui empêchent la société civile de jouer pleinement son rôle en matière de lutte contre la corruption.