• Une stratégie nationale de lutte contre la corruption sera annoncée le 9 décembre 2012 Une feuille de route pour la lutte contre la corruption a été présentée, hier, à l'Assemblée nationale constituante. Elle sera couronnée par l'élaboration d'une stratégie nationale dans le domaine qui sera annoncée le 9 décembre 2012 et devrait être suivie, début janvier 2013, de la signature d'une «charte nationale d'intégrité». A cet effet, le ministre auprès du chef du gouvernement chargé de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, Abderrahmane Ladgham, a présenté, hier, au cours d'une conférence de presse, au siège de l'Assemblée nationale constituante, les grandes lignes et les contours globaux de la feuille de route nationale pour la lutte contre la corruption qui s'articule autour de quatre axes. Le premier axe concerne l'instauration des bases d'un système national d'intégrité, à travers la promotion des institutions, des mesures et des mécanismes qui ont une relation avec la lutte contre la corruption financière. Le deuxième axe vise l'identification des principes et prérogatives de l'Instance nationale de lutte contre la corruption. Le troisième axe s'intéresse à la consolidation de la compétence des opérateurs, en particulier la société civile, dans les missions de contrôle, de pression et de lutte contre la corruption, alors que le quatrième axe concerne la garantie de la pérennité du processus de lutte contre la corruption. Le ministre a expliqué, à ce propos, que différents critères ont été pris en considération lors de la préparation de la stratégie de lutte contre la corruption, notamment l'application de la convention des Nations unies sur la lutte contre la corruption de 2003, «la consolidation du rôle de la société civile, la consécration des dimensions juridiques et répressives, le renforcement de la coopération avec les organisations internationales, ainsi que la dynamisation du rôle de l'information dans le développement des mentalités». La préparation de cette stratégie, a rappelé M. Ladgham, est le résultat des recommandations issues de l'atelier organisé les 22 et 23 mars 2012, avec le concours du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et la participation de la société civile ainsi que de nombreux experts. De son côté, le président de l'Assemblée constituante, Mustapha Ben Jaâfar, a souligné que toutes les parties sont appelées, aujourd'hui, «à rechercher des solutions rapides et audacieuses pour circonscrire et traiter le fléau de la corruption». Il a, en outre, recommandé l'instauration d'un régime politique fondé sur «le principe de la séparation entre les pouvoirs et de la garantie de l'équilibre entre eux, ainsi que la consécration de l'exercice de la démocratie et la garantie d'une justice indépendante et d'une information libre et crédible». Des lois strictes Le président de la Constituante a, d'autre part, appelé à réaliser la justice sociale, améliorer le niveau de vie du citoyen, diffuser l'esprit d'intégrité, promulguer «des lois strictes pour prévenir la dilapidation de l'argent public, restructurer les mécanismes en charge de la gestion et du contrôle de l'argent public et réviser les lois et les mesures organisant les marchés publics». Il a souligné, à cet effet, «l'engagement de l'Assemblée nationale constituante à mettre en œuvre la feuille de route pour combattre la corruption». Le président de l'Instance supérieure indépendante pour la lutte contre la corruption, Samir Annabi, a souligné que l'Instance «n'a pas de relations tendues avec le pouvoir judiciaire». Il a fait remarquer que ce pouvoir «n'a pas les compétences nécessaires, actuellement, pour lutter contre la corruption». M. Annabi a, en outre, affirmé que l'Instance est, seulement, responsable de la recherche et de l'investigation sur les crimes de corruption et sur les grands dossiers. Il a ajouté que lorsque l'Instance découvre l'existence de cas de corruption, elle transmet les dossiers à la justice. Pour sa part, Nejib Mrad, membre de l'Assemblée constituante, a mis l'accent sur la nécessité de consacrer la culture anticorruption dans la société, en l'incluant notamment dans les programmes pédagogiques. Il a appelé «à l'accélération du traitement des grands dossiers de la corruption, notamment ceux de la douane et de Tunisair». De son côté, le président de l'Ordre des experts-comptables, Nabil Abdellatif, a considéré que «la multiplication des structures de lutte contre la corruption a fait perdre à cette lutte son efficacité dans le traitement de ce phénomène». Il a recommandé d'unifier ces structures au sein d'une instance législative permanente, sous la présidence de l'Assemblée nationale constituante, et qui «sera indépendante et bénéficiant de prérogatives lui permettant de réaliser une véritable réforme et de lutter sérieusement contre la corruption». Il a, d'autre part, attiré l'attention sur le fait que le traitement du dossier de «l'argent volé» n'a pas été au niveau espéré, selon lui. Il a fait remarquer que ce dossier peut «ouvrir un nouvel accès à la corruption».