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Extraction du gaz de schiste, ou la mort annoncée d'une région
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 11 - 2012


Par Mohsen KALBOUSSI*
Le débat commence à foisonner ces derniers jours autour de la décision du ministre de l'Industrie d'accorder l'extraction du gaz de schiste dans la région de Bou Hajla, à Kairouan. Nous présentons ci-après les aspects techniques et environnementaux liés à l'exploitation de cette ressource non conventionnelle.
1. Les aspects techniques de l'extraction du gaz de schiste
Ce gaz se trouve à une profondeur de 2 à 3 kilomètres de la surface de la terre. Il se trouve piégé dans des couches géologiques, et non dans un réservoir, comme c'est le cas du pétrole ou du gaz naturel. Son extraction ne se fait pas par les techniques classiques de forage, mais par une technique qui s'appelle «hydrofracturation» qui consiste en injection en profondeur, sous très haute pression, d'eau et de produits chimiques pour fracturer la roche mère et libérer le gaz qu'elle contient.
Au forage vertical sont donc associés des drains horizontaux longeant la roche mère et pouvant être longs de plusieurs centaines de mètres, voire plusieurs kilomètres. A l'eau sont ajoutés du sable et une douzaine de produits chimiques pour mener à bien les différentes opérations d'extraction. Le volume d'eau nécessaire au forage et à la fracturation de la roche mère d'un puits de gaz de schiste est compris entre 10000 et 20000 mètres cubes.
Une fois la roche fissurée, le gaz libéré remonte en surface avec une partie de la solution injectée (de 10 % à 80 % du volume, un tiers en moyenne).
2. Le devenir des eaux remontant en surface
Les eaux remontant en surface sont récupérées et — en principe — traitées par l'exploitant puis réutilisées dans le processus de fracturation de la roche mère. La remontée des eaux en surface (surchargées en chlorures et produits organiques non biodégradables) peut charrier d'autres éléments, en dehors de ceux injectés, notamment des métaux lourds (arsenic, cadmium, chrome, plomb...), des éléments radioactifs et d'autres composés toxiques (arsenic par exemple). Après plusieurs traitements, une partie de cette solution n'est plus réutilisable et devrait être stockée dans des décharges spécialisées et sécurisées dont notre pays ne dispose pas. Il n'est pas question que ces fluides restent stockés à l'air libre. La réinjection de cette solution dans un puits n'est point conseillée en raison des risques sismiques.
3. Les risques techniques
Parmi les risques techniques, nous évoquons les éléments suivants :
Le comportement à long terme des réservoirs créés suite à la fracturation de la roche mère demeure une inconnue de taille pour laquelle il n'y a pas pour le moment de réponse claire ;
La fuite possible des liquides injectés vers d'autres couches, d'où la contamination possible des nappes phréatiques utilisées pour l'agriculture et la consommation humaine, surtout que les produits utilisés ne sont pas biodégradables;
Le risque de passage du gaz dans les nappes phréatiques, l'eau devient ainsi chargée de gaz (l'eau s'enflamme);
Le risque de remontée du fluide vers la surface de la terre et les nappes phréatiques, notamment à travers des couches poreuses ou des accidents tectoniques (failles se trouvant en profondeur de la terre), des liquides injectés et des gaz échappés de la fracturation de la roche mère ;
En dehors de la destruction de la végétation naturelle autour des sites de forage ou d'exploitation, le trafic routier créé autour des sites d'exploitation (poids lourds) rend impossible une installation humaine dans les environs ;
Certains composés chimiques utilisés sont extrêmement toxiques pour la santé humaine (toxicité aux reins, à l'appareil reproducteur, aux yeux et à la peau, au système nerveux) et cancérigènes ;
L'activité sismique (tremblements de terre) devient anormalement importante dans les zones où le gaz de schiste est exploité ;
L'extraction des gaz de schiste relâcherait à l'air libre des gaz extrêmement polluants, notamment du méthane et du sulfure d'hydrogène (H2S). Rappelons que le méthane (CH4) est considéré comme plus nocif que le dioxyde de carbone comme gaz à effet de serre contribuant au réchauffement climatique.
4. Les répercussions sur l'environnement
La première source d'inquiétude est le volume d'eau utilisé dans l'hydrofracturation ; cette eau étant prise sur celle utilisée en agriculture, d'où des conséquences immédiates sur cette activité humaine. Même si une partie de l'eau utilisée sera traitée et réutilisée, les activités humaines vont se trouver directement affectées, notamment dans une région marquée par l'aridité et le manque permanent de l'eau.
Il faut ajouter à ce qui précède que la remontée des produits dangereux vers les couches superficielles et les réservoirs d'eau (nappes) peut se produire des années après la fin de l'exploitation et le départ des exploitants. Personne ne peut assumer ce risque au détriment des générations futures. Compromettre leur avenir est pour le moins qu'on puisse dire irresponsable, sinon criminel.
5. Le contexte national
Parmi les raisons invoquées à l'accord d'autorisations pour exploiter le gaz de schiste, se précisent deux volets :
- Le premier, relatif aux questions d'énergie, disant que la Tunisie devrait assurer au moins son autonomie vu que ses ressources conventionnelles en gaz et pétrole s'épuisent ;
- Le second, évident, mais non déclaré, est le besoin de l'Etat de moyens financiers pour répondre aux besoins pressants de la population et rehausser la cote de popularité du gouvernement.
Au premier point, répondons par :
- La nécessité de revoir les contrats signés sous la dictature aux entreprises exploitant nos ressources naturelles et dans lesquels ni la société ni l'Etat ne sont gagnants,
- Le besoin de nous orienter vers des sources d'énergie renouvelables, notamment le solaire et la biomasse.
Pour le second point, disons que ce gouvernement est censé ouvrir les dossiers de corruption et récupérer les biens publics dilapidés des décennies durant (dont celui du secteur des mines et de l'énergie). Ce travail permet de récupérer des fonds qui pourrait servir au développement des régions marginalisées dont celles où le projet d'extraction du gaz de schiste est censé avoir lieu. Le pain de la dignité que nous aimerions manger ne devrait pas passer par la mort d'une région. Dire aux gens que ceux qui s'opposent à l'extraction du gaz de schiste ne veulent pas le bien des populations paysannes que certains responsables régionaux sont allés voir relève tout simplement de la démagogie, sinon de l'ignorance !
Enfin, poser l'extraction sous un angle strictement technique (maîtrise de la technique des forages verticaux et horizontaux) déplace le problème et ne fait pas face aux risques évoqués plus haut. Ignorer la position de la société civile et des experts nationaux qui ne cessent de crier haut et fort contre les risques d'une telle aventure, relève d'une position cynique et inhumaine, sinon criminelle.
Les discussions sur le gaz de schiste ont également révélé les insuffisances de notre système juridique en termes de normes de sécurité et de législation environnementale. Espérons que ce débat pousse les autorités à produire un code de l'environnement et à établir des normes de sécurité auxquelles les entreprises se doivent de se plier.
Disons à la fin que nous ne sommes pas plus avancés en termes techniques que les pays qui ont interdit l'hydrofracturation (France, Bulgarie, Etats-Unis). S'entêter à défendre une telle position revient simplement au suicide politique, sinon au crime.
A bon entendeur, salut !
*(Ecologue)


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