SEOUL (Reuters) — La tension entre les deux Corées s'est brutalement accrue hier avec la publication d'un rapport d'enquête montrant que Pyongyang était impliqué dans le naufrage d'un navire de guerre sud-coréen qui avait entraîné la mort de 46 marins au mois de mars. Le rapport, établi à partir des travaux d'une équipe d'experts civils et militaires américains, australiens, britanniques et suédois, parvient à la conclusion qu'un sous-marin nord-coréen a tiré une torpille contre la corvette Cheonan provoquant son naufrage. "Il n'y a pas d'autres explications plausibles", affirme le rapport. Disposant de ce qu'elle considère comme des preuves accablantes, la Corée du Sud a annoncé vouloir prendre des mesures "fermes" contre son voisin. Face à ces accusations, la réaction de Pyongyang a été immédiate, les autorités de l'Etat communiste affirmant qu'elles étaient prêtes à prendre d'importantes mesures, y compris de recourir à la guerre, si la Corée du Sud adoptait des sanctions dans l'affaire du naufrage du Cheonan. Dans un message diffusé à la radio et capté en Corée du Sud, la Commission de la défense nationale, instance dirigeante du régime nord-coréen, a estimé que les accusations de Séoul dans cette affaire étaient une invention. Pyongyang a toujours démenti son implication dans cet incident qui s'est produit à la frontière des eaux territoriales entre les deux Etats. La presse sud-coréenne, citant un haut responsable gouvernemental, rapporte que les enquêteurs ont retrouvé sur le site du naufrage un mécanisme de propulsion de la torpille portant des caractères correspondant à un type d'arme utilisée par le Nord. Le président sud-coréen, Lee Myug-bak, a convoqué une réunion d'urgence du Conseil de sécurité nationale aujourd'hui. Son gouvernement a précisé qu'il n'envisageait pas de représailles unilatérales mais qu'il allait demander à la communauté internationale de prendre des mesures contre la Corée du Nord. "Nous allons prendre des mesures fermes contre le Nord, et en nous appuyant sur la coopération internationale, nous allons obliger le Nord à admettre son méfait et à redevenir un membre responsable de la communauté internationale", a déclaré Lee Myug-bak au Premier ministre australien, Kevin Ruud, dont les propos étaient rapportés par son bureau. Surveillant toujours de près les événements entre les deux voisins de la péninsule, les Etats-Unis ont immédiatement réagi en apportant leur soutien à Séoul. "Cet acte d'agression est un nouvel exemple du comportement inacceptable de la Corée du Nord et un défi au droit international", a estimé la Maison-Blanche, pour qui la responsabilité de Pyongyang ne fait pas de doute. Cette position américaine a été relayée par la Grande-Bretagne dont le nouveau ministre des Affaires étrangères, William Hague, cité par l'ambassade à Séoul, a jugé que cette affaire allait renforcer la défiance de la communauté internationale à l'égard de la Corée du Nord. "Le Royaume-Uni et ses partenaires internationaux sont déterminés à travailler en étroite collaboration avec la Corée pour trouver une réponse multilatérale appropriée à cet acte impitoyable", a dit Hague. Pour sa part, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a qualifié de "profondément troublantes" les conclusions du rapport d'enquête. La Chine, qui est l'un des seuls alliés de Pyongyang sur la scène internationale, a qualifié cette affaire de "malheureuse" et a appelé par la voix de son vice-ministre des Affaires étrangères, Cui Tiankai, à maintenir la stabilité dans la péninsule. Pékin, principal partenaire économique et soutien politique de son voisin, avait reçu début mai le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il en visite officielle.