Elle avait l'air émue et dans le même temps un petit peu perdue en écoutant le responsable du protocole de l'ANC lui expliquer comment fonctionne le micro et le système de vote puis lui donner une copie du Coran sur lequel elle allait prêter serment quelques minutes plus tard lors de l'ouverture de la séance plénière. Elle, c'est Nefissa Wafa Marzouki (Ettakattol), nouvelle élève de la turbulente classe des députés de l'ANC, elle remplace Saïd Mechichi, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur, démissionnaire. «Je ne suis pas une politicienne», nous dit-elle quand nous l'avons rencontré dans le hall de l'ANC, et pour cause, Nefissa Wafa Marzouki est une écrivaine ayant à son actif plusieurs ouvrages dont Bonjour soleil ou encore Réveille-toi, Rose de l'Orient. Deuxième sur la liste d'Ettakatol à la circonscription de Jendouba, cette professeur en littérature française semble fière de contribuer à écrire l'histoire de la Tunisie au sein de l'ANC. «Je compte garder ma liberté d'action au sein de l'ANC», nous affirme-t-elle sans hésitation, « c'était d'ailleurs la seule condition que j'avais posée avant d'accepter de rejoindre l'ANC». Très attachée à la modernité et aux acquis de la femme tunisienne, cette femme de caractère se dit également soucieuse de défendre le gouvernorat de Jendouba, qui selon elle, a été oublié par le développement. «La Troïka fonctionne encore, malgré des choses qui restent au travers de la gorge», ne souhaitant pas commenter plus en détail le bilan de l'action gouvernementale, c'est en ces quelques mots que la nouvelle constituante a exprimé son sentiment vis-à-vis du mariage sans amour consenti par son parti. Tel un officier décoré sur un champ de bataille, le serment devant ses collègues de l'Assemblée nationale constituante dura à peine quelques secondes, plus de temps à perdre pour cette élue qui devra, dès son premier jour, se pencher sur le projet de loi portant création de l'Isie.