Il y a quinze jours, l'administrateur du palais de Sidi Dhrif donnait l'alerte. Une gazelle en or massif a été volée des salons de Ben Ali. L'enquête se poursuit... La Presse l'avait annoncé le 7 octobre dernier: une exposition devait présenter au grand public, du 1er au 30 novembre, au Casino de Gammarth, une partie du trésor des familles Ben Ali et Trabelsi, 25 coupés de luxe, des bijoux rares, des bibelots et du mobilier à la valeur inestimable. L'évènement a été dernièrement décalé d'un mois. Est-ce en raison du vol enregistré, il y a quinze jours, au palais de Sidi Dhrif ? Un incident inattendu et qui a exigé l'ouverture d'une enquête, le ratissage de la résidence personnelle de l'ex- président et des containers destinés à l'expo ainsi que l'interpellation d'une vingtaine de personnes par le juge d'instruction de la dixième Chambre de Tunis assisté par les services spéciaux de la Garde nationale. Et même si Mohamed Lassaâd Hmaied, membre de la Commission de gestion et d'exploitation du patrimoine et des biens confisqués au profit de l'Etat tunisien, placée sous la tutelle du ministère des Finances, nie toute relation entre les deux affaires, le renforcement du système d'alarme de l'exposition dénote une inquiétude nouvelle par rapport à la sécurité du trésor des Ben Ali. «Nous avons préféré attendre l'arrivée de l'équipement de surveillance qui sera installé au Casino de Gammarth», affirme cet ancien banquier et spécialiste en commerce international. Un vent de panique a commencé à souffler sur l'équipe de la Commission de gestion et d'exploitation des biens confisqués depuis que l'administrateur du palais, Ali Grina, avait alerté le procureur de la République sur la disparition d'un bibelot précieux : une gazelle en or massif, estimée par les experts à un prix allant de 50 à 70 mille dinars. Des sites internet avaient annoncé, la semaine écoulée, le vol «d'une œuvre d'art très rare». «Les tableaux accrochés aux murs du palais sont tous signés par des peintres tunisiens. Les œuvres cotées sur les marchés internationaux de l'art se trouvent ailleurs : chez Sakhr et Moncef Materi», objecte M. Hmaied. La gazelle volatilisée, probablement un cadeau reçu des mains d'un émir saoudien, fait partie des 56 400 articles trouvés au palais et répertoriés par la Commission nationale d'investigation sur la corruption et les malversations dirigée par feu Abdelfattah Amor sous la forme de procès-verbaux consignés par des huissiers-notaires. Ali Grina, l'administrateur, a, par la suite, pris la relève en développant un système de code à barre pour identifier toutes les pièces du butin abandonné par l'ex- président ce 14 janvier 2011 vers 15h de l'après-midi...Dans les dressings des appartements privés de Ben Ali et de sa femme, sont aujourd'hui alignés des centaines de costumes, des robes et des chaussures signés par des stylistes de la haute couture mondiale. Dans les tiroirs s'entassent 748 kilos de bijoux en or et en pierres précieuses. Les 318 télévisions à écran plasma ont été estimées à plus de neuf millions de dinars... Aujourd'hui, Lassaâd Ben Hmaied semble inquiet : «D'autres pièces ont peut-être été dérobées», chuchote-t-il. Mais qui a bien pu subtiliser une partie de la fortune de l'homme qui a fait main basse sur les richesses de la Tunisie ?