Son parcours est, pour le moins, atypique. Comment peut-on avoir fait des études, brillantes , de sciences politiques, et d'architecture, travailler avec passion dans une organisation internationale après avoir exercé le métier d'architecte avec le même enthousiasme, et se lancer corps et âme dans une aventure tout aussi passionnante, certes : monter une exposition au Palais Kheïreddine, rien de moins, sur "Les Maisons de Maître à Tunis ". Et trouver dans tout cela la cohérence d'un jeune homme heureux. Car Ahmed Zaouche a toute l'apparence d'un tout jeune homme heureux de ce qu'il fait. La seule question qu'on se pose, c'est : " Mais quand a-t-il eu le temps de faire tout cela ? " En fait, quand il vous l'explique, tout se tient. Au cours du mastère qu'il avait engagé à sciences po, on étudiait " L'urbanisme et l'aménagement du territoire ". Des approches du " Vivre ensemble " qui vous mènent à une vision pluridisciplinaire de la ville et de l'urbanisme " Le rôle d'un architecte n'est pas seulement esthétique, c'est également un acte politique.Quand il prend possession d'un site, il s'inscrit dans un ensemble. Et, s'il affirme un parti pris esthétique, il doit aussi tenir compte des aspects techniques. Il doit, en effet, étudier l'environnement, l'accessibilité, les flux, les mécanismes juridiques…" Collaborant actuellement avec le Pnud , et gérant un programme de développement sociosanitaire, et agroalimentaire, il monte, dans une seconde vie, et en collaboration avec une jeune architecte, Chacha Atallah, cette exposition sur " Les Maisons de maître à Tunis de 1900 à 1930 " qui s'ouvrira le 10 juin prochain: " Cette exposition tente d'exhumer l'architecture domestique de style arabo-mauresque ou arabisante qui s'est développée en Tunisie entre 1900 et 1930. A travers un florilège de tirages d'époque, de gravures, de dessins d'architecture inédits et de médiums contemporains, nous souhaitons restituer les dimensions sociales, techniques, culturelles et humaines de ce patrimoine bâti, dont la mise en valeur est encore d'actualité ". L'arabisance n'est pas, comme on l'a souvent cru, l'expression privilégiée de l'identité arabo-musulmane. Elle utilise le répertoire local, et le savoir-faire ancestral bien sûr, mais elle naît de la volonté de l'administration coloniale de moderniser les arts de l'Islam. "C'est donc un style imposé, l'architecture du protecteur, et non celle du vainqueur", conclut Ahmed Zaouche. Ce qui n'empêche, la période étant de riche effervescence créative, que le mouvement se conforta, eut ses maîtres, et laissa à la Tunisie un riche patrimoine que cette exposition, en le mettant en valeur, permettra peut-être de mieux protéger