El Gaouafel Sport de Gafsa broie du noir. Pas le moindre point décroché en trois sorties : la cote d'alerte est atteinte. La veille du déplacement désastreux de Monastir (défaite 0-3), le technicien français Patrick Liewig, à peine rétabli de son accident contrariant survenu quelques jours avant les trois coups de la compétition, faisait remarquer qu'«au fond, rien n'est réellement perdu. Malgré un compteur toujours à zéro, nous devons nourrir de l'ambition et jouer pour un billet africain. Nous déplorons une préparation lacunaire : je n'ai pas eu les cinq semaines nécessaires à la mise en train. De plus, nous étions dans la continuité des carences de la fin de la saison dernière. Mais nous ne devons pas abandonner l'objectif d'une place africaine», nous confiait-il. Maintenant, l'ancien coach du Stade Tunisien et du Club Africain doit mesurer l'ampleur du désastre derrière lequel se trouvent à notre avis trois raisons au moins: 1/El Gaouafel a tardivement engagé un entraîneur, perdant énormément de temps dans de vaines tentatives pour convaincre Khaled Ben Yahia de rempiler, et dans des négociations avec d'autres parties qui n'ont pas abouti, dont le Franco-Serbe Dragan Cvetkovic. Liewing, parti l'été dernier en Algérie prendre la Mouloudia, n'a pas pu mener longtemps son exercice chez le voisin de l'Ouest. Il débarque à Gafsa juste une semaine avant le départ du championnat national, la préparation a été menée par l'adjoint, Farhat Zarrouk. De plus, l'accident, dont a été victime le 1er novembre l'ancien entraîneur de l'ASEC Mimosas (Côte d'Ivoire), a compliqué un peu plus la situation, retardant la présence sur le banc de ce dernier pour les débuts de la saison. 2/Les luttes intestines au sein du bureau directeur ont directement influé sur le rendement de l'équipe première de football, fleuron du club : quatre membres se rangeaient du côté du président Nabil Baiir, cinq autres ont choisi de soutenir le vice-président Khaled Bennour. Ce dernier front s'opposait farouchement à la volonté du président qui a choisi hors des membres élus le successeur du trésorier du club. L'intervention du gouverneur de la région, la semaine dernière, a permis de faire renoncer le patron à sa démission. Ce consensus apaise dans l'immédiat les tensions. En attendant un nouvel accès de fièvre? 3/Les caisses du club sont à sec Les mécènes se débinent; même la société Phosphates-Gafsa n'a plus les moyens d'apporter une subvention à hauteur de son soutien de naguère. Le président Nabil Baiir a dû avancer une somme colossale de son propre argent pour tenir le club à flot (on parle d'un montant de 250 mille dinars). Le déficit révélé par la dernière Assemblée générale évaluative de l'ordre d'une centaine de milliers de dinars correspond pratiquement au montant de la subvention de Phosphates-Gafsa, telle que consentie depuis la révolution. Conséquence de cette mauvaise passe budgétaire, une accumulation des retards de paiement causant périodiquement des mouvements de boycott par les joueurs des entraînements. Avec quelle motivation et quel degré de concentration les copains de Khelifa Bennani négocient-ils leurs rencontres? Depuis la production inaugurale à Gabès (défaite 0-2) jusqu'au waterloo de dimanche dernier à Monastir (nouveau revers 3-0) en passant par la déroute (3-1) à domicile contre le Stade Tunisien, les «Jaune et Vert» ont à chaque fois donné à voir leurs peines et leurs carences, notamment défensives. La prochaine venue de l'Etoile du Sahel n'est pas réellement faite pour arranger les choses. Il y a urgence de se rebeller et d'arrêter l'hémorragie. Plus modestement, Liewig, qui ne bénéicie pas d'un blanc-seing interminable, et sa bande doivent réviser leurs ambitions.