Des images chocs provenant de Siliana inondent, depuis hier, l'actualité des réseaux sociaux, des images d'une violence inouïe, choquantes et révoltantes dont les victimes sont les habitants de cette ville oubliée, comme tant d'autres villes tunisiennes, par le train du développement. Leur seul tort est d'avoir réclamé la démission du gouverneur qui s'avère être le neveu du chef du gouvernement, M. Hamadi Jebali, et qui semble ne pas trop se préoccuper de leurs revendications sociales. Une grève générale est alors observée, depuis mardi dernier, par toutes les délégations du gouvernorat de Siliana, vite réprimée par les forces de l'ordre qui n'ont pas hésité à faire usage de bombes lacrymogènes, de balles en caoutchouc et, pis encore, de chevrotine, une sorte de munition composée de projectiles multiples et qui a fait une centaine de blessés graves entre mardi et mercredi derniers. Un appel de détresse, lancé hier ver 15 heures, par le médecin activiste, Sami Ben Sassi, sur Facebook ne fait que confirmer les dégâts: «On m'appelle de l'hôpital régional de Siliana pour me dire que l'équipe médicale serait dépassée par le nombre de blessés (24 blessés enregistrés pour la journées d'avant-hier et 80 blessés enregistrés hier). Deux décès sont avérés. Les blessures sont essenciellement dues aux balles de plomb multiples, type fusil de chasse, ce qu'on appelle «Rach» ou garnis de plomb. Les cas les plus graves sont ceux qui ont été atteints aux yeux, 2 cas hier et 7 cas aujourd'hui. Ils ont été tous transférés à Tunis à l'Hôpital Hédi Raies par manque de spécialistes ophtalmologues et de matériel nécessaire sur place, mais le problème actuel est le manque d'ambulances pour transférer les cas qui continuent à affluer à l'hôpital. Le «contrôle» des manifestants est toujours en cours et se dirige actuellement vers les quartiers. Je vous transmets l'information qui m'est donnée par un responsable de santé sur place à l'hôpital, pour alerter éventuellement des médecins ophtalmologues volontaires disponibles. Il y a également un manque total de médicaments contre la douleur type Doliprane, Adol, Dialgesic à l'hôpital». Les images et autres vidéos des affrontements, des assauts policiers et celles des blessés diffusées sur la Toile n'ont pas tardé à provoquer une forte mobilisation. Outre les marques d'indignation, de soutien et de solidarité exprimées sur Facebook, deux rendez-vous ont été fixés, pour le 28 novembre pour des manifestations dénonçant le drame qui se joue à Siliana. Le premier, fixé vers 13h00 du côté de la Place Mohamed-Ali devant le siège de l'Ugtt à Tunis, a vu la participation timide d'une cinquantaine de citoyens avec une prédominance de jeunes demandant l'intervention des autorités et du peuple face à ce retour en force des pratiques répressives. «Rach» ou balles réelles, les Tunisiens n'ont pas peur !», «O peuple honte à toi, Siliana est en train de brûler » clamaient les manifestants qui s'indignaient de ne pas voir plus de gens mobilisés. Deux jeunes filles arboraient une pancarte où l'on pouvait lire «Pour les beaux yeux du neveu, l'on tue le miséreux!».