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SILIANA S'EMBRASE !
Publié dans Le Temps le 29 - 11 - 2012

Plus de 100 blessés, en une seule journée, parmi les citoyens et les policiers
Deux journalistes régionaux agressés par la police et d'autres empêchés de filmer les événements
L'hôpital régional de Siliana regorge de blessés et manque de moyens médicaux
Débordés, les médecins appellent au renfort
Bientôt une semaine que la ville de Siliana a déclaré sa grève générale. Bientôt une semaine qu'elle est devenue l'épicentre de tous les troubles. Répression, violence, affrontements, tirs de caoutchoucs, fusils de chasse et bombes lacrymogènes, on ne lésine pas sur les moyens pour réprimer la colère des habitants de Siliana.
En somme, un scénario digne des troubles qui ont jalonné la Tunisie anté-révolutionnaire.
A la guerre
C'est comme à la guerre
Face au silence ostentatoire et sépulcral du gouvernement, les habitants de Siliana s'insurgent et déclarent leur rébellion. On les taxe tantôt de sbires de l'ancien régime, tantôt de fiefs de Nidaa Tounes et du Front populaire, de traitres à la Révolution. Ces hommes et femmes sont, en réalité, sortis réclamer le départ du nouveau gouverneur de la région, nommé par le gouvernement, Ahmed Ezzine Mahjoub . ce dernier, pour toute réponse, lors d'une déclaration à la Watania 2, a refusé de quitter son poste puisque c'est un gouvernement légitime qui l'a nommé. Il rajoute que les pierres utilisées par les manifestants sont «importées»... et ne sont pas celles de Siliana, comme si celles de la région ont une spécificité bien particulière et que les pierres dont on parle ont été ramenées par des intrus peut-être. Une déclaration de plus qui sous-entendrait la fameuse théorie du complot.

Balles de plomb et état de panique générale à l'hôpital de Siliana
Via les réseaux sociaux et en vérifiant avec les confrères et consoeurs sur place l'hôpital régional de Siliana est débordé et manque affreusement de médicaments et de moyens. L'équipe médicale est dépassée par le nombre des victimes dont 24 blessés enregistrés avant-hier et plus de 80 autres hier, jusqu'à l'écriture de ces lignes.
On annonce, malheureusement, la mort de deux personnes blessées par balles de plomb. Les blessures enregistrées sont dans la majorité causées par des balles de plomb multiples du type fusil de chasse.
Le recours intensif au gaz lacrymogène a généré de graves blessures aux yeux. Jusqu'à présent, 9 cas ont été enregistrés dont 7 victimes ont été transférées au Centre d'ophtalmologie Hédi Raïes à cause du manque de matériels élémentaires et de l'absence d'une équipe médicale suffisante spécialisée en ophtalmologie.
Débordé le staff médical qui est sur place, lance un appel de détresse à leurs confrères pour recevoir du renfort à l'hôpital régional de Siliana. Un appel dans lequel il prie leurs confrères de se joindre à eux. Outre le manque de matériel adéquat et le staff réduit, les ambulances sont elles aussi manquantes pour transférer les blessés. Rajoutons à cela, le manque terrible des médicaments calmants contre la douleur à l'instar du Doliprane, Adol ou encore le Dialgesic.

Siliana assiégée et coupée du monde
Les premières nouvelles qui nous sont parvenues parlent d'une ville sous l'emprise d'une répression policière démesurée. Assiégée par les forces de l'ordre dont le nombre s'est agrandi à vue d'œil ; parce l'on a pensé à accroitre le nombre des tireurs et non pas celui des guérisseurs ; Siliana a été privée d'électricité, avant-hier soir et hier dans la journée. La connexion Internet a, notamment, été interrompue.
Durant les affrontements, les policiers ont fait en sorte de confisquer par la force, bien évidemment, les appareils photos et les téléphones des manifestants et des présents pour empêcher la propagation des faits sur les réseaux sociaux. Le même sort a été réservé aux journalistes qui portaient pourtant leurs dossards presse et étaient munis de leurs cartes de presse. En appelant nos confrères et consœurs, on nous a certifié l'agressivité policière dont ils sont victimes et les insultes qui leur sont adressés. On leur a refusé de filmer et de prendre des photos des scènes dramatiques qui se déroulaient sous leurs yeux.
Empêchés d'exercer leur travail, les journalistes n'avaient pas le droit de reporter les faits ni de remplir leur mission. Pis encore, plusieurs d'entre eux ont été sujets à des agressions physiques, à l'instar du journaliste de MosaïqueFm Abdeslem Somrani, notre consoeur du journal électronique Al Massira, Hend Jbeli ou le reporter de France 24.
Le bilan est lourd. Les 200 blessés victimes de tirs de plomb gisent à l'hôpital de Siliana. Des agressions ciblées contre les journalistes qui portaient pourtant leurs dossards Presse. Une présence policière massive assiège la ville et un gouvernement qui campe sur ses décisions. La situation semble en ne peut plus inextricable. La violence sévit et s'abat sur les manifestants et les journalistes. Personne n'est épargné.
Melek LAKDAR
Hammadi Jebali, ferme et «irréductible» !
Interrogé en marge de sa visite au CAT 2012, sur la situation dans le gouvernorat de Siliana suite aux affrontements musclés entre forces de l'ordre et manifestants, le Premier ministre a accusé deux partis qu'il n'a pas nommés de semer la zizanie dans la région. Pour lui, le gouverneur ne sera pas limogé et la grève générale dans la région n'est pas justifiée. « Dégage, ce mot ne sera plus le mot d'ordre. Le gouverneur ne va pas partir. Je quitterai mon poste avant même qu'il ne quitte le sien », a-t-il affirmé.
Zied DABBAR
Grève de la faim d'Iyed Dahmani
L'élu Iyed Dahmani, membre du bureau politique du Parti républicain, originaire de la ville de Siliana, est entré en grève de la faim, hier, pour souligner son soutien aux habitants de sa ville natale où il se trouve maintenant. Résidant pour l'instant dans le bureau de l'UGTT de Siliana, il déclare avoir appelé, à maintes reprises, le ministre de l'Intérieur mais celui-ci ne lui a toujours pas répondu.
Melek LAKDAR
Les mille et une facettes de la contestation
Siliana ou les « pierres importées »
Commençons par « saluer » les membres de l'Assemblée Nationale Constitutionnelle qui étaient à Siliana, mardi, après avoir séché les séances sur la nouvelle Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE). Attention : « saluer » n'est pas « applaudir ». La télévision les a montrés, nous les avons vus, reconnus et salués ! Voilà tout ! Peut-être, avaient-ils de plus urgent à faire à Siliana que leurs tâches à l'A.N.C., comme par exemple d'admirer les « pierres importées » que les émeutiers de la ville jetaient sur la police et le siège de leur Gouvernorat. Qui sait par ailleurs si ce ne sont pas les Constituants de Siliana eux-mêmes qui ont importé ces pierres « exotiques ». Ne perçoivent-ils pas plus de 4000 dinars par mois et ne jouissent-ils pas de l'immunité qui protège leurs valises à l'aéroport ? Ah, non ! Les douaniers étaient en grève, mardi dernier, et c'est ce qui a certainement facilité l'entrée illicite des pierres étrangères sur notre sol national. Il est du reste fort possible que des agents de la contre-révolution, (installés hors de nos frontières et en étroite connivence avec des ennemis européens, américains, russes, chinois, ou sionistes de la Révolution, entendez ennemis de la Troïka et d'Ennahdha en particulier) soient derrière cette forme de contrebande pierreuse !
Des pierres pas « halal » !
C'est M. Ahmed Ezzine Mahjoubi, Gouverneur de Siliana, qui à la télévision nationale parla le premier (le seul en fait) de ces « pierres importées ». Sur l'écran de notre téléviseur, nous n'avons pas pu relever les propriétés spécifiques des pierres « immigrées ». A première vue, elles nous parurent ressembler en tous points aux pierres « autochtones ». Mais, un laboratoire spécialisé devrait mieux les analyser pour en détecter l'origine, les traits particuliers et les effets originaux. Une enquête parallèle doit être menée pour identifier les importateurs clandestins de cette marchandise interdite. Imaginez : notre police nationale, les sièges de nos institutions nationales et régionales lapidés avec des pierres « étrangères ». Peut-être, voire même assurément, pas « halal » ! Quel sacrilège ! Quelle profanation !
Hémorragie de devises
Ainsi donc, à l'heure où des contrebandiers font passer clandestinement en Libye des matières premières et des produits alimentaires tunisiens de première nécessité, les habitants de Siliana, eux, introduisent illicitement de la pierraille ! Ni cristal, ni diamant, ni turquoise, ni émeraude ! Seulement des pierres d'Intifadha ! Comme si la région en manquait ! Voilà ce qui fait de la peine : une hémorragie de devises pour importer de la rocaille ! Si au moins, les Silianais en avaient rapporté de Bouhjar ! Maintenant, il faut raisonner les habitants de Siliana qui doivent comprendre que l'argent dilapidé pour lapider peut servir à créer des emplois aux chômeurs diplômés et à développer leur gouvernorat. Ils ne doivent pas non plus recruter leurs jeteurs de pierres chez les voisins. La main-d'œuvre locale est-elle défaillante à ce point? Siliana manque-t-elle de bras pour en chercher ailleurs ? Admettons, même s'il est difficile de le concevoir, que la pierre et les jeteurs de pierre fassent réellement défaut aux Silianais, pourquoi ne pas revendiquer l'implantation, à Siliana même, d'une ou de plusieurs usines fabriquant la pierre ? Pourquoi d'autre part, rester sans formation en matière de jet de pierre ? A Sidi Bouzid, entre autres, on a atteint l'autosuffisance dans la production de pierre et en promotion de lanceurs de pierres. Ils en sont même au stade de l'exportation, là-bas ! C'est à peine si chaque habitant de Bouzid ne s'appelait pas Pierre !
Un budget pour la « pierre nationale » !
Pour en revenir aux Constituants natifs de Siliana, ils ont désormais de quoi s'occuper au siège de l'A.N.C. : du moment que l'accélération de la rédaction d'un nouveau Destour ne semble pas les préoccuper outre mesure, ils peuvent passer leur temps vacant à exiger que le Gouvernorat de Siliana promeuve sa production de pierres et de lanceurs de pierres indigènes. Voilà ce qui devrait être leur nouveau cheval de bataille, quitte à entrer dans un mouvement de grève de la faim pour cette cause ! Pourquoi rester à la traîne dans ces deux domaines cruciaux de l'économie et de la géologie ! Importer de la pierre, il ne manquait plus que ça, Si Hamma Hammami et Si Iyed Dahmani ! Nous venons d'apprendre que le budget national de 2013 prévoit des augmentations assez substantielles dans les enveloppes allouées respectivement à l'A.N.C., à la Présidence de la République et à la Présidence du Gouvernement. Lorsque viendra l'heure de discuter ce projet budgétaire, il faudrait demander instamment que les 24 gouvernorats tunisiens soient fournis équitablement en pierraille. Faites visiter Siliana, l'éternelle oubliée, à ceux des Constituants qui n'y ont jamais mis les pieds et Dieu sait qu'il y en a pas mal qui ne connaissent Rouhiya, Bargou, Makthar, Dougga que de nom ! Montrez-leur les « pierres importées » qui n'ont atteint qu'un seul et unique agent de la sécurité. Ils vérifieront de visu l'inefficacité de la marchandise étrangère comparée à la « pierre nationale » capable de faire bien plus de victimes comme à Guellala, l'été dernier ! Les Silianais ont manifestement été escroqués par leurs fournisseurs de rocaille. On attend une réaction de la part de Chokri Belaïd, de Radhia Nasraoui et de tous les avocats du Front Populaire et de l'UGTT !


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