Les parents des détenus dans l'affaire de l'incendie du siège de la délégation de Sakiet Sidi Youssef observent une grève sauvage de la faim pour obtenir la libération de leurs enfants Les détenus sont entrés en grève de la faim depuis lundi, avant leur procès prévu demain La ville martyre de Sakiet Sidi Youssef vit depuis plus de dix jours au rythme d'une grève de la faim sans précédent depuis l'indépendance du pays, une grève dont les auteurs ne sont autres que les parents des détenus, emprisonnés depuis mai dernier, pour avoir participé aux mouvements de violence et d'incendie du siège de la délégation de Sakiet qui ont eu lieu au cours du même mois. Les parents ont érigé une tente de fortune et cherchent à médiatiser la cause de leurs enfants et celle de toute la région pour revendiquer non seulement la libération des détenus et le classement pur et simple de l'affaire, mais aussi le droit de la région au développement, dans la mesure où la population vit dans des conditions précaires et dramatiques, avec un seuil de pauvreté alarmant. Mais ce qui a jeté de l'huile sur le feu, c'est l'entrée en grève de la faim, depuis lundi dernier, des détenus eux-mêmes à la prison du Kef. Un mouvement qui vise à montrer à l'opinion publique et au gouvernement l'attachement de toute une région à rompre avec le silence et à prendre son destin en main. La tension est telle qu'aux Sakiétois se sont joints la société civile, des syndicalistes, des organisations de défense des droits de l'Homme, des juristes, des membres de la ligue des libertés et du développement humain et bien des citoyens se disant solidaires de la cause juste que les détenus défendent. Demain, 20 détenus, dont quatre en détention, vont donc comparaître encore une fois devant la chambre de mise en accusation après l'audience du 16 novembre dernier au terme de laquelle le tribunal a décidé le report de l'affaire au 16 janvier prochain avant de se rétracter et de l'ajourner à la date du 30 novembre suite à une requête de la défense. Au-delà du jugement qui va être rendu dans cette affaire les grévistes et tous ceux qui les soutiennent estiment que ce procès n'est pas équitable et que l'arrestation des quatre personnes et la mise en cause des 16 autres dans cette affaire sont des actes illégaux par lesquels le pouvoir cherche à museler la population et à détourner l'attention de l'opinion publique des vrais problèmes que vit tout le gouvernorat du Kef depuis l'aube de l'indépendance et qui sont manifestement derrière l'état piteux dans lequel vit une bonne frange de la population, celle de Sakiet en premier lieu.