BRASILIA (Reuters) — Le Brésil juge qu'il est encore possible de parvenir à une solution négociée sur le programme nucléaire iranien tout en admettant que la poursuite par Téhéran de l'enrichissement de son uranium constitue une source d'inquiétude, a déclaré vendredi le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim. Le Brésil et la Turquie étaient parvenus à sceller un accord avec l'Iran pour que cet enrichissement soit effectué à l'étranger, mais les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU se sont finalement mis d'accord sur un quatrième train de sanctions contre la République islamique. Les Etats-Unis, qui font campagne pour des mesures coercitives contre l'Iran, estiment que cet accord n'est qu'un moyen de gagner du temps. "Il est bien sûr nécessaire d'avoir des assurances, des discussions — de nombreuses choses peuvent encore se produire. Cela est difficile, mais il est possible de trouver une issue", a dit Amorim. "Il faut laisser le temps de travailler." Un membre du Parlement iranien a indiqué que si les nouvelles sanctions contre son pays sont adoptées l'accord conclu avec la médiation du Brésil et de la Turquie sera annulé. Amorim a précisé que plusieurs pays sont ouverts à l'idée de poursuivre les négociations tout en imposant des sanctions contre l'Iran. "De nombreux pays ont dit être prêts à poursuivre dans cette double approche. L'ennui est qu'à un moment, les avis vont diverger et qu'il va falloir choisir dans quelle voie s'engager", a dit Amorim. Motif d'inquiétude Les Occidentaux continuent de penser que le programme nucléaire iranien poursuit des objectifs militaires pour produire des armes atomiques, Téhéran affirmant qu'il ne cherche qu'à améliorer sa capacité de production d'électricité. Amorim a admis que la persistance des autorités iraniennes à poursuivre des activités d'enrichissement de l'uranium constitue un motif valable d'inquiétude pour la communauté mondiale. "Cette question ne figurait pas sur l'agenda des négociations. Personne ne nous a dit “hé, si vous n'arrêtez pas l'enrichissement à 20%, vous pouvez oublier l'accord”", a ajouté Amorim. Le ministre a expliqué que Washington et les Occidentaux avaient incité le Brésil à intervenir pour relancer les discussions sur l'accord d'échange d'uranium présenté en octobre par l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea). "Nous avons été encouragés directement ou indirectement à mettre en œuvre la proposition faite en octobre, sans disposer de marge de manœuvre. Et c'est ce que nous avons fait", a-t-il ajouté. A la question de savoir si la médiation brésilienne aurait encore un intérêt en cas de preuves montrant que l'Iran a simplement cherché à gagner du temps pour acquérir la bombe atomique, Amorim a répondu: "Cela valait-il la peine de bombarder l'Irak et de tuer 200.000, voire un million de personnes ?"