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Revendications : l'arrêt de l'usage des décharges de chevrotine et la démission du gouverneur de Siliana Des constituants de l'opposition rencontrent le ministre de l'Intérieur
Hier vers midi, et alors qu'une petite foule (une centaine) de protestataires, entre autres, contre l'usage d'armes, notamment les décharges de chevrotine, par les forces de l'ordre à Siliana, une quarantaine de membres de l'Assemblée nationale constituante (ANC) élus des partis de l'opposition se sont dirigés vers le ministère de l'Intérieur où ils ont été reçus par le ministre Ali Laârayedh. La réunion a duré plus d'une heure et demie. A leur sortie, ils nous ont exprimé leur mécontentement de ce qui se passe au gouvernorat de Siliana. Ils ont dénoncé l'usage d'armes, notamment les décharges de chevrotine, par les forces de l'ordre et des équipes anti-émeutes face aux manifestants devant le siège du gouvernorat et dans les grandes artères de la ville. Les constituants ont quitté, hier en fin de la matinée, la séance plénière de l'ANC en guise de protestation contre ce qui est survenu à Siliana. «La situation est difficile et l'issue ne semble pas aussi évidente comme certains le pensent à cause de la grave faute commise par le ministère de l'Intérieur avec son recours aux armes pour faire face à la vague croissante de protestation qui prévaut depuis quelques jours à Siliana», a indiqué Fadhel Moussa, élu du Pôle démocratique moderniste (PDM) à l'ANC. Et d'ajouter : «L'usage inadmissible et non fondé des décharges de chevrotine a été qualifié par le ministre de l'Intérieur d'ordinaire et de quasi légitime. Selon lui, il y a eu une gradation dans l'usage de la force et après les gaz lacrymogènes contre les manifestants qui ont recouru aux jets de pierres, les forces de l'ordre se sont servies des décharges de chevrotine qui, d'après lui, sont utilisées dans certains pays et ne causent pas de dommages corporels quand elles sont lancées de loin. D'autre part, le ministre a affirmé qu'on a arrêté l'usage des armes et qu'il y aura une commission d'investigation qui se chargera de délimiter les responsabilités de l'usage excessif de cette méthode et d'engager les poursuites administratives et judiciaires qui découleront de cette enquête». Selon Moussa, le ministre de l'Intérieur a affirmé que le gouverneur de Siliana avait auparavant recommandé d'engager le dialogue alors que l'Union régionale du travail avait refusé. «Le ministre, a encore ajouté Fadhel Moussa, est revenu sur le travail accompli par le gouverneur qui selon lui a effectué un bon travail dans la région avec la réalisation de 70% du programme et du budget alloués au titre de l'année 2012. Aussi, il a indiqué que le taux de chômage dans ledit gouvernorat est à 15%, qui est plus bas que la moyenne nationale» (20%), a enchaîné le député sur un ton mitigé entre mécontentement et amertume à cause de la gravité de la situation à Siliana. Ce qu'il nous a confirmé tout en indiquant son étonnement de la manière avec laquelle les forces de l'ordre ont procédé face aux protestations des citoyens de Siliana. Révocation du gouverneur, la condition pour engager le débat Pour sa part, Mohamed Brahmi, élu du Mouvement du peuple au sein de l'ANC, a souligné l'impératif de révoquer le gouverneur de Siliana comme condition sine qua non pour l'ouverture du débat avec les citoyens de la région. «Le gouverneur de Siliana, a-t-il indiqué, est considéré comme l'une des causes principales de la tension à Siliana». D'après lui, le ministre de l'Intérieur a précisé que cette décision ne relève pas de ses prérogatives et qu'elle revient au Premier ministre. «Aussi, a-t-il poursuivi, M. Laârayedh a précisé, concernant le retrait des forces de l'ordre, qu'il reste tributaire du retour au calme». Il a ajouté : «Nous souhaitons que le dernier discours du chef du gouvernement rassure le peuple et notamment les citoyens de Siliana, mais ça n'a pas été le cas. Personnellement, je ne pense pas que le ministre de l'Intérieur soit responsable de cette situation. Sa responsabilité est plutôt d'ordre technique. Alors que le chef du gouvernement assume la responsabilité politique. D'ailleurs, à l'Assemblée nationale constituante nous avons appelé à auditionner le chef du gouvernement concernant la situation à Siliana et notamment l'usage des décharges de chevrotine». La critique des choix du gouvernement a été plus rude chez le constituant, élu du bloc démocratique à l'ANC. Issam Chebbi a affirmé que la version des faits telle qu'elle a été citée par le ministre de l'Intérieur ne correspond pas tout à fait à celle de citoyens de Siliana. «Nous faisons endosser la responsabilité à M. Laârayedh concernant ce qui se passe à Siliana et nous l'avons prévenu des conséquences de la situation qui pourrait affecter d'autres régions. La sagesse commande de prendre des mesures courageuses à l'instar de l'arrêt de l'usage de la force et de la révocation du gouverneur. Aussi, il faut, après avoir calmé la situation, envoyer une délégation gouvernementale dans la région porteuse de projets et d'espoirs pour cette population démunie et marginalisée. Siliana est une ville en grève générale et le discours politique du gouvernement est dépourvu de logique et il n'est pas synchronisé avec ce qui se passe là-bas depuis 3 jours. Nous sommes contre la violence mais aussi les revendications des citoyens de la région sont tout à fait légitimes», a-t-il enchaîné. Devant le ministère de l'Intérieur une marche de protestation contre l'usage des armes et contre la marginalisation de toute la région n'a cessé que vers 18h00 avec quelques centaines de citoyens et activistes notamment du Front populaire.